Comme prévu, le Conseil européen a approuvé le nouveau budget pluriannuel ainsi que le "plan de relance".
Les difficultés et blocages qui ont entouré l'approbation de ces dispositifs financiers confirment les contradictions et les difficultés de l'Union européenne, qui vont bien au-delà des désaccords manifestes avec la Hongrie et la Pologne.
L'adoption du budget pluriannuel pour la période 2021-2027, fixé à 1074 milliards d'euros, confirme la réduction du budget 2014-2020 [NdT: 1082 milliards d'euros].
Sans disposer d'une connaissance plus détaillée, notamment concernant les montants à recevoir et à payer par chaque pays, le PCP juge que l'accord conclu souffre de graves lacunes qui nuisent objectivement aux intérêts du Portugal, puisqu'il prévoit de réduire les fonds de la "cohésion économique, sociale et territoriale" [part du budget destiné à la politique régionale de l'UE, créé en 1986 dans le but d'assurer un développement harmonisé des pays membres], et d'augmenter la contribution nationale au budget de l'UE.
Par ailleurs, l'accord conclu prévoit de réduire les contributions des pays qui bénéficient le plus de l'euro [comme monnaie forte] et du marché unique, tels que l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, la Suède et le Danemark [ces pays réduisent leur contribution annuelle totale de 7,6 milliards d'euros; cette somme devra être compensée par les autres pays].
Tout ceci confirme la tendance générale à l'approfondissement des asymétries et des inégalités de développement entre pays membres de l'UE.
Il convient également de souligner que, parallèlement à la réduction des fonds destinés à la soi-disante "cohésion économique et sociale", les fonds destinés au renforcement du versant militariste et interventionniste de l'UE s'accroissent de manière inacceptable.
Le fonds de "Facilité pour la Relance et la Résilience (FRR)" [le plan de relance européen de 750 milliards, aussi appelé "NextGenerationEU"], comme le PCP l'avait anticipé, se situe bien loin des montants initialement annoncés et s'avère insuffisant pour faire face à la gravité de la situation et aux besoins d'investissements publics de certains États membres.
L'idée matraquée selon laquelle le Portugal n'a jamais reçu autant d'argent de la part de l'UE cache mal le fait que ces sommes sont essentiellement le résultat de dépenses commutaires futures ou d'emprunts contractés, et que le Portugal ne disposera en fait, à partir de 2028, de ressources plus faibles et de charges financières plus importantes, dans un contexte de dépendance accrue. En d'autres termes, il ne s'agit pas d'un soutien effectif par le biais de dotations nettes pour le Portugal [la part des subventions déstinées aux pays les plus touchés par la pandémie est de 390 milliards; les 360 milliards restants se fera par emprunt effectué par l'UE, à la demande des Etats membres].
Comme le PCP l'avait anticipé, l'utilisation du fonds de relance sera soumis à l'imposition de nouvelles contraintes et à l'approbation de l'Union européenne. Or, sur ce point, le PCP rappelle que l'utilisation des ressources financières devrait être déterminée par la seule réponse à apporter aux problèmes rencontrés par les travailleurs, le peuple et le pays, tout en permettant d'assurer un développement souverain pour le Portugal, qui ne soit pas subordonné aux priorités et aux intérêts des grands groupes économiques et financiers et des grandes puissances de l'Union européenne.
Contrairement au discours vantant la "flexibilité" dans l'utilisation des fonds, l'objectif évident est d'établir des conditions favorisant certains types d'investissement et des "réformes structurelles", telles que l'attaque contre les droits des travailleurs et les systèmes publics de sécurité sociale, mais aussi d'approfondir le marché unique, par le biais de la soit-disante "économie verte", du "marché unique numérique" ou encore du "marché européen de la santé".
Le PCP réaffirme son refus à l'égard du projet de création d'un système de "taxes européennes", portant atteinte à la souveraineté économique et budgétaire des États membres et contrevenant au principe d'un budget de l'UE basé sur les contributions des États membres (en fonction de leur revenu national brut).
La PCP met également en garde contre la multiplication de mécanismes, tels que le "mécanisme pour la démocratie et l'État de droit", qui représentent de nouvelles contraintes et, potentiellement, de nouvelles formes de chantage, qui, plutôt que de se préoccuper de la défense de la démocratie, visent davantage à sauvegarder la politique néolibérale et la prédominance de la concurrence capitaliste au sein du marché unique, au détriment de la solidarité ou de la souveraineté des États, conformément aux intérêts des grandes puissances de l'Union européenne et des groupes monopolistiques.
Le soi-disant "bras de fer avec la Hongrie et la Pologne" est un véritable exercice d'hypocrisie, alors que l'Union européenne maintient ses relations intactes avec la Turquie, signe des accords avec l'Ukraine et que les droits et libertés fondamentales sont de plus en plus bafoués au sein de plusieurs pays membres de l'UE.
Le PCP condamne enfin le renforcement du militarisme de l'Union européenne, comme celui de l'OTAN, ainsi que l'adoption d'une politique de sanctions qui soumet plus encore l'UE aux objectifs de "leadership mondial" des États-Unis, désormais énoncés par Joe Biden.
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