11ème rencontre des PC (8) - PCOH (Hongrie): « La Hongrie est un des maillons les plus faibles du capitalisme européen »
25 déc. 2009 Intervention du Parti Communiste Ouvrier Hongrois (PCOH)
« La Hongrie est un des maillons les plus faibles du capitalisme européen »
11ème rencontre des Partis Communistes et Ouvriers – New Dehli, 20-22 novembre 2009
Contribution présentée par Gyula Thürmer, président du parti communiste ouvrier hongrois
Traduction BL pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Chers camarades,
Je souhaiterais d’abord remercier la Parti communiste d’Inde (marxiste) et le Parti communiste d’Inde au nom du parti communiste ouvrier hongrois pour leur invitation et pour l’excellente organisation de notre rencontre. Le mouvement communiste d’Inde joue un rôle très important dans le mouvement ouvrier international et nous leur sommes reconnaissants pour leur précieuse contribution à la lutte anticapitaliste.
Chers camarades,
L’an dernier, à Sao Paulo, nous sommes arrivés à des conclusions nouvelles très importantes. Nous déclarions que « le monde est confronté à une crise économique et financière de grande ampleur. La crise actuelle est l’expression d’une crise intrinsèque plus profonde du système capitaliste qui démontre ainsi ses limites historique et la nécessité de son renversement révolutionnaire. »
Les ressources du capitalisme en temps de crise: réformisme, anti-communisme et réaction
Nous pensons que notre analyse est fondamentalement correcte et que nous ne devrions pas en changer. Mais il faut aussi remarquer que, dans le même temps, le capitalisme dispose de nombreuses possibilités pour se défendre, manipuler les masses et éviter – pour le moment du moins – une révolution socialiste.
Il s’agit, en premier lieu, des réformes capitalistes. Les forces du capital n’essayent pas de nier l’existence de graves problèmes mais tentent de montrer que des réformes du capitalisme peuvent régler l’ensemble de ces problèmes.
Nous devons convaincre la masse des travailleurs que, si elle souhaite vivre mieux, elle doit renverser le capitalisme.
Il s’agit, en second lieu, de la liquidation progressive des partis communistes. Les forces du capital soutiennent politiquement et financièrement les partis opportunistes et les intègrent au système européen. Elles utilisent l’arme de l’anticommunisme contre nous et exercent des pressions légales et financières.
Nous devons sauvegarder notre idéologie, renforcer le marxisme-léninisme et améliorer notre coopération.
Il s’agit, en troisième lieu, de l’utilisation des forces d’extrême droite. En Hongrie et dans beaucoup d’autres pays d’Europe, les forces d’extrême droite profitent plus facilement de la crise que nous le faisons. Elles ont renforcé leurs positions lors des élections au parlement européen. Pourquoi ? En Hongrie, la classe dirigeante considère désormais les extrémistes de droite comme des acteurs normaux de la vie politique. Elle ne les aime pas, mais elle leur donne la possibilité de financer leurs organisation et d’accéder aux médias. De plus, l’extrême droite utilise des armes politiques que nous ne pouvons pas utiliser. Il s’agit de l’antisémitisme et du racisme, en particulier du sentiment anti-tsigane.
Quelle est la solution ? Nous devons être plus radicaux, plus révolutionnaires et plus anticapitalistes. Les gens doivent voir chaque jour que nous sommes avec eux.
La Hongrie: maillon faible du capitalisme européen
Camarades,
La Hongrie est un des maillons les plus faibles du capitalisme européen. La crise est loin d’être réglée et personne ne peut prévoir ses conséquences. Qu’est-ce que cela signifie ?
Tout d’abord que la Hongrie dépend intégralement du capital occidental. Les entreprises multinationales sont responsables de la création de presque 70 % du PIB. Le capital européen essaye de régler ses propres problèmes aux dépens de la Hongrie.
C’est pourquoi il n’y a aucun signe de reprise dans l’économie hongroise. Cette année, le PIB diminuera de 7 à 9 % par rapport à l’année dernière.
Par ailleurs, les gens comprennent de plus en plus ce qu’est le capitalisme. Le taux de chômage est d’environ 10 %. Ils perdent leurs revenus, leur épargne ; de plus en plus de gens vivent dans la pauvreté. Selon une étude américaine du Pew Research Centre, 80 % des Hongrois étaient favorables à l’économie de marché il y a 20 ans. Aujourd’hui, seuls 46 % adhèrent au capitalisme.
Dans ces circonstances, nous ne devons pas seulement critiquer le système capitaliste mais aussi montrer la possibilité réelle de fonder un monde nouveau. Nous devons montrer que le socialisme est une alternative réelle au capitalisme.
