logopce-partidotrabajadores.jpgContribution aux débats du XVIIIème Congrès du Parti Communiste Espagnol

 

 

Jesus Caballero Soler – 15 juillet 2009 – Secrétaire à la communication du Parti Communiste d'Aragon



Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Voici le texte d'un camarade de la direction du PC d'Aragon répondant et critiquant point par point le projet de la direction du PCE pour le XVIIIème Congrès. Le score désastreux obtenu par Izquierda Unida aux élections européennes (3,7% - le résultat le plus faible de son histoire) réveille les doutes de certains camarades communistes au sein du PCE. Izquierda Unida n'ayant abouti qu'à détruire petit à petit l'organisation du parti, effacer l'identité communiste sans créer aucune dynamique unitaire et tout en réduisant le parti à une vision étroitement institutionnelle et électoraliste, le temps n'est-il pas venu de remettre en cause le projet Izquierda Unida et de redonner au parti son indépendance pleine et entière?


L'ensemble de l'analyse – riche et pertinente – mérite au moins le coup d'œil. Les passages traitant plus particulièrement des rapports entre Izquierda Unida et le PCE ont été mis en gras (voir en particulier le point 5)


AC



1. Crise financière et économique, responsables, résistances et alternatives. Rapports de force à l'échelle internationale et européenne. Un nouvel internationalisme pour le XXIème siècle



a) Questions de définition: le capitalisme, le PSOE, le PCE et IU...


La crise actuelle, devrait systématiquement être appelée « CRISE CAPITALISTE ». Je crois que nous devons intégrer à notre discours interne, c'est-à-dire, au type de formation des cadres militants révolutionnaires dont va se doter le Parti Communiste d'Espagne qui sortira du XVIIIème Congrès Fédéral, deux choses. Peut-être pas les plus importantes, encore moins les seules, mais selon moi qui sont indispensables: la clarification de l'objectif vers lequel, EN TANT QUE PARTI, nous dirigeons nos efforts et ensuite, la relance de l'initiative de ce que j'appelle la « caractérisation politique », la dénomination systématique des choses selon des concepts minimaux d'analyses nécessaires à un cadre communiste. Cette crise est une crise capitaliste; le PSOE N'EST PAS social-démocrate, c'est une organisation sociale-libérale, etc.



b) Face à cette crise du capitalisme, proposer une alternative économique réelle


Fondamentale est la caractérisation préalable de cette crise comme étant de nature structurelle, résultant des caractéristiques fondamentales du capitalisme en tant que système. Je ne suis pas économiste, mais (et ceci est un autre élément qui devrait nous faire réfléchir), il ne devrait pas y avoir d'ignorants des questions économiques. En réalité, je crois que la principale tâche du PCE, devrait être d'offrir une alternative économique réelle (également sociale, culturelle, etc... mais rappelons-nous que ceci fait partie de la « superstructure »). C'est seulement par le biais d'une alternative économique réelle, qui existe et que l'on peut détailler et expliquer, que chaque militant peut comprendre et transmettre son savoir et qui ensuite peut être perçue par le capitalisme, et par ses chiens de garde et ses porte-paroles, comme telle.



c) Le PCE doit s'inscrire en rupture avec le capitalisme et avec cette forme d'État


En ce sens, il faut briser la séparation existant entre les citoyens et les centres de décision de la politique économique mondiale. Si je le comprends bien, ce que Fukuyama disait quand il affirmait que l'histoire touchait à sa fin, n'était pas du tout une pensée naïve. Ce qu'il affirmait, c'était que, une fois l'URSS disparue, le capitalisme et la démocratie néo-libérale, mise dans le premier monde dans une situation de stabilité financière et dans l'absence de la capacité à lui opposer une réponse systémique; et bien en caricaturant Marx, face à cette nouvelle thèse, il n'y aurait pas d'antithèse possible. Ainsi, l'histoire était terminée. Mais, cela ne doit pas se passer comme ça. Le PCE doit affirmer clairement que l'avenir naturel d'un capitalisme financier et spéculateur, prédateur et dans certains cas assassin, est de laisser les décisions-clés concernant les directeurs et les directions de l'économie internationale à des cadres qui ne sont contrôlés d'aucune manière par l'ensemble des citoyens. A partir du moment où l'État participe à ce simulacre de démocratie, « l'État réellement existant » ne fait que se discréditer en tant qu'alternative potentielle, plongé jusqu'au cou dans une mer « de solutions/problèmes » partiels, telles que les injections économiques dans des entreprises en faillite. Avec une certaine dose de démagogie que j'oserais appeler « simplicité révolutionnaire », l'argent du peuple sert à laver le linge sage des riches. A partir du moment où plus de 85% (je ne sais pas le pourcentage exact) de l'arc parlementaire (de l'État espagnol, des Autonomies, de la majeure partie du monde), défend ce modèle économique et ce rôle pour l'État, le PCE devrait acter du fait que la phase actuelle de la démocratie doit être considérée comme terminée.



