XVIIIème Congrès du PCE: la reconstruction ou la mort

 

de José Marin Ibarruri*

Publié initialement le 16 février 2009

 

Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Certains voudraient l'enterrer. D'autres désirent qu'il disparaisse. D'autres encore aimeraient le voir devenir rien de plus qu'un salon de thé. Certains s'en sont servi comme d'un tremplin. Et d'autres pour passer sur les ondres en prétendant avoir milité en son sein. D'autres enfin vivent en écrivant des ignominies sur son cas. Et tant d'autres prétendent faire de la politique en le salissant.

 

Cette année, on fêtera le XVIIIème Congrès du PCE, et l'affrontement de deux positions. D'un côté celle de ceux qui préfèrent travailler dans IU face à ceux qui parient sur la reconstruction du PCE. Que la seconde position – majoritaire chez les militants – puisse être hégmonique au Congrès, et que des incompétents opportunistes ne s'en servent pas comme d'un tremplin personnel, dépendra d'un travail effectif des bases et de la pression qu'elles réussiront à exercer sur les organes de direction qui sont sur cette ligne.

 

Les communistes ont présenté la dernière Assemblée de Izquierda Unida plus ou moins comme la dernière chance de relancer la coalition. Ils ne se trompaient pas. C'est finalement Cayo Lara qui est devenu le nouveau Coordinateur Général. Cayo Lara est un type honnête et un homme politique exemplaire, et sans doute la personne idoine en ce moment pour relancer le travail politique auprès des masses. Cependant, du déroulement de cette Assemblée ressort certaines interrogations. D'une part, le fait que sans un PCE un tant soit peu uni autour d'un projet concret, n'est viable aucune coalition de caractère nettement anti-capitaliste et qui corrige les dérives écolo-nationalistes, fruit de sa faiblesse idéologique. D'autre part, le fait que le PCE continue à être désuni, et que ses militants ne rament pas tous dans la même direction. Autrement dit, il est incompréhensible qu'il y ait des militants du PCE qui se présentent, lors de la dernière Assemblée, sur des listes opposées.

 

Depuis le XVIIème Congrés, il est aussi apparu évident que, pour certains dirigeants, la priorité était la lutte pour la relance du projet d'IU, et qu'elle passait avant celle pour la reconstruction du Parti Communiste d'Espagne. A quoi a servi – par exemple – le Programme-Manifeste [texte final du XVIIème Congrès]? C'est sûr que dans les quatre dernières années on pouvait voir bien plus de drapeaux rouges, que le PCE s'est remis à jouer un rôle actif dans les mouvements sociaux, que des cellules et des sections se sont réactivées, que des Comités de section et des Comités Fédéraux se sont renforcées. Mais, n'oublions pas que tout cela a eu lieu malgré ou contre notre direction, qui elle s'occupait d'autres sujets, et que ce fut l'oeuvre des bases militantes où celles-ci en avaient la volonté et la capacité. Tout simplement.

 

Il est rare, que d'une réunion d'un Comité Fédéral [Comité Central du PCE] sorte une proposition de travail ou une consigne qui suscite l'enthousiasme des bases militantes et les mobilisent pour l'action. Cela est dû au fait que celui-ci ne peut pas agir comme si tout se déroulait dans les bureaux ou dans les couloirs, mais il doit agir comme un organe dirigeant d'un Parti de lutte et ceux qui ne croient pas en cela, devraient se trouver dans une toute autre organisation que la nôtre, et encore moins dans notre direction.

 

IU n'est pas un parti, et le Parti Communiste n'est pas un parti comme les autres. La discipline est fondamentale, mais sans organisation on ne peut ni avoir ni unité d'action ni discipline. C'est pour cela qu'un dirigeant qui exige un discipline sans avoir bâti d'organisation et qui construit l'unité d'action sur ces bases, ne fait rien d'autre que se payer la tête des militants. C'est pourquoi, avant tout: organisation. Et ou il existe ou se crée une organisation, il existe un Parti. La ou il n'y en a pas, il n'y a que des clans.

