Traduction NK pour Solidarité Internationale PCF
 

Déclaration de Jerónimo de Sousa, secrétaire général du PCP
5 mai 2020


Aujourd'hui, le 5 mai, marque la date d'un événement particulièrement important dans la vie et l'histoire du Parti communiste portugais. Il y a soixante-dix ans, lors de son procès devant un tribunal fasciste, Álvaro Cunhal a prononcé une intervention mémorable où, avec une lucidité et un courage remarquables, il a procédé au jugement et à la condamnation du régime fasciste.

Il y a de nombreux moments significatifs dans la vie et la lutte du Parti communiste portugais que nous allons marquer et célébrer lors de la commémoration du centenaire de l'existence héroïque du PCP.

Il y a beaucoup d'événements qui marquent la lutte courageuse d'un parti construit au prix de sacrifices, de souffrances et d'abnégation de nombre de ses meilleurs cadres. Un parti de femmes et d'hommes qui ne ne sont jamais laissé et ne se laissent toujours pas intimidés.

Cent années d'un Parti qui a connu les horreurs et la tragédie de la guerre et du fascisme. Qui a encouragé les grandes luttes des travailleurs et a fait siennes les luttes des peuples opprimés du monde entier. Qui a assumé toutes les grandes causes et toutes les luttes contre l'exploitation, l'oppression et les inégalités. Qui s'est battu, comme aucun autre, en première ligne pour la conquête des droits politiques, sociaux, culturels et du travail de notre peuple. Qui a participé à l'émergence et à la réalisation de la Révolution d'Avril, qui a été en première ligne de ses accomplissements et de sa défense. Qui continue d'agir, comme il l'a toujours fait, pour faire avancer la roue de l'histoire vers le progrès, la liberté, la démocratie et le socialisme.

Cent années d'un Parti qui est fier d'avoir eu Álvaro Cunhal comme secrétaire général, une personnalité unique et un révolutionnaire accompli dont nous nous souvenons aujourd'hui, pour son exemple de fermeté et de dignité au Tribunal de Boa Hora, face aux juges fascistes, passant alors du rôle d'accusé à celui d'accusateur, ce qui témoigne de la personnalité d'un homme en lutte - une lutte menée dans les conditions sévères et violentes de la prison fasciste.

Álvaro Cunhal avait été emprisonné pendant 14 mois, placé en isolement, et avait été soumis à des tortures brutales. Enfermé dans une cellule sans lumière du jour et sous surveillance 24 heures sur 24, sans crayon ni papier, il a mémorisé sa longue intervention et, depuis la salle d'audience, a placé le régime de Salazar sur le banc des accusés, dans l'un des actes les plus importants de résistance au régime fasciste et de confiance dans l'avenir de la lutte de libération de notre peuple.

Au cours de sa longue intervention, Álvaro Cunhal a prononcé un réquisitoire contre le régime en mettant en évidence sa nature terroriste et oppressive, son impact sur la vie du peuple et du pays ; en énonçant les "conditions de base pour une République démocratique réalisable au Portugal" ; et en justifiant et défendant le projet, les orientations politiques et les lignes d'action du Parti communiste portugais.

En démontant, point par point, les mensonges et la propagande réactionnaire du régime, en démontrant le caractère patriotique et internationaliste de la politique des communistes, ainsi que la valeur d'indépendance nationale que le régime fasciste a mis en péril, en soumettant le pays à la domination des "impérialistes étrangers" ainsi qu'au pouvoir néfaste des monopoles sur l'économie nationale, avec des conséquences sur les conditions de vie difficiles du peuple, des conséquences de la domination et de la politique du régime qui ont servi les monopoles. Il a argumenté et affirmé l'impossibilité pour le régime fasciste de garantir l'indépendance du pays, ni d'assurer le bien-être du peuple.

Álvaro Cunhal mettra fin à sa courageuse intervention devant le tribunal fasciste en déclarant "Nous serons jugés et certainement condamnés. À notre grande joie, il nous suffit de savoir que notre peuple pense que si quelqu'un doit être jugé et condamné pour avoir agi contre les intérêts du peuple et du pays, pour avoir voulu entraîner le Portugal dans une guerre criminelle, pour avoir utilisé des moyens anticonstitutionnels et illégaux, pour avoir employé le terrorisme, ce ne devrait pas être nous, les communistes. Notre peuple pense que si quelqu'un doit être jugé pour de tels crimes, alors ce sont les fascistes qui devraient siéger sur le banc des accusés, les dirigeants actuels de la nation et leur chef, Salazar".

Álvaro Cunhal a mis en pratique ce qui, en théorie, doit être la posture contre un régime odieux : faire de chaque moment et de chaque arène, un moment de résistance et de lutte.

Le PCP vivait alors un grand moment de son histoire. Un moment initié par la réorganisation de 40/41 et complété par les 3ème et 4ème Congrès, mené par des camarades au tempérament révolutionnaire comme Álvaro Cunhal. Un moment de renforcement qui a profondément transformé le Parti. Une période de grande lutte de notre peuple, où le PCP est devenu un grand parti national et est devenu non seulement nécessaire, mais indispensable et irremplaçable au sein de la société portugaise.

Nécessaire et indispensable hier, nécessaire et irremplaçable dans la réalité différente d'aujourd'hui, pour assurer la défense des intérêts des travailleurs, de notre peuple et du pays.

Dans la réalité actuelle, marquée par une situation internationale complexe, par la surexploitation du travail et l'aggravation de la crise structurelle du capitalisme et par une situation nationale avec de graves problèmes structurels, qui se reflètent dans le sous-développement du pays et dans des inégalités sociales et régionales flagrantes. Des problèmes qui sont indissociables d'années de politique de droite et d'intégration dans l'Union européenne que la récente épidémie a encore aggravés. Une épidémie qui sert d'ailleurs de prétexte aux grands capitaux nationaux et internationaux pour intensifier leur attaque contre les droits, la liberté et la démocratie, pour aggraver l'exploitation et accélérer la concentration et la centralisation du capital. Au Portugal, il y a déjà eu des milliers de travailleurs licenciés, des travailleurs qui subissent des réductions de salaire ou des retards de paiement. Des milliers de micro, petites et moyennes entreprises qui sont confrontées à la perspective de la liquidation de leurs activités.

Si les problèmes persistants auxquels le Portugal a longtemps été confronté exigeaient déjà une autre politique, une politique patriotique et de gauche, cette exigence est devenue encore plus impérative aujourd'hui pour répondre aux problèmes de santé, à la nécessaire valorisation du travail et des travailleurs, à la défense de la production nationale, à la promotion du développement économique et social, et pour assurer des services publics au service du peuple et du pays.

Nous vivons une situation difficile, avec des dangers immenses. C'est le moment de déclarer que la lutte n'est pas, ni ne peut être mise en quarantaine !

L'un des enseignements qu'Álvaro Cunhal nous a légués, par sa parole et son exemple, est que quelles que soient les circonstances du moment, la lutte est toujours nécessaire - et qu'elle en vaut toujours la peine, car la lutte et la force qui en résulte détermineront toujours l'évolution des événements en définitive.

Nous sommes un parti avec une histoire centenaire qui nous honore et que nous voulons continuer à honorer. Un Parti qui n'a jamais tourné le dos à la lutte. Un Parti dont les militants ont fait preuve d'une abnégation sans précédent.

Un Parti non seulement de résistance mais aussi de progrès, porteur d'un espoir qui n'attend pas et qui se construit dans la lutte concrète, faisant du rêve une réalité, toujours, toujours avec les travailleurs et le peuple, porteur de leur projet transformateur et émancipateur !

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