d) La principale tâche du PCE: proposer une alternative concrète sur le plan politique et économique


L'union de ce modèle politique et de ce système économique n'est pas anodine, dans la mesure où le premier n'est pas la cause du second, mais le choix et le développement logique du second, une nécessité. C'est pour cela, que nous devrions être tout à fait clair sur ce point. Le PCE affirme qu'elle considère comme dépassé le chapitre de la démocratie néo-libérale. Peut-être est-ce aussi un bon moment pour élever le degré de participation que nous laisse ce modèle et à commencer par le Parti, et par l'auto-critique au sein du Parti, au lieu de laisser la critique du PCE à ceux pour qui cela constitue une sorte de passage obligé, la lettre de marque de tout gauchiste qui se respecte. Ainsi, la principale tâche, LA PRINCIPALE TACHE pour le PCE dans cette période, doit être de développer en des termes réels, noir sur blanc, des propositions concrètes, avec un modèle concret, ce que nous offrons comme alternative au capitalisme, sur le plan politique (forme de gouvernement, procédés électoraux, développement de la démocratie au sein du PCE, rôle de l'État, rôle de l'armée...) et sur le plan économique (bases théoriques économiques, forme de financement de l'État et des Autonomies, compétences exclusives de l'État dans les secteurs stratégiques, quels sont ces secteurs, la Banque publique, la Banque mixte, les modèles: modèles fiscaux, modèles de rémunération...)



e) Vocation majoritaire du PCE? Oui, mais dans le rassemblement populaire, pas dans les alliances électoralistes


Assumer le fait que ce choix, implique un choix, qui n'est pas tellement celui de la marginalité politique et sociale, que celui de tenter de déplacer la ligne de la marginalité vers la gauche. C'est-à-dire, affirmer avec force que cela signifie se situer en dehors du système. Participation électorale et gestion du pouvoir? Seulement dans la mesure où cela sert l'intérêt de notre objectif final (à définir, rappelons-nous!). Il n'y a pas de quoi crier au scandale. C'est ce que tout le monde fait sauf le PCE et IU. Vocation minoritaire? Bien sûr que non. C'est tout le contraire. Vocation à être une autre majorité avec les millions de personnes qui votent aujourd'hui pour le capitalisme, dupés par l'illusion d'être dans la classe moyenne et convaincus qu'il n'existe pas d'alternative.



f) La reconstitution de l'« internationale communiste » comme base de l'internationalisme du XXIème siècle.


Les deux derniers points de la proposition fédérale que l'on retrouve dans le titre de ce paragraphe, je les réunis en un seul point. Évidemment, sans appuis internationaux basés sur le contrôle d'appareils étatiques, il est fondamental de développer réellement une reconstruction de l'unité politique de toutes les organisations COMMUNISTES qui partagent le même objectif d'un changement structurel. D'abord en Europe et ensuite dans le reste du monde. Il n'existe pas de lutte sans lutte locale réelle dans des conditions objectives concrètes, mais il n'existe pas non plus de lutte qui ne s'insère pas le contexte d'une lutte européenne, mondiale. Cela signifie, autrement dit, que nous partageons les luttes de tous ceux qui luttent contre le capitalisme. Partager les espoirs, les réussites et les résistances héroïques, mais aussi la part d'ombre que ces luttes impliquent, loin de tous les manichéismes imposées par le rouleau-compresseur néo-libéral. Définissons notre internationalisme comme étant « de classe et solidaire », en mettant, si cela n'était pas déjà fait, les points sur les i de ce qu'on appelle les nationalismes de gauche. Nous devons reconnaître le droit à l'auto-détermination comme quelque chose d'inhérent aux peuples, mais de subordonné au droit de la classe ouvrière à avancer uni contre un ennemi de classe, et non contre un ennemi national. Le débat entre Rosa Luxembourg et Lénine, ne consistait pas à mon avis sur la question: peut-on (ou alors doit-on) lutter à travers l'utilisation de l'identité nationale à la construction de la révolution, mais quelle place doit occuper cet aspect dans la construction d'une alternative communiste qui soit raisonnablement proche des principes du vingtième siècle. Nous ne sommes plus dans la même situation, ni dans le même rapport de forces. Les forces capitalistes nous ont quasiment écrasé. Pourtant, c'est en assumant ces éléments et en partant toujours de la volonté de rassembler des forces, et pas seulement de survivre, que le PCE offrira et renforcera l'idée d'une authentique « Internationale Communiste » qui soit capable d'entrer en relations – comme une entité unique – avec le reste des acteurs de la lutte contre le capitalisme.



