Commémoration de la tragédie de l'Union patriotique en Colombie: 5 000 militants communistes et syndicaux assassinés depuis 1986 par l'État fascisant et les para-militaires
12 déc. 2010 Commémoration de la tragédie de l'Union patriotique en Colombie: 5 000 militants communistes et syndicaux assassinés depuis 1986 par l'État fascisant et les para-militaires
Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Pendant trois jours à la fin du mois d'octobre, les proches des militants tués et les survivants de la persécution gouvernementale avaient rendu hommage à l'Union Patriotique de Colombie (UP). Ils avaient commémoré les victimes du massacre des militants de l'UP, qui, après près d'un quart de siècle, est toujours en cours.
Un plan de paix négocié par le Président Belisario Betancur et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), a donné naissance à l'Union patriotique, formée en 1985 comme coalition électorale. La plupart des candidats aux postes publics à tous les échelons de l'État appartenaient aux FARC ou au Parti communiste colombien (PCC). La possibilité que les guérillas abandonnent les armes pour la lutte démocratique pacifique se dessinait alors.
Mais le massacre orchestré par les forces de sécurité et les para-militaires de droite a commencé immédiatement. Depuis 1986, près de 5 000 militants – y compris des élus, candidats, dirigeants syndicaux, militants des droits de l'Homme et deux candidats présidentiels de l'UP – ont été tués. L'impunité a constitué la règle.
Carlos Lozano, éditeur du journal du Parti communiste colombien Voz et membre du Comité exécutif du PCC, s'est exprimé lors d'un des rassemblements commémoratifs, rappelant en particulier la mémoire du candidat présidentiel de l'UP Jaime Pardo Leal. Assassiné le 11 octobre 1987, Pardo Leal était, selon Lozano, un « remarquable juriste, un combattant révolutionnaire et un militant du Parti communiste ». Il s'était « dévoué à la mise sur pied d'une alternative de gauche porteuse de transformation sociale et politique ».
Le 11 octobre est devenu « le jour national pour la dignité des victimes du génocide contre l'Union patriotique ».
Lozano a mis sur un même plan le gouvernement du président actuel Juan Manuel Santos et celui de son prédécesseur Alvaro Uribe. Les deux régimes représentent le « même capitalisme exploiteur s'accompagnant de violences de la part des sommets du pouvoir – visant à faire taire opposants et critiques ».
Il a reconnu en la coalition de gauche, le Pôle démocratique alternatif, comme le continuateur de la mission de l'UP, c'est-à-dire celle de forger pacifiquement un avenir fait d'espoir, de changement radical et de justice. S'étant lui-même présenté aux législatives pour le Pôle, Lozano voit ce parti comme « un bastion de la lutte anti-impérialiste, coupant les ponts avec l'impérialisme et maintenant le cap de la lutte anti-oligarchique pour réaliser de profonds changements politiques, économiques et sociaux ».
Mais il a mis en garde: « Mais ils ne se réaliseront pas par la voie de la conciliation, par la faiblesse politique ou en acceptant les aumônes de l'État pour recevoir des miettes ». Lozano a insisté sur la nécessité de l'indépendance politique pour une mobilisation politique des travailleurs.
Les survivants des massacres de l'UP sont encore confrontés à la persécution, l'emprisonnement et la torture. Et, selon un organisateur des commémorations, « le génocide contre l'Union patriotique continue, en particulier contre les membres du Parti communiste qui font partie de l'UP », a-t-il déclaré.
Une lettre de prison du survivant de l'UP David Ravelo Crespo, publié le mois dernier, témoignait sur la manière dont les survivants continuent dans leur travail politique postérieur de subir la persécution.
Dans sa lettre, Ravelo, membre du Comité central du PCC, raconte son arrestation du 14 septembre à Barracabermeja, une ville productrice de pétrole au nord de la Colombie. Les autorités l'ont ensuite transféré à la prison de Bogota en vertu de la législation anti-terroriste. Un capo para-militaire incarcéré a désigné Ravelo comme l' « instigateur » d'un meurtre il y a 19 ans. Des membres de sa famille avaient auparavant reçu de multiples menaces de mort.
Ravelo se voit comme « un prisonnier de conscience, emprisonné pour avoir pensé et réfléchi différemment de l'estabishment ». Sa vie a été « consacrée à la lutte contre les inégalités et les disparités sociales. Construire une patrie où les enfants pleureraient, mais de bonheur, est la raison d'être de notre lutte ».
Il se rappelle de sa lutte comme militant étudiant, bibliothécaire, professeur d'université et responsable depuis 1993 du groupe pour les Droits de l'Homme CREDHOS. Il a servi comme agent à la commission logement, délégué à l'Assemblée régionale et conseiller municipal, tout cela sous la bannière de l'UP. Ravelo a contribué à organiser les grèves de réaction aux massacres des militants de l'UP. Il a été emprisonné sans motifs valables pendant 27 mois en 1992.
Les médias ont récemment allégué que Ravelo était un dirigeant des FARC, mais il les accusé de lui en vouloir pour avoir distribué une vidéo montrant l'ancien président Uribe se concertant avec des dirigeants para-militaires de droite.
Ravelo a récemment mené des manifestations contre les projets gouvernementaux de privatiser l'entreprise d'engrais Ferticol situé à Barrancabermeja. L'entreprise publique est « une source de vie pour cette région », a-t-il déclaré dans un article.
A l'origine de sa persécution, affirme Ravelo, se trouve une campagne destinée à « affaiblir le mouvement populaire et en particulier les organisations de défense de droits de l'Homme ». Il promet de « continuer à rester ferme sur mes principes », ajoutant que « le roseau de la vérité peut plier, mais il ne rompra jamais ».
Article initialement publié dans un numéro de novembre de People's World, journal du PC des Etats-unis
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