cpusa.jpgIntervention du Parti Communiste des Etats-Unis (CPUSA)



« La faillite du capitalisme américain touche de plein fouet les travailleurs américains »




11 ème rencontre des Partis Communistes et Ouvriers – New Delhi, 20-22 Novembre 2009


Intervention de Scott Marshall, du Parti Communiste des Etats-Unis


Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Chers camarades,



c'est formidable d'être ici à Delhi pour cette rencontre des partis communistes et ouvriers et de vous voir tous en chair et en os. Nous voulons exprimer notre profonde gratitude aux organisateurs de cette conférence, et en particulier au Parti Communiste d'Inde (Marxiste) et au Parti Communiste d'Inde pour avoir accueilli cette réunion de première importance. J'ai le plaisir de vous apporter les salutations chaleureuses du comité national et de la direction de notre parti.



Dans ces temps terribles de crise économique, il est l'heure de trouver des moyens de diffuser le plus largement notre mot d'ordre « Travailleurs et peuples opprimés de tous pays, unissez-vous. » Alors que notre mot d'ordre a traversé les générations, aujourd'hui il fait plus que jamais sens. Aujourd'hui, l'intégration économique mondiale a atteint des niveaux incroyables. Aujourd'hui, le capital financier mondial traverse le globe, en pillant et en spéculant à une échelle inimaginable du temps de Marx.



La faillite du capitalisme américain touche de plein fouet les travailleurs américains



Tout d'abord, permettez-moi de dire quelques mot sur la manière dont la crise touche les travailleurs aux Etats-Unis. Ce mois-ci, le pourcentage de travailleurs dans notre pays qui sont chômeurs de longue durée a atteint des niveaux inédits depuis la Grande Dépression des années 1930. Au début de la crise, on supprimait un peu plus de 700 000 emplois par mois. Aujourd'hui, alors que certains économistes – s'inscrivant dans l'idéologie dominante – déclarent que la récession est terminée, alors que les profits obscènes réalisés par les banques repartent à la hausse, tout comme les cours de la bourse, alors que le capital financier retrouve la voie de la dérégulation prédatrice avec soif de vengeance, on supprime toujours 200 000 emplois par mois.



Parmi les jeunes aux Etats-Unis, les chiffres du chômage sont sidérants. Dans la tranche d'âge des 16-24, seuls 45% d'entre eux ont un travail. Et les chiffres sont encore pires pour les Afro-Américains, les Latinos et les jeunes faisant partie des autres minorités opprimées. Le racisme aux Etats-Unis prend un visage encore plus terrible dans ce genre de crise économique. La crise a frappé de manière particulièrement violente les communautés opprimées sur une base raciale et nationale.



Dans le même temps, les experts qui suivent le marché de l'immobilier, disent, qu'avec 2010, verront le jour une nouvelle série de saisies avec des travailleurs et leurs familles qui seront chassés de leurs maison et jetés dans la rue. 40 millions de personnes sont sans couverture médicale et chaque mois ce chiffre augmente parce qu'aux Etats-Unis beaucoup de gens dépendent de leur employeur pour ce qui est de leur couverture médicale. Dans ce qui est censé être le pays le plus riche du monde, parce qu'une si grande partie du capital financier mondial y est concentré, des centaines de milliers d'enfants vont à l'école, la faim au ventre, chaque jour. Dans les quartiers populaires les plus touchés par la crise, les écoles et les cliniques médicales sont laissés à l'abandon et ferment. Les rues et les ponts, les systèmes de traitement et de distribution des eaux, les infrastructures de base sont négligées et tombent en ruine. Et on fait des coupes dans les services publics vitaux, à tous les échelons gouvernementaux.



La liste des échecs du capitalisme dans cette crise est très longue. Et bien sûr nous savons que la crise frappe beaucoup plus fort les pays en voie de développement que les pays développés.



