Traduction NK pour Solidarité Internationale PCF

L'avenir appartient au socialisme
Déclaration à l'occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Lénine


Par Gyula Thürmer, président du Parti des travailleurs hongrois :

Il y a 150 ans, le 22 avril 1870, naissait Vladimir Ilitch Lénine. Nous honorons la mémoire de cette personnalité exceptionnelle du mouvement ouvrier russe et international, fondateur du mouvement communiste russe, leader de la révolution de 1917, premier ministre de la Russie soviétique. L'homme qui a changé le XXe siècle.

Lénine est l'ennemi du capitalisme

Pendant les décennies de socialisme, tout le monde pouvait lire les œuvres de Lénine, son héritage était enseigné dans les écoles. Il y avait des monuments de Lénine dans presque toutes les villes, de nombreuses rues portaient son nom. Des générations ont grandi avec ses idées.

Lors de la transition du socialisme au capitalisme en 1989-90, les statues ont été enlevées, les rues ont été renommées. Au cours des 30 dernières années, pas un seul livre de Lénine n'a été publié, les anciennes éditions ne se trouvent même plus dans les librairies d'occasion.

Dans les pays les plus civilisés du monde capitaliste, Marx est respecté ou du moins toléré en tant que philosophe, économiste qui a découvert le mécanisme du capitalisme. Dans notre région, dans les anciens pays socialistes, Marx est également sur la liste noire.

Mais Lénine est particulièrement détesté par tous les capitalistes. Ce n'est pas un hasard ! Lénine a été le premier à réaliser le rêve centenaire des travailleurs, il a vaincu le capital, renversé la loi de l'argent. Il a réalisé les idées de Marx et d'Engels, il a créé un socialisme qui fonctionne.

Lénine est également inacceptable pour la social-démocratie. Lénine a lutté contre le capital, alors que les sociaux-démocrates - des mencheviks aux socialistes d'aujourd'hui - ne se sont pas seulement accommodés du capital mais sont devenus les exécutifs du capitalisme. Lénine a prôné le socialisme, le pouvoir des travailleurs, tandis que les sociaux-démocrates croient en la forme la plus pure du capitalisme. La seule différence entre eux et les autres forces capitalistes, c'est qu'ils cachent leurs intentions derrière des slogans retentissants - tels que le "socialisme démocratique" ou l'"Europe sociale", aujourd'hui à la mode.

Le but du monde capitaliste est de salir Lénine, d'effacer son héritage, d'effacer ses enseignements. Lénine a donné une arme intellectuelle aux masses ouvrières, il leur a enseigné comment organiser un parti, comment mener la révolution à la victoire et diriger l'État des ouvriers et des paysans. Ces enseignements menacent la vie même du capital, c'est pourquoi il les persécute et tente de les déraciner.

Lénine et nous

Il y a trente ans, en Hongrie, c'est le Parti des travailleurs qui a repris l'héritage intellectuel de Lénine. Ce ne fut pas une décision facile, tant du point de vue national qu'international.

Nous avons dû faire face à nos propres prédécesseurs et repenser plusieurs doctrines de l'époque socialiste. Pendant les décennies de socialisme, les partis au pouvoir ont construit des monuments à la gloire de Lénine, ils ont fait de lui une personnalité légendaire, voire mystique du mouvement, mais en même temps ils s'éloignaient de plus en plus des idées de Lénine.

La persécution des idées de Lénine avait déjà commencé avant la période du changement de régime. Dès 1956, le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), lors de son célèbre 20e Congrès, a pris des décisions qui s'écartaient de l'interprétation de Lénine sur des questions fondamentales. Les vues du PCUS ont malheureusement été adoptées par le Parti socialiste des travailleurs hongrois (HSWP) également.

Depuis lors, il a été prouvé plus d'une fois que les vues de Lénine étaient les bonnes. Il n'est pas possible de créer le socialisme par le parlementarisme, car les capitalistes ne le permettraient jamais.

Une coopération stratégique avec les sociaux-démocrates n'est pas possible, car il est désormais prouvé qu'ils sont sans équivoque du côté du capital, bien qu'ils tentent continuellement de tromper les masses laborieuses.