2. Caractérisation de la crise en Espagne. Alternatives; Structure de classe. Le niveau actuel de la conscience de classe. Priorités de travail. Le PCE et le mouvement ouvrier, le PCE dans le mouvement syndical. La classe ouvrière organisée dans la lutte pour le changement social. Lutte idéologique et culturelle.



a) Deux éléments pour l'analyse de la crise en Espagne: analyse économique et analyse politique de classe


Dans la droite ligne de ce qui a été dit auparavant, la caractérisation de la crise en Espagne doit nécessairement passer par la division d'une telle analyse en deux éléments du parti pris de la transformation sociale choisi par le Parti Communiste d'Espagne: l'analyse économique et l'analyse politique de classe.



b) Analyse économique: critique du néo-libéralisme, de la politique de désindustrialisation et défense des services publics comme base d'analyse


En ce qui concerne l'économie, je ne crois pas que cela soit un objectif du XVIIIème Congrès que de définir les lignes fondamentales des propositions économiques communistes. Cela doit être bien plus un processus structurel loin de tout raccourci facile, cela devrait être le fruit d'un vaste débat collectif impliquant les bases, les cadres moyens et les dirigeants du PCE. Partant des multiples analyses d'économistes du Parti ou y compris d'idées de ceux qui ne sont pas actuellement dans le Parti, mais qui reprennent l'esprit de nos propositions, en partant également des journées de la FIM « Crise économique et limites du capitalisme en Espagne » ou alors de celles organisées par les différents organismes du Parti qui ont déjà travaillé sur la question. En partant de tout cela, le XVIIIème Congrès devra impliquer les militants dans le travail, durant toute la période entre le XVIIIème et le XIXème Congrès pour débattre, enrichir, apprendre et assimiler les lignes générales de la proposition économique du PCE pour la construction du Socialisme du XXIème siècle. Ensuite, ce sera le XIXème Congrès qui devra acter de la mise en œuvre de ces politiques et définir la manière dont elles seront mises en place dans la société espagnole dans son ensemble, d'une seule voix. Évidemment, j'entends par là que le XVIIIème Congrès devra indiquer le chemin que nous devrons commencer à emprunter. Ainsi donc, l'immersion dans les politiques néo-libérales, avec la diminution progressive du rôle de l'État dans l'économie, l'abandon des services publics dans des secteurs essentiels comme la santé, l'éducation, les transports, l'énergie, etc., laissant toujours plus de place à la gestion mixte quand ce n'est pas directement au privé, le parti pris du bâtiment comme moteur fondamental de l'économie et de l'enrichissement surtout d'une poignée sur le dos des autres, au prix d'un travail toujours plus dérégulé, source constante d'accidents et de morts au travail, d'un véritable terrorisme patronal (fait partie de tout cela: l'absence d'investissement dans les mesures de sécurité, dans des conditions de travail dignes, une stratégie qui vise à la destruction de la capacité d'opposition et de revendication collective de la parti des travailleurs du secteur), le choix toujours plus marqué pour les secteurs instables de l'économie (tourisme, services...), au détriment d'une politique industrielle d'auto-suffisance et de stabilité, seraient quelques-uns des éléments de notre analyse.



c) Analyse politique de classe: disséquer la classe d'ouvrière d'aujourd'hui qui sera la base sociale du PCE de demain



