Un comble dans de nombreux pays : Le Covid sert aux autorités à dégrader encore davantage la réponse aux besoins sanitaires et les conditions de travail des personnels de santé. En France, le « Ségur de la santé » a notamment servi à appliquer un règlement de l’UE abaissant de 12 à 11 heures la durée de repos obligatoire quotidien. Cette disposition lève une entrave à la généralisation du travail en 12 heures, épuisant sur le moment, usant au fil des ans. Les régions allemandes suivent la même méthode. Exemple en Basse-Saxe. Article paru dans le quotidien socialiste allemand « Junge Welt ». Traduction MlN pour « Solidarité Internationale PCF – vivelepcf – Cahiers communistes ».

Privatisation, austérité, « optimisation » radicale des coûts : les personnels de santé des cliniques et des maisons de retraite font les frais de décennies de politique de dégradation de l’offre de santé avec des conditions de travail de plus en plus mauvaises. Cette situation critique, causée par ces choix politiques, menace de se transformer en désastre sanitaire avec le coronavirus. Le ministère des affaires sociales de Basse-Saxe répond au problème par une attaque sur le droit du travail. Par une disposition générale, le ministère revient une deuxième fois temporairement sur un acquis durement gagné, la journée de 8 heures pour les soignants. Il fait des services en 12 heures la norme. La Chambre des personnels de santé [Pflegekammer] sonne l’alarme.

Normalement, en ce qui concerne les professions de santé, le temps de travail maximal légal est établi à 8 heures par jour et 48 heures par semaine. Uniquement à titre exceptionnel la durée de travail journalière peut être portée provisoirement à 10 heures. Pour la première fois dans l’histoire, au moins jusqu’au 31 mai 2021, la Basse-Saxe déroge : il est possible désormais de faire trimer les personnels de santé jusqu’à 12 heures par jour et 60 heures par semaine.

Le décret ne prévoit ni repos compensatoires, ni prime pour le travail supplémentaire, comme l’a fait constater la présidente de la Chambre des professions de santé de Basse-Saxe, Nadya Klarmann, lundi 2 novembre. Ne serait envisagée qu’une journée de repos, dans des cycles de 8 semaines, pour les dimanches et les jours fériés travaillés. Pour Mme Klarmann, la région n’a rien fait « pendant des mois » pour préparer les institutions sanitaires à affronter les suites prévisibles de la pandémie. Encore une fois, on demande aux salariés des secteurs concernés de prendre sur leur propre santé pour « sauver la situation ». Le gouvernement régional n’a rien entendu.

Pour Mme Klarmann, cette disposition n’est pas acceptable. « Déjà, dans les conditions actuelles, avec tout l’équipement spécial de protection, le travail en 8 heures est extrêmement pénible ». En procédant de cette façon, on ne va pas gagner de nouvelles ressources humaines, au contraire : les soignants vont encore davantage être poussés à quitter leur profession. Mme Klarmann demande de la Région de Basse-Saxe de « revenir immédiatement sur son décret ». Pour elle, le système de santé ne va pas craquer par manque de lits ou d’appareils de réanimation mais parce que les professionnels sont poussés à bout comme jamais.

La fédération de Basse-Saxe du parti « Die Linke » a également fortement réagi. Son président, Lars Leopold a dénoncé, dans une intervention du 3 novembre, la remise en cause du droit du travail par le gouvernement régional sans tenir compte de l’assemblée et des intéressés. La députée Pia Zimmermann a également déclaré : ceux qui subissent sont les salariés, les patients et les habitants. Le manque de personnel de santé est connu depuis longtemps. La réponse doit être tout autre. On devrait créer « des incitations pour ramener les quelque 400000 personnels de santé, formés, nationalement, qui se sont détournés de leur profession à cause des mauvaises conditions de travail et de rémunération ».

Susan Bonath

Le 4 novembre 2020,

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