La coexistence pacifique ne signifie pas que nous devons capituler devant le capital, sur la base de projets tels que "les valeurs communes de l'humanité", "la sécurité et la coopération européennes" ou "la maison européenne". La coexistence pacifique ne peut pas remplacer l'objectif de la révolution mondiale, la victoire du socialisme dans le monde entier.

Les partis des anciens pays socialistes, dont le HSWP, n'ont jamais rompu formellement avec Lénine, ils ont fait accepter leur politique en son nom et en utilisant ses citations. Dans le même temps, ils considéraient comme dogmatique l'adhésion conséquente aux idées de Lénine. Dans la vie intellectuelle de ces partis et même dans leurs décisions politiques, le rôle des forces petites-bourgeoises opportunistes, celles qui s'efforcent d'une manière ou d'une autre de trouver un accord avec le capital, s'était accru.

Au cours des dernières décennies du socialisme, Lénine est devenu un fardeau aux yeux de ceux pour qui le socialisme ne suffisait pas et qui commençaient déjà à flirter avec le capitalisme. Ils pensaient qu'en abandonnant les idées de Lénine, ils pouvaient obtenir leur ticket d'entrée dans le capitalisme. Les monuments, les peintures, rien n'avait changé visuellement, mais le vrai contenu, l'essence avaient disparu. L'État socialiste a progressivement abandonné la lutte contre le capital, et un pouvoir qui avait abandonné ses idéaux était facile à renverser.

Les partis communistes qui renaissent dans les anciens pays socialistes n'ont pas la tâche facile. Ce n'est pas au Lénine fantasmé et mystifié auquel nous devons nous référer, mais au révolutionnaire, au penseur, au pionnier. Nous ne pouvons pas renier la voie socialiste, nous devons même la protéger contre les attaques anticommunistes des capitalistes. Mais nous devons être capables d'élaborer le programme d'un nouveau socialisme. C'est aussi notre devoir, la mission du parti des travailleurs hongrois.

Plusieurs partis du mouvement ouvrier international, en particulier les partis "eurocommunistes" d'Europe occidentale, se sont éloignés de Lénine et des idées de 1917 dès la deuxième partie de la dernière décennie. Ils ont supprimé de leurs programmes tout ce que Lénine disait sur les tâches des partis ouvriers, le pouvoir des travailleurs et même sur la lutte des classes contre le capital. L'effondrement du socialisme en Europe de l'Est a intensifié le chaos intellectuel et de nombreux partis ont vu l'opportunité d'y échapper en reniant Lénine.

Au cours des dernières décennies, les anciens partis "eurocommunistes" ont formé avec le soutien du capital leur organisation conforme à l'UE, la Gauche européenne. Leur objectif est clair : avec leurs slogans pseudo-gauchistes, ils veulent gagner la confiance de ceux qui ne croient plus ni aux conservateurs, ni aux libéraux, ni aux sociaux-démocrates. Ils veulent éloigner ces électeurs des partis communistes qui quant à eux luttent de manière conséquente contre le capital et travaillent ainsi à développer la perspective d'une révolution socialiste en Europe.

D'autres partis s'accrochent à Lénine, mais ils ont oublié le plus important. Le marxisme est une doctrine vivante qui se développe au cours de l'histoire. Nous ne deviendrons pas plus forts en transformant les thèses de Lénine en dogmes. La compréhension dogmatique du marxisme a contribué à l'isolement de ces partis dans de nombreux pays.

Heureusement, de nombreux partis du mouvement ouvrier ne se sont pas contentés de s'accrocher aux idées marxistes-léninistes, mais ont compris que l'ensemble des idées de Lénine représente une boussole entre nos mains, mais que nous devons trouver et emprunter nous-mêmes de nouvelles voies. Nous devons rester fidèles aux principes de base du marxisme-léninisme, mais nous devons aussi être intellectuellement ouverts à tout ce qui est nouveau.

Défendre les idées de Lénine n'a pas été facile en Hongrie non plus. Sous le socialisme, nous n'avons appris qu'une version simplifiée de beaucoup de choses. Et lorsque nous devions mettre en œuvre les idées de Lénine de manière créative dans une nouvelle situation, nous nous sommes souvent heurtés à des obstacles, voire à des échecs.

