73752_resized_cosatusacp.jpgCongrès extraordinaire du PC Sud-Africain: un parti en pleine ascension et à la croisée des chemins



Le Congrès extraordinaire du PC Sud-Africain, qui s'est déroulé à Polokwane du 9 au 13 décembre 2009, est le Congrès d'un Parti en pleine ascension mais également à la croisée des chemins.


En pleine ascension, car le PC sud-africain (SACP) revendiquerait désormais 96 000 adhérents, un chiffre en augmentation exponentielle depuis quelques années, doublant régulièrement entre les congrès (le chiffre officiel était de 50 000 adhérents pour le dernier congrès régulier). Et ces adhérents, nouveaux ou anciens, sont avant tout des salariés impliqués dans les luttes. Car la COSATU, le grand syndicat aux 600 000 adhérents qui fait partie de l'alliance tri-partite anti-apartheid, joue pleinement son rôle de courroie de transmission. Et les liens entre la COSATU et le SACP ne cessent de se raffermir et, de plus en plus, les éléments les plus combattifs du syndicat rejoignent désormais le parti. Signe frappant de la vitalité du parti communiste, 70% des militants du parti ont moins de 35 ans.


C'est un signe, assurément positif, que la 12ème rencontre des Partis Communistes, en 2010, se déroule en Afrique du Sud. Certes, ce sera une rencontre symbolique car la première organisée sur le continent Africain, mais ce sera aussi et surtout mettre en valeur un parti qui a décidé de rester communiste, qui a pris le parti de la lutte; un parti jeune et dynamique; le parti symbole de la lutte démocratique et anti-raciste.


Mais le parti est aussi à la croisée des chemins. Partie prenante de l'alliance historique anti-apartheid avec l'ANC et la COSATU, la politique néo-libérale menée par les dirigeants de l'ANC depuis la fin des années 1990 est entrée en contradiction avec l'espoir révolutionnaire démocratique porté par l'alliance. Le SACP et la COSATU n'ont jamais cessé de lutter dans la rue et sur les lieux de travail contre les plans anti-sociaux mis en oeuvre par certains leaders droitiers de l'ANC, tout en défendant les acquis démocratiques, issus de la lutte clandestine contre le régime fasciste, contre les nostalgiques de l'apartheid. L'élection de Jacob Zuma, fin 2008, sous la pression du syndicat et du parti communiste, avait allumé une nouvel espoir d'un changement démocratique et socialiste. Un an après, le bilan est mitigé, le climat est plus propice aux luttes, mais – sans ses luttes – le pouvoir se montre très prudent dans un changement de cap politique et économique.


Ce congrès s'est ouvert alors que des tensions fortes s'étaient manifestées entre certains secteurs de l'ANC et le SACP, tensions que les médias bourgeois ont pris un certain plaisir à exacerber. Toutefois, le Parti a tenu à réaffirmer la nécessité de renforcer l'alliance tri-partite lors de congrès, tout en confirmant que seule la voie de la lutte sociale, et un Parti communiste renforcé impliqué dans ses luttes permettra au peuple sud-africain de sortir de la crise capitaliste qui frappe durement les travailleurs d'Afrique du Sud.


Ici, nous publions la déclaration rendue par le Parti à l'issue du Congrès extraordinaire. Nous publierons dans les prochains jours et les prochaines semaines des documents du SACP, y compris ceux ayant trait aux débats dans le Parti autour de ce congrès.

AC



Article d'AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Déclaration finale du Congrès National Extraordinaire du SACP



Polokwane, 13 décembre 2009



Nous nous sommes réunis à Polokwane durant ces quatre jours, à mi-chemin entre les deux congrès, pour le Congrès National Extraordinaire de 2009 du SACP. Nous sommes 900 délégués représentant 96 000 communistes des quatre coins de l'Afrique du Sud. Nous avons invité en même temps des camarades de la Jeunesse Communiste, des partenaires de notre Alliance, et d'organisations soeurs du monde entier.



Au début de notre Congrès Extraordinaire, tous ensemble, nous nous sommes fixés trois grands objectifs stratégiques:



Premièrement, nous avons dit que nous devions développer, nous communistes avec nos alliés, notre analyse de la crise capitaliste actuelle – une crise profonde, systémique et loin d'être terminée. C'est une crise qui a aggravé la détresse et les souffrances de milliards de travailleurs et de pauvres dans le monde. Ici, en Afrique du Sud, un million de travailleurs ont perdu leur emploi au cours de cette seule année.



Face à cette crise, le Congrès extraordinaire a souligné la nécessité impérieuse de prendre les mesures anti-capitalistes de nature à la fois défensives et offensives. Dans le monde entier, la crise a obligé le Capital à dépendre de plus en plus de l'Etat pour obtenir de lui renflouements, paquets de sauvetage et interventions protectrices. Nous lutterons, ici en Afrique du Sud, pour nous assurer que nous pourrons utiliser cette dépendance croissante des capitalistes vis-à-vis de l'Etat pour faire avancer nos propres objectifs, qui sont de faire reculer leur domination avide sur la production et la répartition de la plus-value. Nous nous engageons à nous organiser et à nous mobiliser sur nos lieux de travail, dans nos quartiers, à l'intérieur de l'Etat même afin de nous assurer que ce ne seront pas les travailleurs et les pauvres qui auront à supporter le fardeau de la crise capitaliste.



