Discours de clôture du 20ème congrès du Parti communiste portugais, 4 décembre 2016
24 déc. 2016Discours prononcé à Alamada par Jeronimo de Sousa, secrétaire général du PCP, le 4 décembre 2016, traduction MlJ pour « Solidarité internationale PCF – Vivelepcf ».
Camarades et amis, chers invités,
Au moment de clôturer les travaux de notre 20ème congrès, nous pouvons dire que nous avons rempli avec succès les objectifs que nous nous étions fixés.
Premièrement, par le degré d’implication et de participation des délégués. Ils ont honoré par leur présence et leur participation permanentes le mandat qui leur a été donné. Personne ne les a contraints. C’est un acte libre et responsable d’hommes et de femmes libres qui aspirent à une vie meilleure pour les travailleurs et le peuple portugais, d’hommes et de femmes qui font la différence, dans les formes d’engagement politique, en étant membres de notre parti.
Même au moment de leurs congrès, les partis ne sont pas tous pareils.
Nous saluons aussi les camarades et les invités, toujours présents, qui ont manifesté leur adhésion aux interventions. Des délégués venant de Bragance ou de l’île de Flores (Açores) ont parlé de la vie, des problèmes de leur région, de leur secteur d’activité, de la réalité des entreprises et des lieux de travail.
Nous avons entendu des ouvriers, d’autres travailleurs ; nous avons entendu des paysans, de petits entrepreneurs, des intellectuels, des jeunes, des femmes, des retraités, des personnes handicapées, des spécialistes, des hommes et des femmes de science, qui sont venus parler de politique économique, de santé, d’éducation, de sécurité sociale, d’accès à l’eau, de la valeur du travail, de la culture et de la production nationale.
Ils ont parlé de leur pays et de la souveraineté nationale.
Nous avons exprimé, naturellement et spontanément, nos sentiments internationalistes, notre profonde et sincère solidarité avec les partis, les peuples et les pays victimes des attaques et des menaces de l’impérialisme, Cuba, la Syrie, la Palestine et l’Ukraine pour ne citer que ceux-là.
Nous avons parlé de la lutte et de son développement comme élément stratégique pour mettre un terme aux blocus, aux pressions et pour commencer à construire une politique alternative patriotique et de gauche.
Nous avons parlé de la vie de notre parti, du renforcement politique, social et électoral du PCP comme condition irremplaçable et indispensable à la construction des politiques alternatives pour lesquelles nous combattons, du renforcement de l’organisation du Parti, en particulier en menant une grande campagne d’adhésion.
Nous avons parlé et débattu de la nouvelle phase de la vie politique nationale et le Congrès a apprécié le rôle du Parti, de ses propositions et initiatives.
Et, chers camarades, permettez-moi de reprendre les dernières phrases du discours de clôture du 19ème congrès. Nous affirmions alors : « Dans une situation où ça cogne si dur, où les travailleurs, le peuple portugais et le pays subissent la tempête destructrice et dévastatrice de la politique du gouvernement PSD/CDC-PP, nous affirmons : Rien n’est perdu à jamais ».
« Quand les travailleurs et la population ont intensifié et étendu la lutte, le gouvernement a été ébranlé ; si les cette lutte se développe, le gouvernement sera battu. » Et c’est ce qui s’est passé !
Et pas seulement le gouvernement PSD/CDS-PP mais aussi l’idéologie du fatalisme, du conformisme et de la peur. Une fenêtre d’espoir s’est ouverte, des droits et certains revenus ont été rétablis, conquis.
Camarades et amis, chers invités,
A ce congrès, nous avons discuté de la phase nouvelle de notre vie politique nationale et de la détermination du PCP, avec les travailleurs et le peuple, de tout faire pour continuer à défendre, rétablir et reconquérir des droits.
Ce 20ème congrès a affirmé la nécessité et l’urgence de trouver une réponse à la grande question qui monte : celle de l’alternative capable d’ouvrir la voie pour résoudre les problèmes du pays.
