Un premier Mai de lutte dans le monde qui pose le socialisme comme alternative
08 mai 2009Un Premier Mai de lutte qui pose le socialisme comme alternative
Traduction AC pour Solidarité-Internationale-PCF
Des millions de travailleurs ont fêté, ce vendredi Premier Mai, le Jour des Travailleurs. Ce jour a été marqué dans le monde entier par de grandes actions menées par les masses populaires, qui n'ont pas seulement exigé de leurs gouvernements respectifs des mesures concrètes face aux conséquences de la crise capitaliste, mais ont aussi réaffirmé que ce n'était pas aux travailleurs et aux peuples de payer la facture de ce système prédateur basé sur l'exploitation, défendu les processus souverains et anti-impérialistes, et posé le socialisme comme alternative.
Cela a été, pour ces raisons, un Premier Mai de lutte exprimé par ceux qui sont sortis dans la rue dans d'innombrables villes de tous les continents. De combat sur des questions immédiates – la protection de l'emploi et le maintien des droits des travailleurs durement acquis par des décennies de lutte; l'augmentation des salaires, des allocations et des retraites dans un contexte de paupérisation galopante et de dégradation des conditions de vie pour des millions d'êtres humains; la fin des aides qui se chiffrent en millions d'euros pour le capital financier et des politiques de choc qui visent à socialiser les pertes et à extorquer aux travailleurs et aux couches anti-monopolistes le refinancement du grand capital; la nationalisation des ressources et des secteurs stratégiques dans chaque pays; l'augmentation des impôts sur les revenus les plus élevés et sur les fortunes accumulées par la bourgeoisie; la taxation des opérations spéculatives, seulement pour ne citer que quelques exemples – mais aussi d'affirmation du socialisme comme objectif stratégique des travailleurs et des peuples et comme unique solution contre la barbarie.
Détermination et unité
Si en Amérique du Nord, épicentre de la crise capitaliste, la grande part des dizaines de milliers de travailleurs qui sont descendus dans la rue dans une centaine de villes pour fêter le Premier Mai étaient des immigrés mobilisés par leurs associations respectives de défense de leurs droits – aux Etats-Unis le Jour des Travailleurs est fêté en septembre –, en Europe les manifestations ont été dans leur extrême majorité promues par les organisations de classe et par le mouvement syndical unitaire.
En France, pour la première fois depuis de nombreuses années, une dizaine de strcutures syndicales ont animé conjointement près de 300 manifestations et défilés dans tout le pays. Les centrales syndicales disent qu'au moins 1,2 millions de français ont participé à ces actions. Cependant, ce n'est que la moitié du nombre de manifestants comptabilisés dans les actions qui se sont tenues en Russie, 2,5 millions de manifestants dans les plus grandes et plus combatives manifestations des 20 dernières années.
C'est dans l'unité également que différentes initiatives se sont déroulées dans plusieurs régions de l'Etat espagnol. A Madrid, les Commissions Ouvrières (CCOO) et l'UGT ont réaffirmé leur rejet de la proposition de nouveau contrat de travail avancé par le patronat. Il prétend imposer un contrat indéfini, d'une durée maximale de deux années avec des indemnisations, en cas de licenciement, en aucun cas supérieures à 8 jours de travail. Les travailleurs ne veulent rien entendre, et encore moins négocier sur ce sujet et en appellent à la grève générale, tant pour exiger des mesures urgentes du gouvernement Zapatero que pour lutter contre les licenciements massifs. Quelques jours avant le Premier Mai, même les journaux de la bourgeosie n'ont pas pu cacher le nombre de chômeurs dans le pays: plus de quatre millions, 800 mille d'entre eux ayant perdus leur emploi dans les trois premiers mois de l'année. (cf PCE: 4 millions de chômeurs en Espagne, il faut un changement )
En Allemagne, où l'on connaît la plus grande crise depuis la Seconde Guerre Mondiale, le PIB sera en recul de 6%, selon les prévisions officielles, et le nombre de « chômeurs involontaires » dépasse déjà la barre des 5 millions, les syndicats ont exigé du gouvernement des mesures effectives pour combattre le chômage et ont avancé des propositions pour augmenter la charge fiscale pour les plus hauts revenus et pour les opérations en bourse. Ce sont aux riches de payer la facture de la crise, a-t-on entendu dans les initiatives de la confédération syndicale DGB. Sur le territoire de la défunte République Démocratique Allemande le socialisme a été la solution présentée par les travailleurs dans de nombreuses manifestations, tout comme à Varsovie, en Pologne, où le défilé qui s'est achevé devant le Parlement s'est déroulé sous le mot d'ordre « liberté, égalité, socialisme ».
