PADS : Message pour le 1er Mai

Travailleurs, jeunes, chômeurs

Renforçons notre unité dans la lutte pour :
- mettre en échec les plans des nouvelles offensives des capitalistes et de leurs Etats contre les droits des travailleurs
- forgeons nos instruments d’organisation de classe contre la bourgeoisie

 

Ce Premier Mai, journée internationale de lutte de la classe ouvrière contre l’exploitation et l’oppression, se déroulera dans les conditions restrictives imposées par le confinement face à la pandémie du Covid-19. Dans notre pays, le pouvoir pourrait penser que cette circonstance le mettra cette année encore à l’abri des manifestations des travailleurs contre les inégalités sociales, la misère et le chômage, la corruption, l’arbitraire. Il pourrait croire que l’interdiction des manifestations durant près de 30 ans sous prétexte de déjouer des actions terroristes provocatrices des groupes obscurantistes aurait réussi à créer une coupure définitive entre les anciennes générations de travailleurs imprégnées de l’esprit du 1er Mai et les nouvelles. Il commettrait une grosse erreur.

Le vaste mouvement populaire du 22 février 2019 a mis en échec la candidature de Bouteflika à un 5ème mandat dont le résultat aurait été de convertir le régime politique de l’Algérie en monarchie de fait. Il n’a pas fini de faire mûrir la conscience sociale de ceux qui produisent les richesses mais sont privés des fruits de leur travail accaparés par la petite minorité d’exploiteurs devenue la classe dominante du pays.

 

La pandémie actuelle conjuguée à la crise consécutive à la chute des recettes pétrolières va accélérer la prise de conscience et la combativité de la classe ouvrière face aux projets de lui en faire supporter les conséquences économiques et sociales pour enrichir encore plus la bourgeoisie.

L’extension de la paupérisation à de larges couches sociales laborieuses de la population, la misère et les frustrations qui frappent non seulement les travailleurs algériens mais les travailleurs du monde entier n’ont pas pour cause fondamentale les méfaits du coronavirus. Ce virus n’a fait que révéler de façon violente en les amplifiant les manifestations des antagonismes insolubles inhérents à la société capitaliste entre les intérêts des prolétaires qui créent les richesses et les capitalistes qui se les approprient. Il a illustré l’incapacité de ce sytème à satisfaire les besoins sociaux croissants des hommes, à garantir un emploi et une vie décente à tous les citoyens, à s’organiser pour affronter les catastrophes naturelles de façon à ce que les dommages et les privations soient réduits au maximum, que les sacrifices soient équitablement répartis pour faire face à des mesures de salut public. Il a démontré l’incompatibilité du régime capitaliste avec le besoin d’exploiter la nature de façon rationnelle, à empêcher qu’une poignée de personnes continue à prospérer sur la détresse et la maladie de millions d’autres. Ce système n’a qu’un seul but : garantir en toutes circonstances le maximum de profits à une minorité de capitalistes enrichis par le travail de la classe ouvrière, par le labeur de l’ensemble des travailleurs.

La situation sanitaire scandaleuse de la première puissance capitaliste mondiale, du pays le plus évolué économiquement, le plus en pointe dans le domaine des sciences, de la médecine et de la technologie, nous indique que l’avenir de l’humanité n’est pas dans le capitalisme. Les USA nous montrent de façon frappante où finit par mener le développement du capitalisme et pourquoi il est désormais impératif de diriger nos luttes pour renverser le régime capitaliste et instaurer la société socialiste. Ce système a fait son temps. Il est devenu un danger pour l’humanité tout entière. Il provoque un dérèglement de la nature, source de cataclysmes et de nouvelles maladies échappant au contrôle de la société tant que les forces productives sont sous l’emprise des capitalistes. Il crée un fossé infranchissable entre pays riches et pays appauvris par la domination impérialiste. Il entretient en permanence une masse de chômeurs qu’il pousse à se faire la concurrence dans chaque pays et à l’échelle mondiale pour que les salaires soient maintenus à des niveaux bas, à peine suffisant à la vie du travailleur, de façon à assurer des profits élevés aux capitalistes. Il repose sur la loi du développement inégal. Il pousse à une perpétuelle course aux armements. La bourgeoisie monopoliste en particulier suscite des guerres et organise des interventions armées pour contrôler les sources d’énergie et les voies de leur acheminement. Elle gagne en imposant ses intérêts par ses bombardiers et elle gagne aussi en vendant des armes aux peuples pour qu’ils s’entretuent et lui donnent le prétexte pour les envahir et s’emparer de leurs richesses. Le monde actuel, dominé par le capitalisme arrivé à son stade ultime l’impérialisme, est assis sur une montagne terrifiante d’armes nucléaires, bactériologiques et chimiques. A tout moment l’espèce humaine peut être exterminée. Chaque année des milliards de dollars sont dilapidés dans la production de l’armement.

