Mouvement général de protestation en Égypte

Répression féroce de la « Journée de la colère »

 

Les égyptiens ont manifesté, lundi, contre les politiques anti-populaires de Hosni Mubarak affrontant courageusement la répression mise en place par le régime.


L'action convoquée par le « Mouvement des jeunes du 6 avril » pour commémorer le premier anniversaire du soulèvement des ouvriers du textile dans la ville de Mahllah, en 2008, n'a pas pu trouver un écho massif, en conséquence de la répression féroce mise en place par le régime.

Anticipant une grande mobilisation de la part des travailleurs mécontents de l'exploitation éhontée dont ils sont victimes, le gouvernement égyptien a placé dans les villes principales un énorme dispositif policier. Les autorités avaient pour ordre d'arrêter tout individu manifestant contre le gouvernement. « Les Forces de sécurité ont été placées dans des 'zones sensibles' du Caire », a admis un officier cité par l'AFP sous couvert d'anonymat.

En dehors de la capitale, les groupes anti-émeutes ont été envoyées dans d'autres villes de ce pays qui compte 80 millions d'habitants, et dont près de la moitié vit dans les métropoles les plus proches du delta du Nil. Toutefois, beaucoup d'entre eux ont affronté courageusement la main de fer de la dictature.

Les militants pro-démocratie, les étudiants, journalistes et des centaines de manifestants ont exigé, dans plusieurs villes, l'augmentation des salaires comme mesure d'urgence pour lutter contre la pauvreté et la faim qui fait des ravages dans les classes populaires, et revendiqué la liberté d'action politique et syndicale, tout en exprimant leur rejet de la corruption.

Dans le centre du Caire, le syndicat des journalistes a réussi à rassembler un certain nombre de manifestants. Dans les universités du Caire, à Helwan, à Assiut et dans d'autres établissements de nombreuses autres villes, malgré les arrestations, des centaines d'étudiants ont participé aux manifestations. A Kafr-el-Sheik, les étudiants ont manifesté devant la porte d'un tribunal contre la détention et le jugement de deux de leurs collègues, la semaine passée, accusés d'avoir distribué des tracts pour le « Journée de la Colère ». Au moins 25 d'entre eux ont été arrêtés par les autorités, selon les agences internationales.

Important a été également le fait que le groupe politique des « Frères musulmans », très influent, ait manifesté son soutien à l'initiative. « Nous appelons les égyptiens à manifester contre la politique du régime qui ne profite qu'aux plus riches et, à cette fin, nous poussons à ce que tous les moyens pacifiques et légaux possibles soient utilisés », ont-ils souligné


Dynamique unitaire


Dans la convocation pour la « Journée de la colère », le « Mouvement des jeunes 6 avril », qui déclare rassembler différents secteurs sociaux et politiques égyptiens, remarque que « 40% de la population se retrouve dans une situation de pauvreté extrême, alors que le nombre de multi-millionnaires ne cesse de grandir à l'ombre du régime de Mubarak ». « Le gouvernement n'a aucun projet de développement pour fournir des services importants à la population, comme dans les secteurs de l'éducation ou de la santé, et ne met en place que des politiques qui servent les intérêts des grands patrons et des politiciens corrompus. Le gouvernement soutient que ces politiques ont permis d'obtenir des taux de croissance économiques élevés, mais il oublie que de tels résultats ont été atteints au prix de la destruction d'institutions d'assistance sociale, de milliers d'emplois supprimés et d'une inflation galopante. Les couches moyennes s'appauvrissent et les pauvres se battent pour un petit morceau de pain », ajoutent-ils.

Dans le communiqué diffusé sur Internet, le « mouvement du 6 avril » souligne aussi que « la situation politique n'est pas meilleure. Mubarak et ses hommes sont au pouvoir depuis plus de 30 ans et n'importe quel parti d'opposition est puni durement avec des incarcérations et l'usage de la torture. Les prisons sont pleines de prisonniers politiques. Le budget du Ministère de l'Intérieur égyptien est plus grand que celui du ministère de l'Education. Toutes les élections sont frauduleuses et manipulées au profit du Parti National Démocratique de Mubarak et de son fils Gamal ».

« Nous croyons que la seule manière de résoudre tous ces problèmes est de combattre la dictature et la corruption du régime de Mubarak. Depuis le 6 avril 2008, dans de nombreux secteurs, les travailleurs égyptiens ont mené d'importantes grèves qui ont touché tout le pays. Nous croyons qu'aucun des groupes d'opposition n'atteindra ses objectifs en s'isolant du peuple égyptien », souligne-t-il.

Le mouvement de jeunesse conclut le texte en exigeant la revalorisation du salaire minimum de 29 dollars à 210 dollars; l'élection d'une assemblée constituante où serait assurée la liberté de l'action politique et syndicale et la limitation à deux mandats présidentiels; et la suspension des exportations de gaz à destination de l'État d'Israël.

 

Numéro 1485 d'Avante, hedomadaire du PCP, édition du 9 avril

Traduit du portugais depuis http://www.avante.pt/.

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