352308091_B973988760Z.1_20141106235937_000_G9J3E1KD0.2-0.jpg150 000 manifestants à Bruxelles contre la retraite à 67 ans : la plus grande manifestation depuis 20 ans en Belgique !

 

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

 

Qui l'eût cru? En cette rentrée, c'est la Belgique qui est à l'avant-garde des luttes, la France à la traîne. Ce jeudi, à Bruxelles, on a pu assister à la plus grande manifestation syndicale en Belgique de ces 20 dernières années.

 

Pour beaucoup de travailleurs belges, c'était la toute première fois. Une première manifestation pour dire Stop à une politique d'austérité qui n'en finit plus en Belgique, venus de Gand, Bruxelles, Liège ou Anvers, de Wallonie comme de Flandre, enseignants, infirmiers, cheminots ou ouvriers.

 

Ils étaient entre 100 et 150 000 à protester contre le plan du gouvernement Michel-De Wever, un véritable plan de guerre contre le monde du travail.

 

Retraite à 67 ans, désindexation des salaires, casse de la SNCB : stop !

 

La mesure-phare qui cristallise toutes les colères, c'est premièrement le recul de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans, d'ici 2030. Les retraites anticipées – jadis possibles dès 56 ans – ne seront possibles qu'à partir de 56 ans.

 

Rappelons que début XX ème siècle, Jules Guesde dénonçait le plan du gouvernement d'une retraite à 65 ans comme « la retraite pour les morts ». En 2014, on la recule plus seulement à 65 ans mais 67. Pour les Belges, à qui on avait promis de ne pas aller plus loin, c'est une trahison.

 

Mais ce n'est pas tout. Deuxièmement, le gouvernement envisage en 2015 un « saut d'index ». En Belgique, les salaires sont encore indexés sur le niveau de l'inflation, ce qui évite toute perte sèche de salaire. Le patronat veut s'en débarrasser comme l'a fait la France de Mauroy en 1982.

 

Un « saut d'index », c'est le gel de l'indice, soit concrètement une baisse de salaires nette.

 

Troisièmement, l'éducation et le rail se sont mobilisés massivement contre les coupes budgétaires.

 

La région Flandre envisage des coupes de 80 millions d'€ dans l'éducation supérieure, la Wallonie de 300 millions dans l'éducation primaire et secondaire, le gouvernement fédéral de supprimer 600 millions d'€ dans les subventions à la SNCB (Société nationale des chemins de fer belge).

 

Les principales centrales syndicales du pays avaient mobilisé pour cette manifestation, d'abord la FGTB (Fédération générale des travailleurs de Belgique) et la CSC (Confédération syndicale chrétienne).

 

Etudiants dans la rue, grèves spontanées dans le rail : la Belgique sous tension

 

La mobilisation a dépassé les espérances des leaders syndicaux, elle montre l'existence d'un rapport de force dans le pays.

 

Ce rapport de force s'est exprimé dans la manifestation étudiante du 2 octobre qui a mobilisé plusieurs milliers d'étudiants contre les coupes budgétaires, la hausse des frais d'inscription (le « minerval » en Belgique).

 

Une colère explosive comme dans les « grèves spontanées » qui se sont exprimées dans le rail à la mi-octobre en Wallonie : à Charleroi, Liège, la Louvière les bases syndicales ont débordé leurs directions pour exprimer leur colère face à la casse de la SNCB.

 

Ce jeudi, les principaux dirigeants syndicaux ont exprimé leur surprise et leur satisfaction face à l'ampleur de la plus grande manif syndicale depuis deux décennies :

 

« Dans beaucoup de secteurs, comme le transport et la logistique, les dockers, etc. nous n’avons eu aucun problème pour mobiliser nos affiliés. Aujourd’hui, les cheminots doivent travailler mais ils sont en colère : en plus des mesures du gouvernement fédéral qui vont les toucher de plein fouet, leur patron, Jo Cornu, n’arrête pas de faire des provocations dans la presse », confiait Katrien Verwimp, Présidente de la CSC-Transcom.

 

Marc Goblet, secrétaire national de la FGTB appelait à rester vigilants, et prêt à la lutte, en fin de manifestation : « Il faut supprimer le saut d’index. Tant qu’ils ne l’auront pas entendu, il n’y a aura pas d’autres réponses que la mobilisation. »

 

Le PTB au cœur de la lutte, dans la rue et au Parlement !

 

Le Parti du Travail de Belgique (PTB), marxiste – tout juste entré au Parlement avec deux députés –a soutenu la mobilisation, contribué à son échelle à son succès.

 

Les pancartes du PTB « Travailler jusqu'à 67 ans ? Pas question ! » se sont arrachées comme des petits pains, les militants du PTB ont fait signer 12 000 personnes de plus pour leur pétition contre le recul de l'âge de la retraite à 67 ans.

 

Le député PTB de Liège, Raoul Houdebouw était à la manifestation. Au podium du PTB, il a affirmé : « Nous écrivons ici dans la rue l’histoire sociale de notre pays. Nous allons faire plier ce gouvernement ».

 

Le député marxiste a porté la voix des travailleurs, en fin de journée, au Parlement :

 

« Monsieur le Premier ministre, vous revenez régulièrement sur le fait que les gens ne comprennent pas vos mesures. Je pense que c’est en fait juste le contraire : les gens comprennent très bien vos mesures. Ils comprennent très bien qu’il est illogique qu’on leur demande de travailler plus longtemps alors qu’il y a autant de jeunes qui n’attendent rien d’autre que de pouvoir enfin commencer à travailler.

 

Les gens comprennent très bien qu’un saut d’index ne va pas créer d’emplois parce que, dans notre pays, ce ne sont pas les salaires qui sont le problème, ils sont justement une partie de la solution. La Banque nationale dit clairement que le problème, en Belgique, c’est la baisse du pouvoir d’achat, et que l’économie est donc à l’arrêt ».

 

Voilà à quoi sert des députés au Parlement. Les deux députés du PTB utilisent le Parlement comme une tribune, comme le faisaient ces deux députés marxistes allemands en 1871 (Wilhelm Liebknecht et August Bebel) qui dénonçaient les forces réactionnaires, le capital monopoliste allemand au Reichstag.

 

Que l'on aimerait en France avoir de telles mobilisations, des députés aussi offensifs au Parlement. Pourtant, le potentiel existe, les bases syndicales sont combatives autant voire plus qu'en Belgique. Qu'est-ce qu'on attend pour monter au front … des luttes !

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