Les fruits du travail de la classe ouvrière partent en fumée dans la fabrication des missiles et des bombardiers, dans l’entretien d’une armée de professionnels équipés du matériel dernier cri pour tuer le maximum d’homme en prenant le moins de risques, afin que la domination de la bourgeoisie demeure inébranlable. Ils sont aussi gaspillés dans la satisfaction des besoins les plus fantaisistes et les plus futiles d’une minorité de possédants aux dépens du développement de tous. Or le potentiel matériel et humain existant suffit de nos jours pour offrir un poste de travail à chaque habitant de la planète. Il suffit pour la construction de logements, pour amener l’eau et l’électricité dans chaque foyer, pour l’ouverture d’écoles, de centres médicaux gratuits pour tous, de routes, de lieux de culture et de loisirs à la portée des travailleurs, etc. Il suffit pour que, dans le cadre de la coopération de nations socialistes mues par des sentiments de solidarité et de fraternité, le prolétariat de la nation la plus avancée apporte son aide désintéressée aux peuples économiquement retardataires pour qu’ils atteignent en peu de temps le niveau de développement que permet le travail appuyé sur les conquêtes de la science et de la technique.

 

Nous communistes algériens, détachement du mouvement communiste international organisé dans le Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, croyons à la possibilité de l’avènement d’une telle société, en dépit de la propagande des valets de la bourgeoisie mondiale qui 30 ans après continuent chaque jour à broder sur le thème de l’échec du socialisme.

En ce Premier Mai 2020, les communistes algériens poursuivront l’effort collectif entamé par les communistes des autres pays pour mettre à nu les causes de la victoire temporaire de la contre-révolution en URSS et dans les autres pays socialistes, afin d’en tirer les leçons et de se préparer fermement à un nouvel assaut contre le régime capitaliste.

La lutte exige d’être menée dans une étroite coordination du mouvement communiste international, sous le drapeau de l’internationalisme prolétarien. Elle se mène dans chaque pays pour renverser le pouvoir de la bourgeoisie, instituer le pouvoir de la classe ouvrière, préalables de l’instauration d’une société socialiste fondée sur la propriété sociale des moyens de production et d’échange, la planification centralisée.

Les communistes rendent hommage en cette période de pandémie aux médecins et au personnel de santé, en particulier à ceux qui sont en première ligne dans le combat contre ce fléau. Ils appellent aussi à soutenir ceux qui dans de telles circonstances ne se laissent pas embobiner par les discours sur la complémentarité public-privé mais se battent pour le renforcement du secteur public de santé afin que soient dispensés tous les soins requis aux citoyens de condition modeste.

 

Travailleurs, travailleuses,

 

Le mouvement populaire du 22 février n’a pas réussi à déboucher sur le remplacement du régime de la clique de Bouteflika par un régime démocratique révolutionnaire dirigé par la classe ouvrière, ses alliés, les couches sociales populaires. La nature de classe de ce régime est restée la même. La mise en avant de nouveaux visages ne doit pas faire illusion. C’est un régime au service de la domination de la bourgeoisie. Les querelles ouvertes ou internes entre les diverses couches de la bourgeoisie qui le composent ou influencent ses décisions sont des chamailleries sur le partage du gâteau. L’arrestation des comparses discrédités a agi comme une simple soupape de sécurité. Ils ont été sacrifiés pour calmer la colère du peuple, sauver les intérêts de la classe bourgeoise dans son ensemble en attendant de trouver un compromis satisfaisant les couches moyennes à l’aide de diverses concessions économiques et politiques comme par exemple l’abrogation du service civil des médecins et la promesse de distribution généreuse de la rente pétrolière à un nombre plus grand de bénéficiaires.