Nous sommes conscients de notre responsabilité internationale. Si des révoltes sociales se produisent en Hongrie, cela influencera significativement l’Ukraine, la Russie et les pays d’Europe de l’est.
Reconstruire l'organisation communiste: une nécessité pour renforcer le mouvement ouvrier en temps de crise
Camarades,
Le parti communiste ouvrier hongrois suivra la voie de la révolution socialiste. Nous devons démontrer que les capitalistes ne nous offriront jamais une vie meilleure et ne nous donneront jamais aucune place dans les parlements. Nous devons donc les affronter absolument. Il s’agit d’une voie réaliste et nous pourrons créer un monde nouveau, le socialisme.
Nous considérons que notre tâche principale est de préparer le parti communiste à une telle situation. L’expérience historique montre que les situations vraiment révolutionnaires ne sont pas exploitées si les conditions subjectives ne sont pas réunies au même moment.
Nous créons des « groupes de combat » mobiles qui peuvent participer à différentes manifestations, actions de rue ou événements de solidarité.
Nous construisons une nouvelle organisation de jeunesse avec des jeunes profondément attachés à l’idée de révolution.
Nous avons commencé à aller directement devant les usines afin de rencontrer les ouvriers. Ces expériences sont très positives.
Nous sommes ouverts à toutes les initiatives anticapitalistes et antimonopolistes et nous participons à toutes les actions qui participent à la lutte contre les supermarchés, contre la politique du logement néolibérale, contre les expulsions de ceux qui ne peuvent pas payer leur gaz et leur électricité.
Nous créons un système de média alternatif plus efficace, utilisant l’hebdomadaire ‘Szabadság’ (= « liberté »), internet et d’autres moyens. Nous développons un vaste système de pages internet consacrées aux organisations locales, utilisant la technologie de You Tube et d’autres technologies modernes liées à internet.
Coopération internationaliste (PC) vs réformisme européiste (PGE)
Camarades,
Nous luttons pour une coopération plus efficace des forces communistes au niveau international. Depuis notre dernière rencontre à Sao Paulo, nous avons beaucoup appris de l’expérience des partis communistes de Grèce et du Portugal sur la manière d’organiser et d’augmenter le niveau de mobilisation des masses. Nous renforçons nos relations avec les partis de gauche du Brésil, du Venezuela et d’autres partis du Forum de Sao Paulo afin de profiter de l’élan du processus révolutionnaire d’Amérique Latine. Nous soutenons l’idée de créer la Revue Communiste Internationale et prenons une part active à son élaboration.
Le parti communiste ouvrier hongrois a quitté le Parti de la Gauche Européenne (PGE) car nous sommes en désaccord avec la politique révisionniste et opportuniste de l’UE.
Nous voulons liquider le capitalisme ; le PGE souhaite l’amender. Notre activité est basée sur le marxisme-léninisme, la théorie et la pratique de la lutte des classes, les principes de l’internationalisme prolétarien. Celle du PGE est basée sur le réformisme. Le PGE ne combat le capitalisme que dans les mots, mais participe en pratique au renforcement de l’image ‘démocratique’ de l’Union Européenne, du parlement européen et du système capitaliste en général.
Sympathie inédite pour les idées communistes mais difficultés matérielles à les porter
Camarades,
Le parti communiste ouvrier hongrois est maintenant dans une situation très compliquée. La sympathie du peuple hongrois envers notre parti augmente. Après 20 ans de capitalisme, la plupart des gens commencent à comprendre ce que signifie l’exploitation capitaliste, le chômage et l’injustice sociale. Ils réalisent aussi que le parti communiste ouvrier hongrois a toujours été de leur côté et a toujours combattu pour leurs intérêts.
C’est une chance historique. Elle ne durera peut-être pas plusieurs années. Si nous pouvons utiliser cette chance, nous pouvons rentrer au parlement en 2010.
Cependant, et il s’agit de notre principal problème, nous devons reconnaître qu’après 20 ans de lutte, notre parti a épuisé toutes ses ressources financières. Nous avons une chance historique mais n’avons pas les moyens de publier du matériel politique ou de promouvoir nos candidats. Cela signifie, camarades, que nous ne pouvons pas saisir notre chance historique. Dès lors, le mouvement communiste hongrois peut tomber dans une situation grave.
Cependant, vous pouvez être assurés que nous n’abandonnerons jamais.
Nous vous souhaitons une grande réussite.
Site du Parti Communiste Ouvrier Hongrois: http://www.munkaspart.hu/
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