En Italie, les principaux dirigeants du pays ont décidé de commémorer le Premier Mai dans la ville martyrisée de l'Aquila, se solidarisant ainsi avec les victimes du tremblement de terre, alors qu'en Grèce la cible des manifestations menées par le mouvement syndical a été le gouvernement conservateur et le système capitaliste. « Nous avons déjà payé pour la croissance et l'accumulation de profits exhorbitants! Nous ne paierons pas aussi la crise du capitalisme! », a déclaré le Parti Communiste Grec (KKE) dans un communiqué qui exprime bien le sentiment des grecs vis-à-vis de la situation actuelle dans le pays et dans le monde. (cf 1er mai 2009: message du KKE pour la Journée des Travailleurs et Succès du Premier Mai en Grèce à l'appel du KKE et du PAME )
La répression n'étouffe pas les protestations
En Turquie, des centaines de milliers de personnes se sont rassemblés à Istamboul et ont tenté de rejoindre la Place Taksim, dans le centre-ville. Le défilé habituel qui marque le jour des travailleurs, permet de porter dans la rue leurs aspirations et leurs revendications, et qui est aussi un moyen de se rappeler du massacre de 31 manifestants, en 1977, a été brutalement réprimé par la police. Des dizaines de travailleurs ont été incarcérés.
Scénario similaire à Santiago du Chili, où près de 20 manifestants ont été arrêtés dans le cadre du défilé organisé dans la capitale, et en Colombie. Seulement à Bogota, 117 personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles 36 mineurs, et 5 blessés. La police a fait patrouiller dans la ville des véhicules blindés et des canons à eau, cherchant è empêcher la tenue des 13 défilés qui ont néanmoins convergé dans la place centrale de la ville, réunissant plus de 150 mille personnes qui ont réussi à échapper aux provocations officielles.
Au Brésil, la légalisation des centrales syndicales décidée antérieurement par le gouvernement de Lula a étendu les possibilités de mobilisation de ces organisations et mis fin au climat de peur dans la population. Sans inquiétudes, répondant à l'appel unitaire des trois plus grandes organisations du pays – la Centrale des Travailleurs du Brésil (CTB), l'Union Générale des Travailleurs (UGT) et la Nouvelle Centrale Syndicale des Travailleurs (NCST) –, plus de 200 000 personnes se sont rassemblées à Sao Paulo, mais aussi dans d'autres grandes villes comme à Natal ou à Caixas do Sul pour les défilés du Premier Mai, pour réclamer la réduction de la journée de travail sans perte de salaire, la réforme agraire et la défense des services publics.
Aux Philippines, la surveillance étroite de la part des autorités n'a pas empêché des milliers des personnes de manifester contre le chômage et de dénoncer l'incapacité du gouvernement de Gloria Arroyo à trouver une solution à la crise capitaliste qui puisse être favorable aux travailleurs. Encore sur le continent asiatique, on peut relever les mobilisations en Thailande, où près d'un million de postes de travail, principalement dans l'industrie exportatrice et dans le tourisme, ont été supprimés directement à cause de la crise lors des derniers mois: en Indonésie, où le peuple revendique des augmentations de salaires, des progrès dans le droit du Travail et des mesures contre la délocalisation des unités productives; à Taiwan, où le taux de chômage dépasse déjà les 5,8%, ou en Malaysie, où les foules rassemblées ont affirmé leur refus des solutions de l'exécutif pour surmonter la crise qui, ont-ils insisté, ne devraient pas faire payer le peuple.
