Elections en république tchèque : triomphe des partis populistes de droite, effondrement du PS du premier ministre sortant, mais aussi du Parti communiste de Bohème-Moravie (KSCM).

ML pour « Solidarité internationale PCF – vivelepcf », 2 novembre 2017

Des élections législatives avaient lieu le dimanche 22 octobre 2017 en République Tchèque. Elles ont été marquées par un triomphe de partis populistes de droite. La participation, en léger progrès, a atteint 60,8%.

Les partis de gouvernement traditionnels sortent décimés. Les socio-démocrates (CSSD) du premier ministre sortant, Bohuslav Sobotka, s’effondrent, passant de 20,5% à 7,3%. Le parti chrétien-démocrate recule de 6,8% à 5,8%.

Le grand gagnant du scrutin est le parti populiste ANO (« OUI »), eurosceptique mais opposé à une sortie de l’UE. Il arrive en tête avec 29,6% des voix (+10% par rapport à 2013). Il a tiré profit de sa participation, en partenaire critique, au gouvernement sortant. Son président, Andrej Babis, au profil « trumpien » - milliardaire qui entend gérer le pays comme une entreprise – est en charge de constituer le prochain gouvernement.

D’autres partis de droite et d’extrême-droite progressent aussi. Le parti ODS, libéral de centre-droit, remporte 11,2% (+3,5%) sur un programme de baisse d’impôts pour les riches et les entreprises. Le nouveau parti d’extrême-droite, ouvertement anti-immigrés, raciste et nationaliste, le SPD, atteint 10,6% pour sa première participation aux élections législatives.

Le parti populiste « Pirates », difficile à classer, mais peut-être à comparer avec le Mouvement 5 Etoiles italien, arrive 3ème avec 10,8% (+8,1%).

En revanche, le parti ultra pro-UE, TOP09 s’effondre de 12,0% à 5,3%, concurrencé par nouveau parti également « libéral-européen », STAN, qui enregistre 5,2%.

Le mécontentement, le vote-sanction contre les politiques antisociales, le rejet populaire de l’UE ont tourné, en République Tchèque, comme en Allemagne ou en Autriche dernièrement, à l’avantage des forces de droite et d’extrême-droite, tout aussi antisociales mais plus démagogiques, populistes, voire racistes.

La situation est d’autant plus préoccupante en République Tchèque qu’il y existe un fort parti communiste, le KSCM, Parti communiste de Bohème-Moravie, disposant d’une assise ouvrière historique. Le KSCM est le seul parti héritier des partis communistes des Pays de l’Est à avoir refusé de changer de nom, de renier son histoire après 1989/1991.

A ces élections, le KSCM chute également, tombant de 14,91% des voix en 2013 à 7,76%, bien qu’ayant été dans l’opposition. Ce recul historique, qui le place au plus bas de son histoire, pose question. Les perspectives politiques de rapprochement avec la social-démocratie, l’acceptation croissante de l’UE (le KSCM est membre observateur du PGE), les tentatives de « transformations » internes n’ont-elles pas participé à banaliser le Parti communiste, à lui faire perdre son efficacité comme force de protestation, de résistance, portant une alternative radicale ?

Poser la question, c’est un peu y répondre.

La direction du KSCM entend-elle pourtant continuer sur la même voie ?  Les premières réactions après l’échec historique semblent montrer que le risque existe. A suivre.

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