Mais au fil du temps, beaucoup ont oublié ce qu'on leur avait enseigné. Le parti ouvrier hongrois a beaucoup fait pour transmettre de nouvelles connaissances à ses militants, pour les encourager à apprendre, mais sans argent et sans motivation suffisante, c'est une tâche très difficile qui ne donne guère de résultats.

Les générations actuelles subissent un lavage de cerveau de la part des écoles et des médias capitalistes, qui réécrivent et falsifient l'histoire. Heureusement, malgré cela, il y a des jeunes qui s'intéressent aux idées du socialisme et du parti des travailleurs hongrois. Leurs sympathies pour le socialisme ont surtout une base émotionnelle. Nous devons faire évoluer ces sentiments vers un engagement idéologique. Entre autres en les éduquant intelligemment sur les idées de Lénine.

Il y a trente ans, le parti ouvrier hongrois a décidé de repenser l'histoire centenaire du mouvement ouvrier hongrois et international dans l'esprit du marxisme-léninisme. Nous essayons de le débarrasser des calques inutiles, de le libérer de la mystification. Nous avons décidé de tirer les leçons des expériences de notre passé.

Nous avons décidé d'être plus ouverts à de nouvelles pensées, tout comme Lénine, qui était également ouvert à ces pensées en son temps. Nous nous appuierons sur la réalité plutôt que sur des illusions, comme Lénine l'a fait.

Nous avons également décidé de protéger les idées marxistes-léninistes dans le mouvement ouvrier international. Nous n'abandonnons pas la lutte contre le capital. Nous croyons en la puissance de la coopération internationale des masses ouvrières. Nous croyons et savons que l'avenir doit être le socialisme.

Sommes-nous marxistes ?

L'œuvre de Lénine est grandiose, elle s'étend de la lutte contre le capitalisme, de la prise du pouvoir par le prolétariat à l'organisation de l'État socialiste. Ne laissons pas les livres de Lénine prendre la poussière sur les étagères des sièges du parti ! Lisons, apprenons, comprenons et appliquons Lénine !

Nous devons mettre en évidence les éléments les plus importants du riche héritage de Lénine avec lequel nous pouvons encore construire aujourd'hui. Pour commencer, définissons-nous ! Si nous ne savons pas qui nous sommes, nous ne saurons pas dans quelle direction aller.

Lénine a fait son entrée sur la scène politique à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. À une époque où des changements importants se sont produits dans le monde. Le capitalisme du 19ème siècle, dans lequel Marx avait vécu, faisait déjà partie du passé. Le monde était désormais dirigé par les monopoles, nous étions entrés dans l'ère de l'impérialisme.

Lénine a dû faire face à la question suivante : le marxisme, produit de la pensée européenne occidentale du 19ème siècle, peut-il être transposé au 20ème siècle ? Peut-il être mis en œuvre dans la Russie sous-développée et en général dans la région de l'Europe de l'Est ?

La réponse de Lénine a été la suivante : oui, le marxisme peut être appliqué, car ses principes fondamentaux sont valables indépendamment du temps et de l'espace. La réussite historique de Lénine est d'avoir protégé le marxisme et prouvé sa validité au 20ème siècle.

Les marxistes sont ceux qui pensent que l'origine du monde est matérielle. Comme le monde n'est pas déterminé par des dieux ni par d'autres facteurs externes, il peut être transformé.

Les marxistes sont ceux qui reconnaissent que dans le capitalisme, l'ouvrier produit de la plus-value et que le capitaliste l'exproprie, c'est-à-dire que le capitaliste s'enrichit de ce qu'il prélève sur l'ouvrier.

Les marxistes sont ceux qui reconnaissent l'existence des classes sociales et la lutte entre elles, qui reconnaissent que la classe ouvrière ne peut réaliser ses intérêts fondamentaux qu'en défaisant les capitalistes et en créant le socialisme.

Aujourd'hui, nous sommes également confrontés à une question très similaire. Pouvons-nous être marxistes au 21ème siècle, à l'ère des technologies de l'information et des sociétés transnationales ? Nous devons répondre à cette question.

Notre réponse est : oui ! L'ère de l'information a transformé le monde, mais n'a pas changé l'essence même du capitalisme. Comme l'essence du capitalisme n'a pas changé, l'essence du mouvement ouvrier ne doit pas changer non plus - il doit continuer à lutter contre le capitalisme et le pouvoir de l'argent. Lénine a défendu le marxisme au 20ème siècle. Au 21ème siècle, cela doit être notre grand et commun devoir.

