Nous publions ci-dessous la traduction d'un article du journal communiste irlandais Socialist Voice qui résume la position et les revendications du Parti communiste du Venezuela concernant la politique gouvernementale vénézuélienne menée par Nicolás Maduro.

Traduction NK pour Solidarité Internationale PCF

Fin octobre, le Parti communiste du Venezuela (PCV) a appelé à une rencontre "urgente" avec le président Nicolás Maduro pour discuter d'une série de lacunes gouvernementales dans le domaine des droits des travailleurs et des paysans.

La rencontre proposée, selon le secrétaire général du PCV, Óscar Figuera, devrait se tenir "sans gants" et dans le cadre de l'accord électoral entre le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) au pouvoir et le PCV.

Les communistes accusent le gouvernement de ne respecter aucun des points de l'accord de Février. Le gouvernement n'a pas encore répondu à l'appel de ses alliés, malgré la poursuite des négociations visant à établir une liste unifiée de candidats du PSUV-PCV pour les prochaines élections locales.

S'adressant à la presse le mois dernier, Figuera a attiré l'attention de Maduro sur "l'inaction" et "l'absence de réponse" des pouvoirs publics aux revendications des paysans organisés et en particulier à celles de la Marche Admirable. Leurs revendications comprennent la remise des titres de propriété à la terre, la fin de la violence des propriétaires terriens soutenue par l'État et l'armée, y compris souvent par des paramilitaires ou des voyous, et une plus grande efficacité et moins de corruption dans les programmes gouvernementaux visant à aider les paysans à accroître la production nationale.

Après une première réception réussie par le président Maduro, les groupes de travail conjoints mis en place par le gouvernement et les paysans de la Marche se sont ensuite enlisés, forçant ces derniers à déclencher une grève de la faim de courte durée pour forcer le gouvernement à aborder ces questions.

Depuis que Maduro a rencontré les paysans, promettant de mettre fin aux attaques soutenues par les propriétaires, un certain nombre d'assassinats et d'attaques ont eu lieu, notamment dans les provinces de Barinas et Zulia (au Sur de Lago). "Les leaders paysans ont reçu des menaces et des persécutions [de la part des propriétaires], et les autorités compétentes, telles que la police, la Garde nationale et d'autres, n'agissent pas", a déclaré Figuera. Il a qualifié ces autorités de "complices" et de "permissives" dans les "politiques agressives" menées par les classes de propriétaires terriens.

Il a réaffirmé que les paysans "trouveront toujours les communistes à leurs côtés".

Le PCV a également fait appel au procureur général, Tarek William Saab - qui examine actuellement une série d'enquêtes menées par son prédécesseur, Luisa Ortega Díaz, aujourd'hui en fuite - pour "jeter un coup d'œil sur ceux qui doivent mener l'enquête à Barinas", où des propriétaires terriens locaux ont récemment assassiné les leaders paysans Reyes Orlando Parra, Pedro Vielma, et José del Real Aguilar.

Le mois dernier, les autorités policières ont formellement inculpé les personnes appréhendées pour ces meurtres, qui attendent maintenant d'être jugées. Les attaques se sont toutefois poursuivies au Sur de Lago, où des paysans ont déploré la blessure d'un leader paysan, qui aurait été infligée par les anciens propriétaires d'un lopin de terre contesté.

Figuera a également dénoncé le fait que Robinson García, leader paysan du PCV à Barinas, a été victime d'une tentative d'assassinat la semaine dernière lorsque des motards engagés par des propriétaires ont tiré quinze balles en direction de son camion. García est fortement impliqué dans la défense des revendications des paysans de la région.

Un autre des principaux points que le parti communiste souhaite aborder est ce qu'il considère comme des ajustements "insuffisants" dans les échelles salariales des fonctionnaires suite à l'entrée en vigueur des réformes macro-économiques en août.

Les travailleurs du secteur public de nombreuses industries ont organisé une série de manifestations pour exiger de nouvelles conventions collectives et un ajustement des systèmes de primes à la suite de la reconversion de la monnaie nationale. Dans plusieurs entreprises, de nouvelles conventions collectives ont été conclues entre le Ministère du Travail et la Fédération Syndicale Bolivarienne pro-gouvernementale, qui, selon le PCV, a perdu contact avec les revendications des travailleurs. "Il y a eu des réunions, le sujet est en cours d'élaboration, mais les résultats sont "inacceptables", a-t-il dit, citant les travailleurs du pétrole et des transports, entre autres.

Il a également exhorté le gouvernement national, auquel le PCV ne participe pas, à "écouter le peuple" et à promouvoir le "rôle moteur" de la classe ouvrière organisée, affirmant que le PCV possède des informations montrant que les nouvelles échelles salariales ne correspondent pas aux propositions et revendications des travailleurs à l'échelle locale.

La demande de Figuera a été illustrée cette semaine après que des travailleurs aient repris l'usine abandonnée de Smurfit Kappa Cartones de Venezuela à Valencia, dans l'état de Carabobo. Le gouvernement a répondu à la demande des travailleurs qui lui réclamaient la propriété légale de l'usine, laissée à l'abandon lorsque les propriétaires de l'entreprise ont quitté le pays sans avoir suivi les procédures nécessaires pour cesser la production, dans ce qui est considéré comme une fermeture illégale en vertu des lois du pays.

Suite à cette pétition, le ministre du Travail, Eduardo Piñate, a visité les bureaux de l'entreprise à Valence, officialisant la prise de contrôle, conformément à l'article 149 du Code du Travail.

Le mois dernier, lors d'une réunion avec le congrès des travailleurs, Maduro avait dénoncé le sabotage par le secteur privé et exhorté les travailleurs à reprendre les entreprises abandonnées par leurs propriétaires. "Désormais, ce sera un objectif pour la classe ouvrière de retrouver la productivité de cette entreprise", a déclaré Piñate en signant les papiers du transfert. Il a également félicité les travailleurs pour leur ferme soutien au processus bolivarien.

"Nous, les usines de carton ondulé de Valencia, produisons 80 % des emballages nationaux", a déclaré un ouvrier, "et nous pouvons dire que 80 % des usines sont aujourd'hui opérationnelles grâce à l'appui des travailleurs". Ils envisagent également de produire des emballages pour l'industrie pharmaceutique et alimentaire, a-t-il dit. "Le lieu de travail de Smurfit Kappa Cartones de Venezuela SA est réactivé après sa fermeture illégale par les patrons, afin de protéger les emplois de centaines d'ouvriers ainsi que leurs familles."

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