Par rapport à l'analyse politique de classe, il faut dire que cela devrait être le nœud gordien de l'étude de la crise capitaliste en Espagne. Le système politique, capitalisme d'État, sous la forme d'une monarchie parlementaire qui n'a pas su dépasser les héritages du franquisme, avec un bi-partisme toujours plus prononcé qui ne représente aucune alternative réelle, mais plutôt une alternance à deux faces, la « bonne » et la « mauvaise » face du néo-libéralisme, est un de nos principaux obstacles pour la construction d'une alternative réelle. L'analyse de la composition de la classe ouvrière, est également un élément fondamental pour les travaux du XVIIIème Congrès. Une « classe déclassée », classe qui a quasiment perdu toute conscience de classe et qui se limite, dans l'illusion qu'elle a d'être dans la classe moyenne, à se résigner de manière complètement a-critique, à cautionner par le vote (et seulement par le vote, sans aucune capacité supplémentaire de participation) l'alternance bi-partisane qui consolide le néo-libéralisme en Espagne. Il n'y a pas 25 millions de banquiers, de riches en Espagne, mais c'est à peu près le nombre de personnes qui votent pour le néo-libéralisme. C'est dans cette partie de la classe ouvrière qui vote pour le néo-libéralisme que ce soit activement ou en s'abstenant nonchalamment de participer aux processus électoraux, se trouve la base sociale du PCE de demain. Des femmes, des jeunes, des précaires, des immigrés, des chômeurs de longue durée (licenciés vers 50 ans et avec une espérance de vie moyenne autour de 80 ans), en somme les exclus de la répartition des bénéfices du système capitaliste. Des gens qui devraient être en train d'exploser dans un mouvement de colère. Mais... pourquoi ce n'est pas le cas? Pourquoi la classe ouvrière espagnole ne réagit-elle pas massivement à la crise? Nous devons penser, qu'entre autre, notre retrait du champ politique pendant les 20 ans de construction d'une Izquierda Unida qui n'a jamais mené à rien, a contribué sans doute à cette perte de conscience de classe. Cela doit être résolu immédiatement. Avec des messages clairs, effectivement anti-capitalistes, de rupture avec la constitution monarchique de 1978, qui prennent le pari d'un autre modèle productif, d'un autre modèle économique, mais aussi d'un autre modèle social et culturel, qui privilégie le collectif sur l'individuel, le public sur le privé, qui démystifie la réussite de ceux qui s'enrichissent rapidement ou de ceux qui ont le moins de scrupules, avec ces messages démultipliés par toute l'organisation militante du PCE, nous devons contribuer à la re-politisation de la société, à aiguiser les contradictions de classe et tout en étant conscients que nous entrons en conflit avec les forces qui défendent le capitalisme et que serons traités comme tels.



d) La contradiction capital/travail: principal antagonisme dans la société



En ce sens, il faut consolider notre parti pris selon lequel la contradiction capital-travail est la principale dans notre société. C'est pour cela qu'il faut approfondir le rôle actif du Parti dans le mouvement ouvrier par une dynamique de participation « offensive », qui est ce qui correspond à un Parti politique et qui fait la différence avec la lutte syndicale, qui par sa nature même est un mouvement défensif. Participation active en tant que Parti aux luttes pour les droits de la classe ouvrière qui se déroulent dans chaque cadre, y compris en proposant ou en lançant la lutte pour la conquête de droits que les travailleurs n'impulsent pas eux-mêmes. Parti pris d'un syndicalisme de classe et combattif, loin d'un modèle syndical de gestion de services. Dénonciation de ce dernier modèle, si le choix contraire n'est pas possible, prendre le parti d'un nouveau modèle syndical dans lequel la stratégie communiste peut adopter des lignes tactiques autonomes.



3. Défense du public dans les secteurs stratégiques et dans les services de base (éducation, santé, logement, transport et énergie)



a) Un œil sur la construction société socialiste de demain, un autre sur notre capacité d'intervention dans la société actuelle



Le Parti Communiste d'Espagne, doit avoir toujours une double proposition, toujours quand il parle, à partir du XVIIIème Congrès, de chacunes des grandes questions sur lesquelles il s'exprime. Rappelons-nous de Alexandra Kollontai quand elle énonçait chacune des avancées de l'Union Soviétique pour les femmes, en insistant à chaque fois sur leur libération préalable de l'oppression capitaliste. Cette duplicité sous-entend que nous portions nos propositions concernant la gestion d'un État socialiste tout en énonçant, d'un autre côté, nos capacités d'intervention dans la société actuelle.



b) Définition des grandes lignes du Parti: défense des services publics, nationalisations, laïcité... Le rôle des militants dans la propagation des propositions économiques du parti