L’échec du mouvement populaire est dû à la faiblesse politique du mouvement ouvrier. Celui-ci ne s’est pas encore remis des coups qui lui ont été assénés depuis des décennies. Ses faiblesses ont favorisé l’hégémonie de secteurs de la petite-bourgeoisie et de la bourgeoisie que les fractions détentrices du pouvoir depuis les années 1980 avaient tenues à l’écart des centres de décision. La revendication de ces couches et catégories sociales, enveloppée sous le slogan « d’Etat civil », se limite seulement à chasser les anciennes équipes enchevêtrées avec des groupes oligarchiques. Le cap est en réalité maintenu sur le programme de renforcement du capitalisme lancé au milieu des années 80. Mais elles pensent rendre inattaquable le choix du capitalisme et la domination de la bourgeoisie à l’aide de nouvelles méthodes et en le badigeonnant de couleurs plus séduisantes. C’est de peur de se démasquer avant d’avoir pris le contrôle de l’Etat que les principaux lanceurs de slogans dans les « réseaux sociaux » refusent obstinément tout débat sur l’alternative économique et sociale. Dans leurs vues de classe, la place des travailleurs doit rester celle d’une classe dominée requise de travailler plus et de gagner moins, condition soi-disant pour sortir le pays de la ruine héritée du « système » et consolider les bases « universelles de l’Etat de droit » qui prodiguera ses bienfaits à tous.

Non ! Le dernier mot doit revenir à la classe ouvrière, aux travailleurs. Il leur appartient de briser à la fois le diktat du régime et l’hégémonie de ses concurrents dans le « hirak » qui n’agissent que pour ravaler la façade du régime d’exploitation et de pillage en place. Il leur appartient de combattre à la fois les restrictions des libertés démocratiques imposées sous couvert de « protéger l’unité du pays » et les manoeuvres des groupes du hirak liés à telle ou telle puissance impérialiste. Il est clair depuis les premiers jours que des secteurs des opposants au pouvoir ont partie liée aux puissances impérialistes, France, USA, notamment, ou aux monarchies du Golfe et à la Turquie. Comme il est clair que le pouvoir lui-même cherche l’appui de ces puissances pour consolider ses positions au moyen de concessions à l’exemple de la révision de la loi sur les hydrocarbures adoptée à la veille de l’élection présidentielle du 12 décembre.

Les décantations, l’identification des agents conscients de l’impérialisme, des nouveaux loups de l’ultra-réaction religieuse qui se présentent sous la toison d’un agneau avec le soutien de « démocrates » pensant arriver au pouvoir sur leur dos, ces tâches impératives avanceront dans les luttes politiques et sociales, dans le contenu des réponses à apporter à la question de savoir ce qu’il faut faire face à la crise économique et politique. La question centrale est : « création des conditions pour l’avènement d’un pouvoir démocratique révolutionnaire de la classe ouvrière et des autres couches sociales populaires ou maintien de la domination économique et politique de la bourgeoisie, que ses représentants, en désaccord entre eux sur les méthodes et les formes de « gouvernance », soient au pouvoir ou dans l’opposition? » Ces questions clarificatrices élèveront le niveau de conscience des travailleurs dans la lutte autour des questions concrètes du contenu à donner à l’alternative économique et sociale en faveur des travailleurs, aux dépens de la bourgeoisie, laquelle doit payer seule la note de la surfacturation des importations, de la fraude fiscale et sociale et non pas bénéficier de nouvelles « aides financières » de l’Etat; dans la lutte pour exiger de tout responsable politique qu’il se prononce clairement sur les intrigues et les ingérences impérialistes ouvertes ou voilées.

C’est une tâche cruciale à un moment où la chute des revenus pétroliers et des recettes de l’Etat sert d’alibi à la bourgeoisie, qu’elle soit dans le pouvoir ou dans l’opposition, pour inviter les travailleurs à se préparer à payer la facture du pillage des richesses du pays.

 

Le PADS, parti des communistes, appelle les travailleurs à faire face à l’offensive qui se prépare pour privatiser les entreprises publiques, licencier de nouvelles fournées de travailleurs, réduire encore une fois les impôts des capitalistes sous le prétexte éculé de favoriser l’investissement productif, supprimer la subvention des produits de base, réviser la loi sur la retraite, puiser dans les réserves de change pour soutenir les « entreprises » mises en difficultés par le confinement en mettant sur le même plan les gros capitalistes et les tout petits patrons.