Le marxisme change-t-il ?

Lénine soulève également une autre question, à savoir si le marxisme peut évoluer en fonction de l'époque. La réponse de Lénine est oui ! Le marxisme n'est pas un dogme, ni un ensemble de règles éternelles, mais une nouvelle façon de penser. De nouvelles questions nécessitent de nouvelles réponses, mais en accord avec les fondements du marxisme. Lénine est celui qui fait évoluer l'enseignement de Marx sur un certain nombre de questions. Ainsi, il se rend compte qu'au 20ème siècle, le capitalisme dépasse les cadres nationaux, les monopoles prennent la place des entreprises traditionnelles, un nouveau stade du capitalisme, l'impérialisme est établi. Il souligne que dans cette situation, les différences entre le développement de certains pays capitalistes peuvent être importantes. Comme le capitalisme se développe de manière disproportionnée, les conditions de la révolution socialiste peuvent apparaître plus rapidement dans certains pays que dans d'autres.

Marx et Engels pensaient que le socialisme triompherait dans les pays développés et en même temps. Lénine estime que le socialisme triomphera là où le capitalisme sera le plus faible. Nous ne sommes pas obligés et ne devrions pas attendre que la situation se développe dans d'autres pays. Là où les conditions des révolutions socialistes sont données, la révolution doit être accomplie.

La thèse de Lénine, selon laquelle la chaîne du capitalisme se brisera à son maillon le plus faible, signifiait un tournant fondamental. Cela a permis au mouvement ouvrier russe de choisir sa propre direction, de mener une révolution socialiste et de construire le socialisme dans un seul pays.

Dans quelle direction se développe le capitalisme d'aujourd'hui ? À quel moment, dans quel pays la crise du capitalisme, dont nous avons toutes les raisons de parler, peut-elle se transformer en une situation révolutionnaire ? Telles sont les questions d'aujourd'hui auxquelles nous devons trouver une réponse.

Le mouvement ouvrier est plus organisé dans les pays occidentaux développés que dans la partie orientale de l'Europe. L'inconvénient du mouvement ouvrier occidental est que, d'une part, il n'a aucune expérience vécue du socialisme, aucun repère. D'autre part, dans ces pays, le capital a bien plus d'expérience dans la manipulation des travailleurs et plus d'argent pour empêcher une révolution socialiste, en offrant notamment un niveau de vie plus élevé.

Ces dernières années, un nouvel outil est apparu dans son arsenal. Ils utilisent l'immigration pour diviser la classe ouvrière des principaux pays capitalistes, pour miner sa lutte anticapitaliste.

La partie orientale de l'Europe est plus pauvre que l'Ouest et cela restera ainsi pendant un certain temps. Le capital occidental exploite la région. Les pays de la région sont pour la plupart membres de l'OTAN et de l'UE. Une révolution socialiste est-elle même possible dans ces conditions ?

La lutte des classes contre le capital est encore faible dans les pays d'Europe centrale et orientale. Mais la situation est en train de changer. Aujourd'hui, l'ordre capitaliste n'est menacé nulle part dans la région, mais le système peut changer radicalement si une guerre éclate, si l'UE s'effondre ou si une autre vague d'immigration se déclenche.

Les peuples de la région ont vécu sous le socialisme, ils savent comment c'était. De plus en plus de gens se rendent compte que le capitalisme a changé leur vie, mais qu'il a aussi détruit beaucoup de choses : la sécurité, la prévoyance et la solidarité sociale. De plus, le capitalisme, et cela n'est pas seulement vrai dans les anciens pays socialistes, détruit les valeurs humaines communes.

Ce n'est pas un hasard si c'est dans ces pays que les forces capitalistes font les plus gros efforts pour manipuler les masses. Elles protègent la stabilité des économies par les méthodes du capitalisme d'État et empêchent la crise capitaliste de générer des conflits sociaux incontrôlables. Tout cela est combiné aux outils idéologiques du nationalisme, de la religion et de l'anticommunisme.