En ce sens, le PCE devra se positionner sur ces grandes questions en tant qu'organisation qui propose une société nouvelle, et sur quels principes de base nous basons nos propositions pour chaque question séparément. Par exemple, en soutenant la nécessité de l'existence d'une Banque Publique, avec des capacités financières réelles, et dont les critères en terme de rentabilité et de prestations de services correspondent aux objectifs stratégiques d'une société socialiste. En affirmant l'interdiction pour l'État de financer les écoles religieuses ou qui ne remplissent pas les principes de base de la construction socialiste en matière éducative; la nationalisation et la gestion efficace (concepts que nous devrons hélas travailler en profondeur pour qu'ils soient perçus comme allant de pair) des transports (autoroutes, chemins de fer...) et de l'énergie (électricité, gaz, gestion de l'eau...), insérés dans une politique stratégique d'État, ou en proposant un système de santé qui réponde véritablement aux principes de la santé pour tous. Ces éléments devront être connus de tous les militants du parti avec un double objectif Le premier et le plus évident, pour qu'ils connaissent les propositions stratégiques du Parti. Le deuxième, objectif, plus organisationnel, implique de la part des militants une certaine activité dans la société, dans leur environnement, pour démultiplier le message dans toute la société qu'il existe une alternative systémique au modèle capitaliste actuel.



c) Analyse particulière par des camarades du parti impliqués dans les luttes menées dans chaque secteur


D'un autre côté le PCE, en tant que Parti inséré dans la société réellement existante, doit avoir une série de propositions pour chacune de ces grandes questions. Je crois que, pour chaque matière, ces propositions doivent être développées par des personnes impliquées en profondeur dans ces luttes. En ce qui concerne les propositions actuellement existantes de protestation contre les privatisations dans différents secteurs, modèles de gestion sociale ou participative, il est virtuellement impossible de les connaître toutes. Ainsi, je me centrerai ici sur les propositions en terme de santé; avec les positions que le PCE devrait soutenir dans la période suivant le XVIIIème Congrès.



D1) Analyse dans un secteur particulier: sur le thème de la santé:



d2) Je crois que la Fédération des Associations pour la Défense de la Santé Publique en vient à affirmer dans sa proposition qu'elle vise à « l'intégration de tous les services et de tous les départements orientés vers la promotion et la protection de la santé, vers l'aide sanitaire et la réhabilitation et la réinsertion sociale, en un dispositif unique sur la base d'un Service National de Santé qui remplisse les critères d'universalité des prestations, de facilité d'accès, de financement public, de gratuité au moment de l'usage, de décentralisation auprès des différentes communautés autonomes, avec un système efficace de participation et de contrôle des professionnels et de tous les citoyens, qui prête une attention intégrale et continue à la santé, structuré avec des niveaux de complexité intimement lié entre eux et programmé pour répondre aux besoins et aux problèmes des personnes, de la communauté et du milieu dans lesquels celles-ci passent leur vie et travaillent ».



d3) Évidemment, en développant nos propres propositions, je crois que cela vaut la peine de s'arrêter sur chacun des éléments de cette définition. Ainsi, je crois effectivement que toutes les prestations de santé, les services et départements de protection de la santé, tant au niveau des soins primaires que des soins hospitaliers, doivent être assurées par un unique Système National de Santé, qui soit la propriété publique de l'État et dont la gestion, les prestations et le financement public doivent être maintenus loins des accords et des conventions avec des entités privées ou mixtes. Cela implique également la réincorporation des Mutuelles du Travail dans le Système National de Santé. Ce système doit être universel, c'est-à-dire accessible à toutes les personnes qu'elles que soient leurs ressources. Il faut s'éloigner des concepts de remboursement partiel, grand débat sur l'avenir immédiat du système de santé. Le remboursement partiel, la non-gratuité au moment de l'usage sous quelque forme que ce soit, loin d'être soi-disant un facteur dissuasif de la sur-utilisation des ressources de santé (évidemment limitées) de chaque région, est en fait un moyen d'abandonner le principe de solidarité selon lequel ceux qui ont plus (dans ce cas, une meilleure santé), donnent pour ceux qui ont moins (dans ce cas, les usagers des différents dispositifs de santé). Bien qu'il faille développer ce dernier point plus en profondeur, la gestion la plus adéquate des ressources économiques, humaines et matérielles du Système National de Santé, ainsi que l'utilisation optimale des compétences et une meilleure connaissance de la part de la population du dispositif adapté à chaque cas de maladie, accompagnée par une politique de gestion du personnel qui répartissent le personnel au mieux en fonction des besoins des populations tels qu'énoncés par l'OMS (1500 personnes par médecin de famille; 1300 par pédiatre), doivent être la base théorique sur laquelle il faut juger de l'efficacité dans la prestations des services de la part du Système National de Santé. Le financement public, qui doit être géré par l'État avec un service autonome et par la participation de tous les acteurs (professionnels et usagers), propriétaires du SNS, doit être effectif et réel. Un système qui cherche la production de service de soins et de prévention avec des programmes de défense de la santé, a besoin de dispositifs d'interaction plus complexes et flexibles avec les personnes dont il s'occupe. Reste encore en définir peut-être un système dans lequel les usagers ne seraient pas de simples récepteurs de services et les professionnels de simples bureaucrates. Rappelons-nous qu'il s'agit de la santé de la Communauté.