Sans entretenir d'illusions, l'élection d'Obama peut ouvrir un terrain plus favorable au développement des luttes



Il y a deux toujours deux camps dans une lutte de classes. Deux événements majeurs sont en train de participer à l'inversion du rapport de force au sein de la lutte de classes dans notre pays. Le premier est la poussée du mouvement qui a battu la droite extrême représentée par le Parti Républicain lors de l'élection de 2008 et qui a fait élire Barack Obama. Ce même mouvement a aussi permis de battre de nombreux élus d'extrême-droite au Congrès. Je sais que, sur le plan international, il existe des sentiments mitigés à propos du rôle que joue le Président Obama. Soyons bien clairs, c'est pas un communiste, c'est pas un socialiste, et sur certains points ce serait même un liberal (progressiste) plutôt modéré. Dans le même temps, après huit années de George Bush, le président et l'administration la plus belliciste de l'histoire américaine, l'élection de Barack Obama ouvre un nouvel espace pour les luttes des travailleurs aux Etats-Unis et dans le monde. Et après 30 ans d'offensive néo-libérale vicieuse sur le mouvement ouvrier américain, sur les organisations populaires et ouvrières aux Etats-Unis, l'élection de Barack Obama ouvre la porte à de nouvelles luttes pour la justice économique, la paix et l'égalité



Barack Obama, comme je l'ai dit auparavant, n'est pas un révolutionnaire – c'est vrai. Mais il n'a pas besoin d'être un révolutionnaire pour entreprendre des choses plutôt intéressantes en faveur des travailleurs et de la classe ouvrière. Je ne vais pas faire une longue liste en rapport avec la politique intérieure américaine, mais ce sont des choses importantes pour ceux qui travaillent dur pour s'en sortir aux Etats-Unis. Il a inspiré un mouvement et parvenu à mobilisé les forces démocratiques pour battre Bush et l'extrême-droite. Et, plus important pour notre rencontre ici – il a pris certaines dispositions afin d'infléchir certaines des pires pratiques héritées de l'administration précédente. Comme sur le plan de la politique intérieure, en termes de politique étrangère ce sera la mobilisation des forces populaires et ouvrières qui sera décisive pour faire bouger les lignes – la gauche et les forces populaires avaient de toute façon très peu d'influence sur l'administration Bush – nous pouvons pousser l'administration Obama à suivre le bon cap.



Le mouvement qui a porté à l'élection d'Obama était, et continue à être, une large coalition de forces sociales qui comprend même certaines fractions du Capital. Mais les forces sociales qui en constituent la base ce sont la classe ouvrière et la fraction organisée du mouvement ouvrier, les minorités nationales et raciales, les femmes, les jeunes et le mouvement gay.



Le premier syndicat américain occupe à nouveau le terrain de la lutte de classes



L'autre événement majeur qui a permis d'inverser le rapport de force fut la convention de septembre 2009 de l'AFL-CIO, la plus grande confédération syndicale dans notre pays. Je crois que l'histoire se souviendra de cette convention comme un tournant majeur pour notre classe ouvrière. Cette convention a été le point culminant d'une série de changements et d'une évolution qui a commencé au milieu des années 1990. La convention de 1995 de l'AFL-CIO avait constitué une rupture majeure avec les pires aspects de la collaboration de classe issue de la période de la Guerre Froide qui avait commencé avec les chasses aux sorcières anti-communistes du début des années 1950. Au milieu des années 1990, le mouvement ouvrier a commencé à adopter une approche en termes de lutte de classe. Après la convention de 1995, la classe ouvrière américaine a commencé à développer son propre appareil politique indépendant. Il est devenu plus actif dans la lutte économique. Il a commencé à voir, de plus en plus, le caractère mondialisé du capitalisme. Par ailleurs, il a même commencé à comprendre que le mouvement syndical devait être plus que le défenseur de ses propres membres, il devait devenir la voix et le mouvement de l'ensemble de la classe ouvrière.



La Convention de l'AFL-CIO de 2009, à laquelle j'ai assisté, a approfondi cette tendance et a été un événement remarquable par bien des aspects. Elle a élu une nouvelle direction, plus militante et plus ancrée dans les traditions syndicales industrielles de lutte, dans notre pays. Richard Trumka, le nouveau président, vient des traditions militants du syndicat des mineurs. Le lendemain de son élection, il a foncé à Wall Street et a accusé les banques et les assurances d'être à l'origine de la crise économique, dans le pays et à l'étranger. Il a appelé à la mise en place de nouvelles mesures régulatrices pour mettre un frein à la spéculation sans bornes et au démantèlement de ces banques jugées « trop grosses pour faire faillite ». La confédération a vigoureusement défendu une ligne de « démantèlement des grandes banques » et a mobilisé ses syndiqués dans la lutte pour imposer de sévères limites au capital financier. C'est une autre première pour notre mouvement syndical, la convention a aussi élu deux femmes, dont une Afro-Américaine, à deux postes clés de la direction de l'AFL-CIO.