C'est aussi là que l'attaque du libéralisme est la plus forte. Ils promettent des "valeurs européennes", le "salaire minimum européen", et en utilisant l'argument de la menace fasciste, ils essaient d'inciter à la peur, de détourner l'attention des masses ouvrières de la lutte contre le capital.

Nous ne savons pas quand le capitalisme vacillera dans notre région. Mais nous savons qu'il peut vaciller. Nous savons que nous devons nous préparer, ainsi que notre parti et les travailleurs, à la possibilité d'un changement.

La route vers le pouvoir

La révolution socialiste n'est à l'ordre du jour nulle part aujourd'hui. Mais la situation peut rapidement changer. Que faut-il faire d'ici là, comment peut-on lutter sous les conditions de la démocratie bourgeoise ?

Les systèmes électoraux actuels donnent l'impression qu'il existe une compétition démocratique entre les partis et que le vainqueur est celui qui a le plus convaincu le peuple. Lénine dit autre chose : "La démocratie dite moderne ... n'est rien d'autre que la liberté de prêcher tout ce qui est à l'avantage de la bourgeoisie".

Le but des institutions de la démocratie bourgeoise, du système électoral et des médias n'est pas d'aider les opposants au capital à accéder au pouvoir. Leur but est d'empêcher les forces anticapitalistes d'atteindre le pouvoir et, en même temps, de maintenir la concurrence des forces pro-capitalistes dans un cadre qui assure la stabilité du système capitaliste.

Cela signifie que la lutte contre le capital ne peut se concentrer uniquement sur la lutte électorale, même si elle connaît des succès. Le Parti des travailleurs hongrois n'a jamais été un parti parlementaire, mais nous avions des représentants dans de nombreux conseils de comté, de ville et de district dans les années 1990. Nous avons perdu ces postes. Non seulement parce que le capitalisme hongrois s'est stabilisé et que la structure de la société hongroise a changé. Mais aussi parce que nous n'avions aucune expérience de la démocratie bourgeoise. Beaucoup de nos députés ne représentaient pas les théories politiques du Parti des travailleurs, les sentiments et les intérêts des travailleurs qui les avaient élus, mais ils ont rejoint les combats des partis bourgeois. Dans de nombreux endroits, ils ont pris à tort le parti du Parti socialiste hongrois (MSZP). Et en même temps, ils ont oublié la lutte dans les rues, la lutte idéologique et la lutte pour la jeunesse.

Nous connaissions l'avertissement de Lénine : "Limiter la lutte de classe à la lutte parlementaire... c'est en fait déserter au côté de la bourgeoisie contre le prolétariat". Nous le savions mais nous ne l'avons pas pris au sérieux ou nous n'avons pas pu le mettre en œuvre.

La démocratie bourgeoise signifie la dictature, la domination de la classe capitaliste sur les masses ouvrières. Cette dictature règne en Hongrie depuis trente ans. Ce n'est pas l'un ou l'autre des gouvernements capitalistes qui nous a enlevé la liberté de la presse, c'est le capitalisme. Ce n'est pas l'un ou l'autre groupe qui nous empêche d'entrer au Parlement, parce qu'aucun d'entre eux n'est intéressé par notre entrée.

Quand aujourd'hui les forces libérales protestent contre la "dictature", elles ne se battent pas pour que les travailleurs s'approprient le pouvoir. Elles veulent obtenir plus d'influence et plus d'argent des autres groupes de la classe capitaliste. Remplacer un gouvernement capitaliste par un autre n'apporte pas la démocratie aux masses ouvrières, mais place l'un ou l'autre des groupes capitalistes au pouvoir.

Les médias sont un outil important, mais les masses doivent prendre conscience de la nécessité du changement. Le chemin passe des luttes sur le lieu de travail aux partis communistes en passant par les syndicats. En Hongrie, où seulement 9 à 10 % des employés sont syndiqués, où il n'y a pas de grèves et de manifestations importantes, il y a beaucoup à faire.

Conformément aux enseignements de Lénine, le Parti des travailleurs assiste aux élections. Le parti n'entre pas au Parlement, mais le peuple apprend à connaître sa politique. Comme l'écrit Lénine : "Le parti du prolétariat révolutionnaire doit participer aux parlements bourgeois afin d'éclairer les masses ; cela peut se faire lors des élections et dans la lutte entre les partis au parlement". C'est ce que nous faisons.