e) Défendre l'excellence dans les services publics


Enfin, seulement signaler qu'en tant que PCE, nous qui sommes les meilleurs défenseurs des services publics, nous devons veiller à ce que dans ces services, l'éthique du travail et professionnelle soit la plus élevée. Il est sûr que l'on peut et que l'on doit améliorer la gestion des ressources et l'utilisation des moyens financiers dans tous les services publics. On doit toujours tendre à l'excellence dans chacune des missions confiées à l'administration Publique. Il est évident que l'on peut et que l'on doit purger l'administration des éléments qui s'en servent pour leur propre profit, les militants communistes doivent être en première ligne de ce combat, aussi inconfortable cette position puisse être parfois.



f) Intégrer les services de sécurité intérieure et extérieure dans la catégorie des services publics


Finalement, signaler certains aspects qui, dans certains pays ont déjà été réalisés et que nous ne pouvons pas oublier. Des éléments qui doivent faire partie des Services Publics de base de l'État (après dans un État socialiste, mais aussi dans nos sociétés capitalistes nous devons lutter pour cela), sont les Forces Armées, les services de Renseignement et les Corps et Forces de Sécurité de l'État Mais ce débat, nous le renvoyons à plus tard. A bien plus tard.



4.République Fédérale, notre proposition de modèle d'État



a) Mise au point sur la définition du fédéralisme


Le fédéralisme (selon Wikipédia) est une doctrine politique qui vise à ce qu'une entité politique ou une organisation soit formée par des différents organismes (États, associations, groupes, syndicats, etc.) qui s'associent en déléguant certaines de leurs libertés ou certains de leurs pouvoirs propres à un autre organisme supérieur, qui détient la souveraineté, (État fédéral ou fédération) et qui conservent une certaine autonomie, sachant que certaines compétences lui appartiennent exclusivement. Ceci est, dans les grandes lignes, l'idée de République Fédérale, forme de gouvernement que de notre côté, nous devons défendre dans tous nos documents sur le sujet.



b) Être un républicain conséquent, c'est rompre avec la constitution monarchique


En ce sens, il faudrait inclure dans nos documents politiques une clarification noire sur blanc de notre rupture avec le pacte constitutionnel. Je sais qu'on n'est pas plus léniniste en le disant, et que nous n'exorciserons rien en disant des dizaines de fois que nous rompons avec le pacte constitutionnel de la Transition. Mais d'un autre côté je crois, pour des raisons de politique stratégique d'alliances qui seront exposées dans le point suivant, que nous ne pouvons pas en rester à un parti pris vague bien que ferme de dépassement de ce pacte. Pour le PCE, et pour les raisons déjà exposées, la démocratie formelle représentative sous sa forme néo-libérale actuelle, doit être dépassée. Dans l'État espagnol, ce modèle se concrétise dans notre monarchie parlementaire. Les raisons qui légitiment la mise en place d'une véritable démocratie et de son approfondissement socialiste ont été exposées. Restent les raisons de mettre en place un régime républicain. Ainsi, face à ce que nous considérons être une trahison de l'esprit des accords de la Transition, mis sous tutelle de droit par une figure non éligible, héréditaire et héritière du franquisme, qui détient la magistrature suprême, nous devrions acter notre refus de reconnaître la légitimité de cette soi-disant magistrature suprême. Je crois que sur ce point nous devons être courageux et affirmer les choses franchement. Beaucoup de gens, y compris au sein de la gauche qui se dit hégémonique, on adopte une position confortable en revendiquant un républicanisme qui ne dépasse pas les limites de la Constitution (monarchique) Espagnole. Le PCE doit faire ce pas en avant, sans avoir peur d'en payer le prix. C'est seulement à partir de la non-reconnaissance de la figure de la Monarchie (et des « grands d'Espagne » qui l'accompagnent, c'est sûr), que nous pouvons fonder les bases théoriques pour la revendication d'un référendum sur la forme de l'État, pour que les citoyens puissent choisir entre république et monarchie.