Ce congrès a vu l’affirmation d’un parti, le Parti communiste portugais, qui assume le projet politique nécessaire au pays d’une politique patriotique, de gauche, et qui combat et combattra pour lui ; d’un parti, le Parti communiste portugais, qui s’adresse à tous les démocrates et les patriotes désireux de converger avec nous pour réaliser cette politique indispensable en vue de surmonter les problèmes du pays ; d’un parti, le Parti communiste portugais qui fait appel aux travailleurs et au peuple pour qu’ils prennent en main la défense de leurs intérêts et de leurs droits, qu’ils concrétisent la politique patriotique et de gauche en vue d’un Portugal développé et souverain.
Oui, à ce 20ème congrès, devant vous et devant le pays, le PCP s’affirme comme la force qui porte la politique nécessaire à l’avenir du Portugal, comme la force qui assume l’engagement pris envers les travailleurs et le peuple, tous les démocrates et les patriotes, pour qu’il soit enfin possible de mettre fin à l’exploitation, à l’appauvrissement, au déclin et à la mise sous dépendance, pour que soit assuré un avenir au Portugal.
Cette lutte et cette convergence ne tournent pas dans le vide. Il s’agit d’une lutte et d’une convergence pour une politique concrète offrant des solutions pour le pays.
Alors, ici, nous réaffirmons, synthétiquement, le contenu de cette politique patriotique et de gauche : libérer le Portugal de la soumission, de la dépendance et des contraintes imposées par l’euro, renégocier la dette, rendre au pays ce qui appartient au pays, ses ressources, ses secteurs stratégiques, son droit inaliénable à la croissance, au développement et à la création d’emplois.
Encourager le Portugal à produire, avec une agriculture plus forte, une pêche plus forte, une industrie plus forte ; créer plus de richesses et mieux la distribuer en soutenant les très petites, les petites et les moyennes entreprises, en valorisant le travail et les travailleurs, leurs salaires, leurs droits individuels et collectifs. Pour que le peuple ait le droit aux soins, le droit à l’éducation et l’accès à la culture. Pour que le peuple dispose d’une protection sociale.
Voilà la bonne voie, voilà l’alternative d’avenir. Le Portugal a besoin de ça et non d’un retour au passé, au « Pacte de stabilité et de croissance », ce pacte d’agression, à l’action dévastatrice du gouvernement de coalition PSD/CDS-PP. Voilà la voie d’avenir que notre congrès a tracée.
Nous allons la matérialiser, lier ces objectifs à notre action et nous voulons ici insister sur certaines priorités de nos prochaines interventions :
- La lutte pour l’augmentation des salaires et le salaire minimum national à 600 euros, en janvier prochain ;
- La lutte pour les droits des travailleurs, pour la suppression de dispositions graves du droit du travail, notamment l’abrogation de la caducité des conventions collectives et le rétablissement d’un traitement plus favorable aux travailleurs ;
- Le combat contre la précarité et l’application du principe selon lequel à un emploi permanent doit correspondre un véritable contrat de travail ;
- La défense et l’amélioration des fonctions sociales de l’Etat, notamment du Système national de santé, de l’école publique, des transports publics et de la culture ;
- L’action pour la renégociation de la dette publique ; le développement de la campagne pour la libération de la soumission à l’euro, pour la production, l’emploi et la souveraineté nationale.
Il est incompréhensible que notre pays ne se prépare pas à se libérer de la soumission à l’euro.
Il est inacceptable de laisser l’avenir du pays entre les mains et au bon vouloir de ceux qui ceux qui veulent liquider notre souveraineté, de laisser le pays désarmé contre les nouveaux processus d’asphyxie et de chantage sur le Portugal. Il est inacceptable qu’ils veuillent nous attirer, comme peuple et nation, dans l’impasse de l’appauvrissement, de la dépendance, en négation des droits du Portugal à un développement souverain.
Il est inacceptable que, chaque année, plus de 8 milliards d’euros soient prélevés sur le budget national uniquement pour payer les intérêts de la dette, pour maintenir cette situation de « privilégiés », celle de se retrouver, à la fin de chaque année, avec exactement le même montant de dettes.
Il est incompréhensible que, chaque année, nous assistions aux mêmes menaces et chantage au déficit des finances publiques, alors que le véritable problème du pays est que le Portugal a une des plus lourdes dettes publiques et extérieures du monde.
