La Colombie n'a rien à faire dans l'OTAN - Déclaration du Parti communiste colombien
07 juin 2018Traduction NK pour Solidarité Internationale PCF
La ratification à Bruxelles par le président Santos de l'accord d'association de la Colombie et de ses forces armées avec l'OTAN constitue un acte qui viole la souveraineté et les garanties de l'autodétermination du pays.
L'OTAN, le traité militaire de l'Atlantique Nord, est une organisation militaire dont le commandement est dirigé par les États-Unis. En fait, la défense nationale est subordonnée à un pacte militaire étranger de nature agressive et héritière de la vocation colonialiste des pays hautement développés de la sphère atlantique.
L'accord d'association implique l'utilisation et la dépendance des forces militaires colombiennes vis-à-vis du Commandement Sud des États-Unis, ce qui amplifie le déploiement déjà existant de la quatrième flotte et viole les accords latino-américains de l'UNASUR et de la CELAC en ce qui concerne la conception de l'Amérique latine comme continent dénucléarisé et libre de l'intervention de pactes militaires extracontinentaux.
De ce point de vue, la décision du gouvernement Santos constitue un défi provocateur pour l'Amérique latine, car aucun autre pays du continent n'a adopté cette attitude. Il reproduit la vieille tendance à l'isolement de la Colombie contre les pays frères du continent et à son repli dans les projets militaristes de grande puissance promus par les États-Unis. Dans le passé, le gouvernement colombien a été le seul à soutenir l'agression de l'Angleterre contre l'Argentine au moment du conflit des Malouines et était décrit comme le Caïn de l'Amérique. Sur les îles d'Aruba et de Curaçao, l'OTAN maintient deux bases militaires et aériennes actives au large de la côte vénézuélienne, non loin de la côte de Guajira, en Colombie.
La consolidation de la paix en Colombie et sa mise en œuvre exigent des éclaircissements sur le sort, l'avenir et la doctrine de ses forces militaires nationales. Le Parti communiste colombien propose la démocratisation de la doctrine militaire de la défense nationale. Non seulement dans son élaboration du point de vue des intérêts nationaux, mais aussi de l'alliance pacifique nécessaire avec les pays frères d'Amérique latine. Les hypothèses de conflit doivent surpasser la tutelle américaine qui essaie de confronter la Colombie militairement avec le Venezuela, le Nicaragua et Cuba ainsi que l'orientation par le Pentagone des missions et des tâches des soldats colombiens. La démocratisation de la doctrine militaire et son approche de la défense nationale exigent de rompre avec la logique anti-insurrectionnelle et en particulier avec la doctrine de l'ennemi interne pour lutter contre l'extrême militarisation de la vie nationale.
L'arrêt de la lutte armée, le maintien de la voie du dialogue, le respect de ce qui a été convenu sans modification et la pleine mise en œuvre par l'État de ses engagements sont des éléments d'une politique nationale de paix qui doit être amplifiée et portée à ses conséquences finales. Elle implique fondamentalement des changements dans la doctrine mais aussi dans la taille et le coût des forces militaires surdimensionnées, dont le destin ne peut être de devenir des troupes mercenaires au service des puissances étrangères.
Le pacte d'association avec l'OTAN porte atteinte à la dignité et à la souveraineté nationale et constitue un affront aux soldats colombiens dont la mission devrait être de défendre la souveraineté et les frontières. L'intérêt du pays appelle à l'abrogation de cette mesure et à l'ouverture d'un débat de haut niveau avec la participation de tous les secteurs sociaux, politiques, académiques et culturels, qui devrait également apporter des idées et des propositions sur une approche patriotique, moderne et démocratique du rôle de l'armée dans la défense et sur le sens du monopole de l'usage de la force dans un moment de post-accord et de transition.
Parti communiste colombien
Jaime Caycedo Turriago
Secrétaire général
Bogotá, le 1er juin 2018
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