c) Le combat pour la république fédérale avant de se perdre en conjectures sur notre « État » idéal


Par rapport à la forme concrète sous laquelle s'articulera l'État fédéral, je crois que le PCE, malgré sa vocation majoritaire, de gouvernement révolutionnaire, ne peut pas tomber dans les travers de la définition exacte, en ce moment, des caractéristiques de la IIIe République Espagnole. Nous devons biens plus chercher à informer les gens sur ce que cela signifie réellement. Descendre dans la rue avec nos réponses aux questions: Pourquoi la République? Pourquoi le fédéralisme et pas d'autres modèles? Je crois que c'est cela et rien d'autre que nous devons faire en ce moment. Évidemment, certaines choses devront être définies, comme l'existence d'une Banque Publique contrôlée par l'État fédéral et avec une capacité redistributive, ou la responsabilité unique (sans l'intention qu'elle soit exhaustive) de l'État fédéral dans la protection de la santé, dans l'éducation, la défense ou les relations internationales.



5.Avancer dans la construction du socialisme du XXIème siècle. Quel modèle, quel instrument de convergence; notre apport au processus de refondation de Izquierda Unida.



a) Le combat pour le socialisme du XXIème siècle passera par une revendication critique de notre histoire communiste et un soutien sincère aux expériences socialistes actuelles


La construction du socialisme au XXIème siècle passera, entre autres, par une politique rénovée de convergence, d'alliances entre tous les secteurs qui comprennent que la voie capitaliste est épuisée, discréditée et, en fait, la cause de la majeure partie des injustices structurelles dans le monde. Ceci n'est pas de la rhétorique populiste mais la stricte description de la réalité. Si nous jugeons que le capitalisme est le système politique et socio-économique que la majeure partie de la classe gouvernante a accepté, nous devrons estimer que la cause des problèmes que vivons actuellement, dans ce qui est évidemment la crise du capitalisme, sont à rechercher dans ce système même. Nous comptons sur ceux qui ne croient pas que ces problèmes puissent être résolus par des réformes partielles ou des changements ponctuels, mais qui croient que la solution doit venir d'un changement profond et structurel, qui modifie les relations économiques et productives et pèse sur l'évolution de l'être humain en tant que partie intégrante d'une communauté. De cette manière, nous nous sentons comme de fiers héritiers mais pas des esclaves des expériences de gouvernement révolutionnaire dans le passé, comme l'Union Soviétique qui, malgré ses erreurs, a proposé aux plus défavorisés dans le monde une alternative réelle à l'exploitation capitaliste. Et elle l'a fait bien qu'elle ait eu à subir la plus grande attaque qu'un système n'ait jamais eu à affronter. Les avancées en terme de politique sociale, les droits socio-économiques que l'URSS a octroyé à des centaines de millions de personnes, nous poussent à apprendre du passé en affirmant que, la prochaine fois, nous ferons encore mieux. Nous nous sentons également unis de manière fraternelle avec les peuples effectivement en lutte contre le capitalisme, comme Cuba, mais aussi le reste d'un continent qui se lève au rythme des pas en avant que font ses peuples, le Vénézuela, la Bolivie, l'Équateur, le Nicaragua, le Brésil... et évidemment impliqués dans les luttes et parmi ceux qui les mènent, dans nos contrées Européennes; nous affirmons donc que le socialisme, comme voie vers le communisme, est le plus juste des systèmes possibles pour le XXIème siècle.



b) Notre identité communiste, condition sine qua non d'un rassemblement populaire anti-capitaliste


C'est une évidence de dire que, sur ce chemin, les militants communistes marcheront main dans la main avec d'autres acteurs anti-communistes ou alors on réussira difficilement le quart de nos objectifs. Mais ce serait être naïf que de croire que ce sera en effaçant notre propre identité marxiste, communiste, que nous serons capable de faire avancer cette somme de forces pour faire trembler les fondations mêmes du capitalisme dans cette crise qui s'aggrave en ce moment. C'est tout le contraire. Ce sera en conservant notre identité communiste que nous avancerons sincèrement sur cette voie. Premièrement, parce que cela nous placera en fait, sans possibilité d'interprétation dans l'autre sens, dans le camp des anti-capitalistes; deuxièmement, parce que c'est seulement en montrant sincèrement notre vrai visage, que nous aurons la certitude que nous serons bien perçus et que nous pourrons réconcilier le mouvement anti-capitaliste et l'ensemble de la population. (…)



c) La nécessaire réorganisation du PCE et la prise de distance avec Izquierda Unida