La lutte parlementaire, l'entrée au Parlement n'est pas un but, mais seulement un outil pour nous. Un des outils dans notre lutte contre le capital. Nous nous présentons aux élections, nous avons des représentants dans certains conseils locaux, mais en même temps nous sommes présents dans la lutte dans les rues avec nos stands. Nous sommes engagés dans la bataille idéologique avec l'hebdomadaire de notre parti (A Szabadság) et nos outils en ligne. Nous devons construire le parti en sachant que la situation peut rapidement changer et que quelque chose qui n'est pour l'instant qu'un programme lointain peut se transformer en notre devoir de militant.

Nous avons aussi une expérience dans ce domaine, pour ainsi dire. En 1990, les chauffeurs de taxi ont bloqué Budapest à cause de l'augmentation du prix de l'essence. Le jeune capitalisme hongrois a renoncé, mais n'a pas échoué. En partie parce que nous n'avons pas pu nous joindre à ce mouvement de masse non plus. Nous n'avions pas l'expérience nécessaire. Pour soutenir des actions sociales, nous devons les connaître de l'intérieur. Et ce qui n'est pas moins important : nous devons faire la distinction entre le véritable mécontentement social et les actions provoquées par les partis bourgeois. Nous devons soutenir les premières et démystifier les secondes.

Qu'est-ce que le socialisme ?

La tentation est toujours grande de dresser un tableau détaillé du socialisme idéal pour nous. Nous devons aussi apprendre de Lénine dans ce domaine. Il y a un moment opportun où nous pouvons et devons faire des choses. Bien sûr, Lénine a rédigé ce que signifie le socialisme bien avant 1917, en quoi il est différent du capitalisme et comment le capitalisme peut être renversé.

Son ouvrage, L'État et la révolution - qui explique les devoirs de l'État socialiste - n'a été écrit qu'à l'été 1917, peu avant la victoire de la révolution d'octobre. C'était alors le bon moment, où il se révélait nécessaire et où il a pu analyser les tâches réelles. Nous savons beaucoup de choses sur le socialisme que Lénine a écrites après la révolution et non avant, en analysant et en généralisant les expériences du parti et des masses laborieuses.

Nous avons maintenant de nombreuses expériences du socialisme. Nous savons déjà comment le système socialiste a été établi après 1945, comment il a fonctionné et comment il a été renversé. Parmi les nombreuses expériences, les plus connues sont celles de l'Union soviétique. Les expériences des autres pays socialistes retiennent moins l'attention - même s'il y a eu la Yougoslavie, la RDA, la République populaire hongroise, elles étaient similaires à bien des égards, mais pas identiques.

Lénine n'a jamais dit que le socialisme devait être le même partout. Il n'a rédigé que les caractéristiques fondamentales du socialisme. C'est notre devoir aujourd'hui aussi, complété par les expériences que Lénine n'a pas pu avoir.

Le pouvoir doit être entre les mains de la classe ouvrière, des classes laborieuses. Là où ce n'est pas le cas, il n'y a pas de socialisme. Le capital, pour maintenir son pouvoir, peut se limiter et donner de nombreux avantages sociaux aux masses. La Suède avait un meilleur système social que beaucoup d'anciens pays socialistes, mais ce n'était pas le socialisme. Dans la Hongrie d'aujourd'hui, les libéraux attaquent le gouvernement conservateur en prétendant qu'il mène le pays vers le "socialisme" en fournissant des prestations sociales. Mais ce n'est pas le cas!

L'explication de Lénine est claire : "le prolétariat ne peut pas renverser la bourgeoisie sans d'abord gagner le pouvoir politique, sans atteindre la suprématie politique, sans transformer l'État en "prolétariat organisé en classe dirigeante". Après la victoire de la révolution socialiste, la classe ouvrière exerce son pouvoir par l'intermédiaire de l'État ouvrier-paysan, la dictature du prolétariat. Lénine la considère comme fondamentale. Il souligne que quiconque n'étend pas la reconnaissance de la lutte des classes à la reconnaissance de la dictature du prolétariat, n'est tout simplement pas marxiste.

