La fin du miracle irlandais
19 avr. 2009
La fin du miracle irlandais
Traduction AC pour Solidarité-Internationale-PCF
Pendant les années 90, l'Irlande a été présentée par l'ensemble de la droite comme un exemple à suivre. Sa formule, faibles taux d'imposition pour le capital et déréglementation du marché du travail, a été suivie par plusieurs pays surtout en Europe Centrale et Orientale. Mais, la crise frappe à leur porte.
Le « tigre celte » comme il était appelé par tous les défenseurs de l'ultra-libéralisme, n'est aujourd'hui guère plus qu'un chaton apeuré. Après avoir enregistré dans les années 90 une croissance annuelle moyenne de 7%, l'Irlande a été le premier pays de l'Union Européenne à entrer en récession. En 2008, son PIB a baissé de 2,6% et pour cette année les prévisions annoncent une chute encore plus importante, autour de 8%. En 2010, l'économie devra continuer à se contracter et personne ne sait exactement quand reviendra la croissance. Si elle revient, de nombreuses années seront sans doute nécessaires pour se remettre de cette récession économique catastrophique.
Forcément, les causes de la crise sont à chercher dans le modèle qui est à l'origine du boom économique. Si dans les années 90 les investisseurs et les multinationales ont été attirés par la perspective de profits fabuleux, aujourd'hui la saturation des marchés les pousse à s'envoler vers d'autres cieux, c'est ce qu'a fait le groupe informatique nord-américain Dell qui a déjà annoncé le transfert de ses activités vers la Pologne.
Les conséquences sociales se devinent facilement: le chômage qui frôle déjà les 11% va continuer à augmenter et on prévoit qu'il atteigne les 14% de la population active d'ici à la fin de l'année. La baisse de l'activité économique, au-delà de la faillite du système bancaire, a vidé les caisses de l'Etat, transformant soudainement les vastes excédents budgétaires en lourds déficits, que les générations actuelles et futures de travailleurs devront payer avec leur sueur.
Annonçant ce qui va se produire, le 7 avril dernier, le ministre des Finances, Brian Lenihan a accompagné ces sombres prévisions de sévères mesures anti-sociales qui coûteront cher à l'extrême majorité des 4,4 millions d'habitants du pays. Sans cette « action corrective », a affirmé le ministre, le déficit budgétaire serait de 12,75% en 2009. La « correction » permettra de le ramener à 10,75%. La différence sera soutirée au peuple par le biais de nouveaux impôts et de coupes dans les dépenses sociales. Ce régime d'austérité devra s'accentuer dans les prochaines années, sachant que le déficit public doit redescendre sous la barre des trois pour cent, au plus tard d'ici 2013.
Le capital privilégié
Tout en reconnaissant que le pays connaît « un déclin sérieux des conditions de vie », Lenihan tient à rassurer le capital sur le fait que, pour lui, rien ne changera. L'impôt sur les bénéfices sera maintenu à 12,5%, un des taux les plus bas de toute l'Union Européenne.
En contrepartie, les revenus du travail seront taxés deux fois plus et sans que ceux qui touchent le salaire minimum y échappent. A ceux-là, l'Etat fera payer un impôt spécial de 7 euros par semaine. La taxe sur le tabac sera augmenté de 25 centimes et celle sur le diesel de 5 centimes par litre. Les ministères subiront une baisse moyenne de 3% de leurs budgets respectives.
Il y n'a aucun doute à avoir sur l'impopularité de ces mesures. Déjà le 21 février dernier, une manifestation de protestation avait rassemblé plus de 200 mille personnes dans la capitale irlandaise. Professeurs, policiers ainsi que l'ensemble des fonctionnaires, révoltés par des nouvelles hausses d'impôts qui coûteront entre 1500 et 2800 euros à chaque travailleur, ont donné le coup d'envoi des luttes sociales qui iront certainement en s'intensifiant au cours des prochains mois. Les raisons ne manquent pas.
Avante, hebdomadaire du PCP, numéro du 16 avril. http://www.avante.pt/
Petit supplément d'Avante sur la similarité avec la crise en Hongrie ici: Les Hongrois paieront la crise
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