Pour que cela soit possible, pour que le PCE fasse entendre sa voix avec la force nécessaire, une condition « sine qua non » est de modifier notre rapport avec le projet qu'IU implique. IU est un projet difficilement réformable, dans le sens d'en faire un outil utile dans la construction du socialisme. Engluée dans un discours vaguement révolutionnaire et clairement institutionnelle, IU est tiraillée actuellement entre l'idée de mettre en avant ceux qui veulent qu'elle se place sur des positions plus révolutionnaires et la peur de perdre les positions institutionnelles acquises au sein de notre démocratie formelle. Sans chercher à dévaloriser les luttes d'IU, ses succès et ses conquêtes indéniables, ce qui est sûr c'est que ce document [celui de la direction] ne parle pas de cela. Dans ce document, on se demande ce que devrait faire le PCE pour construire une politique d'alliances révolutionnaires. Dans ce texte, notre proposition est de combattre l'idée, marquée au fer rouge dans les têtes des militants du PCE, que la survie de IU est une condition nécessaire pour que le Parti ne soit pas réduit à une position marginale, au sein d'une gauche infantile et auto-complaisante. Cela ne se passe pas comme ça. Notre outil est et doit être le Parti. Évidemment, nous ne disons pas ici que le XVIIIème Congrès doive proposer la sortie d'IU. Pas ici, pas maintenant. Toutefois, je crois que ce serait un grand pas en avant que de décréter que la formule du XVIIème Congrès qui affirmait que: « Le Parti détient toutes les compétences d'un parti politique sauf celle de se présenter aux élections et les conséquences qui en découlent » doit être considérée comme dépassée au vu des derniers événements. Ainsi, une formule d'adhésion du PCE à IU dans la nouvelle période, devrait passer par une grande flexibilité de cette adhésion. Tout militant communiste qui ne désire pas être militant d'IU, doit pouvoir en rester en dehors. On ne doit pas considérer comme acquis le fait de se présenter aux élections sous la bannière d'IU si le PCE, à travers ses organes, ne considère pas que c'est le meilleur choix à ce moment précis. Ce qu'IU décide sur ce plan est une autre question, mais il paraît indispensable que le Parti récupère sa capacité à débattre en son sein de tout cela. Y compris sur la question électorale et des questions qui en découlent sur le plan institutionnel. IU ne serait-elle pas une coalition? Parfait! Dans cette formule, le PCE peut se sentir à l'aise. Mais à chaque moment précis, nous pouvons faire le choix de cet outil institutionnel/électoral qu'est IU, comme nous pouvons en faire un autre ou décider d'y aller seul. Pas de quoi être choqué, camarades. Nous faisons cela avec d'autres organisations à chaque processus électoral. Tout en étant conscients de l'importance des échéances électorales et de la présence institutionnelle, nous sommes également conscients que le travail que doit réaliser le Parti est dans la rue, à organiser la riposte au capitalisme dans la société et à augmenter le niveau intellectuel, militant et révolutionnaire de ses cadres, à réaffirmer la centralité du PCE au sein même du Parti et non dans d'autres cadres, voilà la voie que nous devrions suivre. Tout en respectant les décisions qui se prennent en coordination avec d'autres camarades au sein d'IU qui est une coalition électorale, un mouvement politique et social, mais PAS un parti.



d) Nous n'avons pas hérité le Parti Communiste de nos prédécesseurs, ce sont les générations futures qui nous le prêtent...


Et à partir de là camarades, travailler. Le chemin est difficile, raide et semé d'embûches. D'autres, dans des circonstances bien pires, ont compris que le Parti Communiste n'est pas un héritage de nos prédécesseurs, mais un prêt que nous font nous successeurs sur le chemin de la révolution et du socialisme, du communisme. Serons-nous capables de le comprendre, nous aussi?



Site du Parti Communiste Espagnol: http://www.pce.es/

Sous-titres et passages mis en gras à la discrétion du traducteur



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