Le PADS appelle à développer la solidarité avec les millions de travailleurs plongés dans une grande détresse sociale, en particulier les trois millions d’entre eux du « secteur informel » qui ne bénéficient d’aucune couverture sociale. Cette situation a été créée par le régime depuis les réformes de 1990, avec la généralisation des contrats à durée déterminée et la fermeture de centaines d’entreprises publiques, dans le but de jeter sur le « marché du travail » un nombreux prolétariat privé de tout droit réel. Ces réformes ont créé une armée de réserve dans laquelle les capitalistes puisent au gré de leurs besoins variables une main-d’œuvre à bon marché, démunie de toute possibilité de se défendre, la loi étant faite pour les patrons. Il ne s’agit pas de tendre la main ou de compter sur la « générosité des bienfaiteurs » mais de gagner en force à travers les luttes pour que le pouvoir recense cette catégorie de travailleurs et débloque des aides à financer par des impôts sur les plus riches, pour que les fraudeurs du fisc soient traqués et obligés de payer leur dus.

 

Les semaines et les mois à venir vont être durs. La bourgeoisie et son pouvoir pensent qu’ils pourront imposer de nouvelles privations à la classe ouvrière, à l’ensemble des travailleurs.

Nous proposons quelques éléments d’une plate-forme de lutte autour de revendications économiques et politiques immédiates:

- Pas de baisse d’impôts sur les riches ni amnistie fiscale. Rétablissement de l’impôt progressif sur les non-salariés. Il est scandaleux que proportionnellement à leurs revenus les salariés payent plus d’impôts que les milliardaires! Leur part dans les recettes de l’Etat doit augmenter impérativement.

- Augmentation des taxes sur les biens de consommation importés qui ne sont pas de première nécessité et arrêt de l’importation des biens ou des services superflus.

- Suppression des subventions accordées aux capitalistes.

- Recensement des travailleurs de l’informel et aide à ceux qui sont dans le besoin.

- Relance de l’investissement productif dans le secteur public avec priorité au secteur de production des moyens de production.

- Pas de licenciements. Les ressources existantes doivent servir à lancer un plan de développement des secteurs industriels de base qui réduisent les importations, créent des postes de travail et offrent la possibilité aux ingénieurs et techniciens de donner la pleine mesure de leur créativité. Le secteur public doit jouer le rôle de colonne vertébral du développement. L’avenir n’est pas dans la dilapidation des ressources à travers la promotion des projets individuels et des petites entreprises.

-Elimination du capital étranger ou national du secteur des banques et des assurances.

- Les banques doivent agir comme instruments d’application du plan national de développement.

- Contrôle des travailleurs sur les fonds des entreprises publiques et privées en rapport avec les importations et les mouvements financiers vers l’extérieur.

- Reconstitution des offices publiques nationaux d’importations de biens de consommation ou de production stratégiques.

- Nationalisation des entreprises des corrompus emprisonnés.

- Mesures immédiates pour renforcer le secteur public hospitalier avec la participation des travailleurs du secteur et des représentants des travailleurs des autres secteurs à l’élaboration de ces mesures.

- Mettre en échec les plans d’extension du poids des cliniques privées et de promotion des monopoles privés du médicament.

- Favoriser la construction de logements pour les travailleurs et réquisition des logements inoccupés. Plafonnement des loyers.

- Aide de l'Etat à la petite paysannerie.

Sur le plan politique:

- Abrogation de la loi sur les partis, sur les associations, du Code de l’Information, des lois qui entravent les libertés d’organisation syndicales et les grèves.

- Liberté de réunion et d’organisation.

 

En ce Premier Mai 2020, les communistes appellent les travailleurs à :

- édifier des syndicats de classe indépendants de l’idéologie bourgeoise et des conceptions social-démocrates de collaboration de classe, des syndicats unitaires, démocratiques et internationalistes.

- à manifester leur appartenance de classe contre l’exploitation capitaliste à l’échelle mondiale, à faire converger leurs luttes avec celles des travailleurs des autres pays. En particulier les travailleurs immigrés Algériens en France ou ailleurs doivent s’unir à leurs camarades de ces pays, à repousser les tentatives de les opposer à ces derniers sur des bases religieuses ou nationalistes.

- exprimer leur solidarité avec les peuples en lutte contre les ingérences, les agressions, les blocus impérialistes, avec les peuples palestinien, sahraoui, syrien, libyen, vénézuélien, cubain, yéménite, etc.

- rejoindre le PADS, parti des communistes algériens.

Vive le Socialisme !
Vive internationalisme prolétarien!

 

Communiqué du PADS

le 30 avril 2020

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