 

C'est le cas par exemple à Madrid, d'ou vient, on n'en doute pas, Angel Perez, désormais responsable de la communication d'IU, et principal maître d'oeuvre de la décrépitude du Parti Communiste de Madrid et dont je manquerais pas de rappeler certains phrases pour le situer idéologiquement:

 

« Face à ceux qui à partir d'un libéralisme doctrinaure, néo-libéral, opposent le Marché à l'Etat, ou plaident en faveur d'un Etat dépouillé de ses obligations et de ses fonctions sociales et régulatrices, il devient nécessaire de leur rappeler quelque chose d'aussi élémentaire que l'existence même de marchés efficaces, c'est-à-dire, de marché ouverts, transparents et compétitifs nécessite l'existence d'un cadre institutionnel, juridique et politique adéquat, ainsi que des politiques régulatrices qui promeuvent et garantissent justement l'effiacité des marchés, en combattant les politiques collusives à caractère monopoliste ou oligopoliste, et qui nuisent à l'unité et à la fluidité de ces marchés ».

 

(…)

 

« Le Marché et l'Etat social doivent fonctionner au sein d'un cadre juridique-institutionnel clair, transparent et prévisible, dans lequel chacun remplit ses propres fonctions, sans ingérences ni distorsions ».

 

(…)

 

« Aujourd'hui on ne discute même plus du rôle essentiel joué par le Marché en tant que mécanisme d'allocation des ressources, de dimanisation et d'innovation économique. Comme mécanisme créateur de croissance et de richesse. Comme un élément décisif, indispensable à une économie moderne et dynamique ».

 

Et bien, une fois qu'on a lu cela, on se dit qu'il va falloir faire attention à ceux à qui on va confier le déroulement du prochain congrès du PCE, car ce Congrès doit être seulement celui des communistes, pas de ceux qui ont se sont servis et se serviront du Parti comme d'un tremplin pour leurs ambtions personnelles.

 

Et que le PCE ne peut plus rester l'otage de IU ni de personne d'autre. Et alors, évidemment, que fait-on de la dette d'IU? Que fait-on des milliers de militants expulsés d'IU? C'est une folie que de conserver la structure de deux organisations parallèles. Il faut alléger les structures d'IU jusqu'à leur minimum et renforcer les structures du PCE. Que chaque organisation avec lesquelles nous partageons ce projet fasse la même chose. Du XVIIIème Congrès, devraient sortir plusieurs éléments. D'une part, que dans les cellules et sections qui ne se réussissent pas, qui peuvent paralyser l'activité du Parti, les comités de direction soient dissous. Ou par exemple que ceux qui maintiennent une ligne politique contraire à celle du PCE dans le travail réalisé auprès des masses, ne puissent pas continuer à rester dans le Parti.

 

 

Dans la dernière conférence politique du PCE, on a entériné toute une série d'amendements qui n'ont même pas été soumis au vote. On disait pourtant que l'on prétendait ouvrir un débat en vue du Congrès, et là on nous disait que « cela ne nous concernait pas ». Et bien maintenant que l'Assemblée d'IU est passée, vient maintenant le moment d'affronter le XVIIIème Congrès.

 

Le XVIIIème Congrès, ce sont les bases, les comités de section et fédéraux qui doivent le préparer, si nous voulons que le PCE redevienne ce qu'il n'aurait jamais dû cessé d'être. Attendre que des illusionistes le préparent, ce serait perdre une occasion unique de reconstruire le Parti. Pour que le PCE redevienne le point de référence des travailleurs et travailleuses, des étudiants et des intellectuels, de la Culture avec une majuscule. Nous devrons affronter l'avenir avec le regard posé vers l'utopie, les pieds sur terre, le coeur militant, la main tendue et le poing serré.

 


*Pseudonyme d'un membre du Comité Fédéral (Comité Central du PCE)

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