Défendre les avancées, renforcer les transformations
A Cuba, le Premier Mai a fêté les 50 ans de la révolution et réaffirmé le processus de construction du socialisme. La foule a manifesté son engagement à travailler de manière plus efficace de façon à contribuer au développement du pays et diminuer le gaspillage de ressources et la dépendance extérieure, par exemple, au niveau alimentaire.
Lors de l'initiative qui a réuni des centaines de milliers de personnes Place de la Révolution, à la Havane, la Centrale des Travailleurs de Cuba a exigé encore que les Etats-Unis mettent fin au blocus économique et commercial contre le pays, insistant sur les paroles du président, Raul Castro, qui a rappelé que Cuba n'a pas à faire de gestes de bonne foi envers l'administration Obama, laquelle, en plus de maintenir telle quelle la politique criminelle des administrations précédentes, garde l'île socialiste sur la liste, publiée par le Département d'Etat un jour auparavant, le 30 avril, des pays qui soutiennent le terrorisme.
L'exemple de Cuba a encouragé les autres peuples à se libérer du joug oppresseur de l'impérialisme en Amérique Latine, comme c'est le cas en Bolivie, où Evo Morales a profité du Premier Mai pour annoncer la nationalisation de AirBP filiale locale du géant British Petroleum. L'entreprise approvisionne les avions de douze aéroports du pays et son inclusion dans le secteur public est un acte de défense de la souveraineté et de l'unité nationale au moment où les secteurs les plus réactionnaires de l'oligarchie bolivienne cherchent, avec l'appui de l'impérialisme, à diviser le pays et à prendre possession des ressources autochtones.
A La Paz, devant des milliers de personnes, Evo Morales s'est engagé à une augmentation de 5% du salaire miminum et a signé quatre décrets qui renforcent et élargissent les droits des travailleurs indépendemment du type de contrat, comme par exemple l'obligation pour les patrons de garantir de bonnes conditions d'hygiène, de santé et de sécurité sur les lieux de travail, ou l'obligation de payer des indemnisations aux travailleurs licenciés dans un délai de 90 jours, contre 5 ans actuellement.
Au Vénézuela, le jour des travailleurs a été marqué par l'entrée en vigueur d'une augmentation de salaire extraordinaire qui touche des millions de personnes parmi les couches les plus défavorisées, décidée en Mars par le gouvernement Bolivarien; et par le gigantesque défilé des partis et organisations syndicales révolutionnaires et progressistes.
Face à des centaines de milliers de supporters, à Caracas, le président Hugo Chavez a récusé les accusations infâmantes du gouvernement de Barack Obama quant à la non-collaboration du Vénézuela à la lutte contre le terrorisme. « S'il y a bien un gouvernement qui s'est attaqué aux peuples de ce continent ou d'autres continents, usant diverses méthodes illégales, violentes et terroristes, c'est bien le gouvernement nord-américain », a-t-il ajouté.
Aux antipodes des initiatives réalisées par les forces de gauche, l'opposition vénézuelienne a aussi cherché à perturber cette Journée des Travailleurs en organisant un défilé dans la capitale. La manifestation, avec à sa tête le Président de l'Assemblée de Caracas, Antonio Ledezma, a suivi dans un premier temps le parcours autorisé par les autorités. A un moment, Ledezma a appelé les siens à forcer le barrage policier et à diriger vers l'Assemblée Nationale. Un groupe de choc de droite s'est détaché pour provoquer l'affrontement avec la police métropolitaine et la garde nationale, tout cela retransmis en direct et avec les larges moyens investis par la chaîne de télévision Globovision, et, par la suite, amplifié dans les journaux, les télévisions, et les agences de presse du monde entier.
On a moins ébruité le fait que ce groupe ait tenté, sans succès, d'incendier une tente de la Société de Production et de Distribution Vénézuelienne Alimentaire. La tente d'une société qui met à disposition des biens alimentaires à des prix accessibles pour les classes populaires a été arrosée d'essence et a été quasiment totalement détruite, attitude qui illustre les motivations de ceux qui ont participé à la manifestation de l'opposition et les difficultés que rencontre le processus révolutionnaire bolivarien pour élever les conditions de vie des travailleurs auparavant laissés à la misère et à la famine par le pouvoir allié au capital.
Numéro 1849, 7 mai 2009, d'Avante
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