Il est impensable de prolonger encore des années une dette publique insoutenable, en refusant d’ouvrir des négociations sur ses termes, ses intérêts et son montant, ce que le PCP propose depuis longtemps, et ce qui peut et doit être articulé avec une libération du pays de la soumission à l’euro.
Les élections locales de 2017 constituent une bataille politique importante que le Parti sera appelé à mener. Elles se tiendront à un moment très significatif :
- Le moment d’affirmer et de renforcer la CDU [Coalition démocratique unitaire, coalition électorale conduite par le PCP – NdT] comme un espace de participation unitaire et de réalisation de la convergence démocratique, facteur du renforcement de la base de la lutte pour une alternative politique ;
- Le moment de prouver notre capacité, déjà reconnue, à gérer, à s’engager pour les intérêts des populations et à répondre à leurs problèmes, en affirmant le PCP et la CDU comme une force capable d’assumer toutes les responsabilités que les travailleurs et le peuple voudront leur confier.
- Le moment d’affirmer notre place singulière dans d’exercice du pouvoir, en mettant en avant notre honnêteté et notre compétence reconnues comme une valeur qui pèse et qui pèsera sur le choix de tous ceux qui ne renoncent pas à ces valeurs dans la vie politique nationale ;
- Le moment pour progresser et avancer, pour confirmer des majorités [dans les assemblées locales] et pour conquérir de nouvelles positions et de nouveaux mandats, avec un renforcement électoral et politique, en octobre prochain, qui donnera l’influence nécessaire et indispensable au PCP, force politique nécessaire et indispensable, qui pourra peser, de ce fait, de façon plus décisive, dans la vie politique nationale.
Camarades et amis,
Le congrès a affirmé et réaffirmé notre identité de parti de la classe ouvrière, de tous les travailleurs, indépendamment de l’influence, des intérêts de l’idéologie et de la politique des forces du capital.
Il a confirmé et réaffirmé nos objectifs suprêmes, la construction du socialisme et du communisme, une société délivrée de l’exploitation et de l’oppression capitalistes.
Il a confirmé et réaffirmé notre base théorique, le marxisme-léninisme, la conception matérialiste et dialectique du monde, qui constitue un outil d’analyse, un guide pour l’action et une idéologie critique et transformatrice, ses principes de fonctionnement découlant d’un développement créatif du centralisme démocratique, basé sur une profonde démocratie interne, sur une orientation générale unique et une direction centrale unique.
Il a confirmé et réaffirmé que ce parti ne s’épargnera aucun effort, aucun travail, visant à défendre et conquérir des droits, à améliorer les conditions de vie des travailleurs et du peuple, en ayant toujours à l’horizon, comme le but suprême qui anime et justifie notre raison d’être et de lutter : la société libérée de l’exploitation de l’homme par l’homme.
Au début de ce congrès, nous avions dit que nous allions partir du présent pour penser le futur, un futur incertain devant la crise du capitalisme et la réponse impérialiste, agressive et belliqueuse, devant la crise dans l’Union européenne et celle de l’Union européenne qui continue de renvoyer à plus tard ses problèmes qui enflent. Incertitude aussi au niveau national devant la contradiction que les contraintes et directives extérieures font peser sur avancées sociales nouvelles.
Mais qui d’autre que ce parti, qui n’a jamais eu la vie facile, qui a été aguerri par tant de luttes, qui n’a jamais été découragé par les reculs et les défaites, qui n’a jamais relâché ses efforts après des avancées ou des victoires, qui d’autre que ce parti peut affirmer sa confiance dans les travailleurs, dans notre peuple, sa confiance dans notre patrie souveraine ?
La concrétisation du projet fascinant et de l’objectif pour lequel nous luttons, ce rêve millénaire de l’homme libéré de l’exploitation par un autre homme, de ce projet et de cet idéal qui nous ont amenés vers ce parti, se matérialisera peut-être après notre mort.
Mais c’est notre époque, le temps de faire, d’agir et de lutter pour ce projet et cet idéal. Rendons-les plus proches, rendons-les possibles !
Vive la lutte des travailleurs et du peuple !
Vive la solidarité internationaliste !
Vive la jeunesse et la Jeunesse communiste portugaise !
Vive le 20ème congrès !
Vive le Parti communiste portugais !
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