La propriété doit être entre les mains de la société. C'est à ce moment-là que nous pouvons parler de socialisme. Cela vient du fait que nous sommes marxistes. En tant que marxistes, nous croyons à ce que Marx et Engels ont dit : "Les communistes appuient en tous pays tout mouvement révolutionnaire contre l'ordre social et politique existant. Dans tous ces mouvements, ils mettent en avant la question de la propriété à quelque degré d'évolution qu'elle ait pu arriver, comme la question fondamentale du mouvement."

Lénine croit que le socialisme ne peut finalement vaincre le capitalisme que lorsque son travail peut assurer une plus grande productivité. Lénine dit : "Nous obtiendrons la victoire du travail communiste". C'est l'un des points les plus importants que nous oublions souvent.

Le socialisme peut atteindre des résultats dans la distribution relativement facilement. Au début de la révolution socialiste, il suffit d'enlever aux capitalistes et de donner au peuple. Mais après cela, les usines qui sont la propriété de la société, devraient atteindre une plus grande productivité. L'organisation plus efficace du travail est une tâche historique qui n'a pas réussi partout.

La "nouvelle politique économique" (NEP) était un élément important des enseignements de Lénine. Selon Lénine, la NEP signifiait que le parti communiste - en tant que propriétaire du pouvoir d'État et tout en conservant le droit de décider des principaux enjeux de l'économie - permettait le fonctionnement et la prospérité d'une partie de la propriété privée capitaliste et la mise en œuvre d'éléments des règles du marché.

"Nous l'avons appelée Nouvelle politique économique bien qu'il s'agisse d'un retour en arrière. Effectivement, nous nous retirons maintenant, nous revenons en arrière, pour ainsi dire ; mais nous le faisons pour, après avoir d'abord battu en retraite, prendre plus tard un bon départ et faire un plus grand bond en avant" - écrit Lénine après l'introduction de la NEP.

Avec le recul, ce n'est pas la NEP elle-même qui est intéressante, mais le fait que plus tard, la NEP soit devenue le point de départ des mesures de réforme des pays socialistes européens. Bien sûr, le monde capitaliste a fait l'éloge de ces mesures de réforme, parce que chaque pas qui nous a éloigné du socialisme, était dans l'intérêt du capital. Nous savons aussi que souvent, dans les pays socialistes - y compris la Hongrie - ce sont les intellectuels libéraux et la partie pragmatique de la direction qui ont soutenu les réformes. Tout cela est vrai. Mais du point de vue de l'avenir, il est utile d'examiner toutes les expériences visant à vaincre le capitalisme dans le domaine de la productivité du travail.

Si nous parlons de socialisme, nous ne pouvons pas ignorer les expériences des pays où le socialisme a également survécu après 1990. Il est vrai qu'en Chine, au Vietnam, au Laos, à Cuba et en Corée, la lutte pour la révolution socialiste était liée à la lutte pour l'indépendance nationale et cela leur a donné un pouvoir que les systèmes d'Europe de l'Est n'avaient pas. Nous devons le constater, mais il y a plus que cela.

Nous devons voir que ces pays ont pris des mesures pour relancer leur économie en fonction de leur propre situation dans le but de vaincre le capitalisme dans la sphère économique. Nous devons aussi voir que ces pays ont créé leur propre système politique, mais n'ont pas remis en question le rôle dirigeant du parti. Nous constatons aujourd'hui que ces pays fonctionnent.

Avec Lénine, nous disons : "Une des conditions nécessaires pour préparer le prolétariat à sa victoire est une lutte longue, obstinée et impitoyable contre l'opportunisme, le réformisme, le social-chauvinisme et les influences et tendances bourgeoises similaires, qui sont inévitables, puisque le prolétariat opère dans un environnement capitaliste". Nous nous en tenons à nos principes marxistes, c'est pourquoi nous voyons le monde sur cette base.

Comme Lénine, nous pensons que l'évaluation des événements dans le monde n'est possible que sur la base de faits, que notre politique doit être fondée sur des faits. Nous devons être ouverts à de nouvelles choses, nous devons donner de nouvelles réponses à de nouvelles questions. Le marxisme est notre boussole, l'expérience centenaire du mouvement communiste est notre trésor commun dont nous devons puiser et que nous devons reconstituer autant que possible.

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