Sur les accidents du travail en Grèce
19 déc. 2024Communiqué du KKE (parti communiste grec) basé sur l'intervention de leur député au parlement européen Kostas Papadakis sur l'évolution des accidents au travail en Grèce.
La liste noire des « accidents » du travail / crimes patronaux continue de s’allonger, avec des morts sur les lieux de travail. Depuis le 1er janvier 2024, 114 accidents de travail ont été enregistrés en Grèce, soit un mort tous les deux jours et demi, et cela fait suite à une autre année « noire », puisque pour 2023, 14 920 accidents de travail ont été signalés, dont 108 étaient mortels. Il est tragiquement confirmé que les lieux de travail se sont transformés en « abattoirs » pour les travailleurs, sur fond d’intensification, de manque de mesures de protection et de contrôles inexistants dans les entreprises, et en conséquence de la transformation de l'Inspection du Travail (SEPE) en une prétendue « autorité indépendante » selon les normes européennes.
En même temps, les travailleurs risquent de subir de grands accidents industriels, pour lesquels le gouvernement de la Nouvelle Démocratie, comme les précédents, n’a aucun plan de prévention ni de gestion. Cela a été une nouvelle fois confirmé par le grand incendie qui a éclaté dans une raffinerie de Motor Oil en phase de « shut-down » (arrêt des machines pour entretient). Des travailleurs ont été blessés et la vie des travailleurs et des habitants de la région a été mise en danger.
Les responsabilités de l’employeur sont considérables, car il exerce des pressions pour que tout soit fait plus vite, plus intensivement, au détriment même des mesures de sécurité les plus élémentaires, en particulier lors de l'entretien, qui est cyniquement considéré comme du « temps perdu », donc des bénéfices perdus.
La transformation des lieux de travail en « abattoirs » porte la signature chronologique de l’État et des employeurs. Les lois anti-travail de Hatzidakis et Georgiadis (*), ainsi que la circulaire récente 37271/21-06-2024, qui facilite les employeurs à imposer des horaires flexibles et met en œuvre le travail de six jours à partir du 1er juillet 2024, accentuent le surtravail et l’intensification du travail. Après tout, les blessures, les maladies dues à la fatigue et les accidents de travail sont particulièrement enregistrés durant les heures supplémentaires ou le temps de surtravail, en raison de l’intensification, dans le but d’augmenter la rentabilité des entreprises.
Les médecins du travail existent seulement sur le papier, les équipements de protection individuelle ne sont pas fournis ou, dans le meilleur des cas, ceux qui le sont sont insuffisants ou inadaptés, les entretiens nécessaires sont effectués au compte-gouttes car ils coûtent cher pour l'employeur.
Les employeurs peuvent agir arbitrairement en utilisant tout l’arsenal législatif anti-travail de l’UE et des gouvernements, qui sert leurs intérêts, ainsi que le SEPE qui est constamment affaibli, selon les normes et orientations de la « l'Autorité européenne de la sécurité et de la santé au travail ». Pour plus de 300 000 entreprises et des millions de travailleurs en Grèce, en 2023, il n’y avait que 408 inspecteurs des relations de travail et 243 inspecteurs de la sécurité et de la santé au travail. C’est ce que promeut et accélère également l’UE avec son rapport hostile aux intérêts des travailleurs, celui de Draghi, en faveur du soutien à la « compétitivité des entreprises européennes ».
Sur cette base, le député européen du KKE a soumis les questions suivantes à la Commission européenne :
« Quelle est la position de la Commission européenne :
- Sur le fait que les orientations de l'UE et leur mise en œuvre par les gouvernements grecs, comme les lois de Hatzidakis et Georgiadis, fondées sur la directive 2003/88/CE de l’UE sur « l’organisation du temps de travail », intensifient le surtravail et l’intensification, ce qui entraîne une augmentation des accidents et des maltraitances, alors que les autorités de contrôle sont sous-staffées ?
- Sur le fait que, selon la directive Seveso de l’UE, la « pratique raisonnable » oblige les entreprises à élaborer des plans de protection en fonction de leurs bénéfices, au lieu d’avoir un plan global de prévention et de gestion des accidents industriels de grande ampleur, qui relève de la responsabilité exclusive de l’État ?
- Sur les demandes urgentes du mouvement ouvrier pour l’abolition des lois anti-travail des dernières années et la signature de conventions collectives de travail, grâce auxquelles peuvent être garantis un temps de travail quotidien et hebdomadaire stable, la journée de 7 heures – 5 jours, 35 heures par semaine, des augmentations substantielles des salaires et des droits sociaux complets ? »
(*) les lois Hatzidakis (2021) et Georgiadis (2023) sont des réformes du code du travail remettant en question notamment en particulier les normes sur les temps de travail (nombres de jours travaillés par semaine, temps de repos, temps de travail sans pause)