Pour la première fois, le mouvement ouvrier américain s'oppose à la politique impérialiste menée par les Etats-Unis



Il y a trop d'exemples de prises de positions syndicales novatrices que je ne peux toutes vous les lister maintenant, mais j'aimerais vous en mentionner une que je pense importante pour notre mouvement international et qui illustre ce nouveau cap et les nouvelles possibilités pour la solidarité internationale ouvrière. J'ai avec moi une lettre, bien relayée par la presse syndicale aux Etats-Unis de Richard Trumka à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Dans cette lettre, il déclare que l'AFL-CIO estime que le gouvernement putschiste au Honduras est totalement illégitime. La lettre dit que la répression putschiste des syndicats et des mouvements démocratiques au Honduras rend impossible la tenue d'élections libres et justes ce Novembre. Et la lettre demande instamment au Département d'Etat américain de cesser toute aide au Honduras jusqu'à le coup d'Etat soit annulé et que le président Zelaya ait effectué son retour au pouvoir. La lettre indique également que la position de l'AFL-CIO a été prise en consultation avec les syndicats Honduriens.



Ce n'est là qu'un exemple spectaculaire de cette nouvelle pensée qui imprègne le mouvement ouvrier américain sur les questions internationales. Le mouvment ouvrier américain s'oppose aussi fortement aux guerres et occupations en Irak et en Afghanistan. (Et je devrais mentionner ici le fait que le mouvement ouvrier a un accès inédit à ce jour au Président Obama, est écouté et peut contribuer à le faire changer de cap.) Ce sont des exemples de la manière dont le mouvement ouvrier Américain est en train de rompre avec la politique du département d'Etat et de l'impérialisme Américains sur les questions internationales pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre froide, après la Seconde guerre mondiale. Nous pensons que cela ouvre un nouveau monde plein de perspectives pour la reconstruction et le renforcement du mouvement ouvrier mondial et de la solidarité ouvrière mondiale. Et nous pensons que les partis communistes et ouvriers ont un rôle essentiel à jouer s'il se saisit de ces nouvelles possibilités. Il est vraiment temps que le mouvement ouvrier, de tous les côtés du clivage politique hérité de la guerre froide, reconsidère et repense la question de l'unité du mouvement ouvrier.



Nos partis doivent contribuer à alimenter les luttes selon le principe: « Travailleurs de tous pays, unissez-vous »



Camarades,



de notre avis, la crise économique mondiale se poursuit. Selon la Banque Mondiale et le FMI, le PIB mondial se situerait autour de 65 000 milliards de dollars. Dans le même temps, selon la Banque des règlements internationaux, plus de 515 000 milliards sont spéculés en produits dérivés, credits default swaps et d'autres formes tout aussi exotiques de mécanismes financiers. Pensez-y – un tel déséquilibre aussi incroyable. C'est ahurissant – pensez à la plus-value volée, et représentée dans la forme ultime de capital financier parasitaire. Pensez aux problèmes qui pourraient être résolus pour la population mondiale avec tout cet argent. Nous pensons qu'il est aussi important de prêter attention au phénomène de lignes de fracture au sein même du capital, pendant cette période. Aux Etats-Unis, il y a de plus en plus de preuve d'une ligne de fracture entre capital industriel et capital bancaire. Il n'y a pas seulement des lignes de fracture entre les petites et grandes entreprises et cela peut permettre d'ouvrir des lignes d'attaque en faveur de la régulation de certaines des pratiques les plus prédactrices du capital financier spéculatif dans le monde.



Nous avons encore beaucoup à réfléchir et à débattre, Mais j'aimerais finir en paraphrasant Friedrich Engels qui a dit une fois, « une once d'action vaut une bonne théorie ». Nous nous intéressons avant tout à la manière dont nos partis peuvent jouer un rôle concret en contribuant à alimenter des luttes réelles et organisées selon le principe: « Travailleurs de tous pays, unissez-vous ». Cela doit commencer avec la question: que pouvons-nous faire pour contribuer à unifier et à développer le mouvement ouvrier mondial. Marx et Engels ne disaient pas, « Travailleurs de tous pays, unissez-vous pour échanger des informations ». C'était clair qu'il demandait aux travailleurs de s'unir pour la lutte. Comment pouvons-nous en faire une réalité dans le monde d'aujourd'hui. Quels sont nos premiers pas concrets en cette direction. Nous espérons que notre rencontre et les nos débats pourront nous rapprocher de cet objectif.



Merci camarades de votre attention

 

Site du Parti Communiste Américain: http://www.cpusa.org/

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