Nous avons convenu que la crise mondiale actuelle est, en fait, une crise de la civilisation humaine elle-même. La course au profit et l'accumulation capitaliste nous mènent de plus en plus au bord du gouffre, à la dégradation des conditions bio-physiques qui permettent une vie durable sur notre planète. Alors que le monde entier se réunit à Copenhague cette semaine pour se mettre d'accord sur les réponses à adopter vis-à-vis du changement climatique, il est clair que le capitalisme n'a pas de réponse à la crise à laquelle nous sommes tous confrontés. En fait, la plupart des réponses capitalistes, comme le système d'échange de quotas d'émission, ne feront qu'alimenter la prochaine frénésie spéculative de la bourgeoisie et aggraver les dangers mortels auxquels nous sommes confrontés.



Nous disons: la seule réponse durable au changement climatique est le changement de SYSTEME. La lutte pour le socialisme et la lutte pour la préservation de nos forêts, de nos terres, de notre eau, de l'air que nous respirons – ne sont qu'une seule et même lutte. Comme tous les membres du SACP, nous sommes verts parce que nous sommes rouges.



Sur nos responsabilités internationalistes, ce Congrès National Extraordinaire a réaffirmé notre engagement, celui de travailler avec les forces progressistes, de coordonner les résistances de nos peuples dans toute l'Afrique contre les guerres néo-coloniales, de lutter contre les interventions impérialistes, et de construire un mouvement pacifiste fort contre la prolifération et pour la fermeture de toutes les bases militaires étrangères.



Nous nous sommes engagés à organiser une solidarié massive avec les peuples du Sahara Occidental et de Palestine dans leurs luttes pour le droit fondamental à l'auto-détermination. Nous appelons le Maroc et l'Espagne à garantir le rapatriement de Aminatou Haidar.



Le SACP continuera à soutenir une résolution progressiste de l'impasse politique dans laquelle se trouve le Zimbabwe, en donnant la priorité à la satisfaction des besoins fondamentaux du peuple Zimbabwéen. Nous continuerons à nous mobiliser contre le régime despotique au Swaziland.



Deuxièmement, au début de ce Congrès, nous avions dit que nous avions une obligation d'apporter une réponse à une réalité cruelle – après 15 ans de démocratie dans notre pays, après plus d'une décennie de croissance économique, bien que des progrès aient pu être constatés sur plusieurs fronts, notre société continue à être caractérisée par des niveaux effrayants d'inégalités raciales, et par les niveaux critiques atteints par le taux de chômage. L'oppression patriarcale continue à toucher des millions de femmes. Ensemble, nous avons mis en lumière les traits systémiques sous-jacents qui permettent la reproduction de cette crise du sous-développement.



Dans les discussions plénières et dans les commissions, nous nous sommes mis d'accord sur un programme d'action pour répondre à ces réalités nationales. Nous poursuivrons et approfondirions notre engagement commun au sein de l'Alliance à placer notre économie sur une autre voie, créatrice d'emplois. Nous allons proposer des politiques industrielles dirigées par l'Etat et orientées vers les intérêts des travailleurs. Nous allons nous assurer que la politique macro-économique descende de son trône, et redescende sur terre. Elle doit être en phase avec nos priorités stratégiques de développement. Aux côtés de nos partenaires de l'Alliance et des masses rurales, nous allons proposer de faire du développement rural un pilier de notre révolution. Nous nous engageons à nous saisir de la question essentielle du gouvernement local, en insistant tout particulièrement sur la construction d'un pouvoir populaire à l'échelon local à travers des organes de démocratie participative.



Ensemble, transformons le système éducatif et de formation. Nous nous sommes engagés à apporter le soutien du SACP à la campagne gouvernementale de lutte contre le SIDA. Prenons la responsabilité collective de freiner cette pandémie qui ravage notre société. Nous réaffirmons notre engagement à lutter pour une Sécurité Sociale Nationale, construite selon le principe « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».



Ensemble, faisons en sorte que les travailleurs s'organisent et se mobilisent pour prendre la place qui devrait être la leur sur les lieux de travail. Ensemble, hommes et femmes, brisons le carcan de l'oppression patriarcale.



Ensemble, avec nos Alliés, et la grande majorité des Sud-Africains, nous, Communistes, nous engageons à combattre les fléaux du crime et de la corruption. Nous mènerons cette lutte sans crainte ni complaisance. Sans une vigilance des militants ouvriers, la corruption dévorera notre démocratie.



Trosièmement, au début de notre Congrès, nous avons convenu que notre devoir, en tant que SACP, était de mener l'analyse des progrès et des défis qui se posent pour notre parti, et plus largement au sein de l'Alliance menée par l'ANC. Que s'est-il passé depuis notre 12ème Congrès National de 2007? Que s'est-il passé depuis la 52ème Conférence Nationale de l'ANC, de décembre 2007? Nous avons noté les progrès importants réalisés dans la consolidation de l'unité de notre alliance. Nous avons noté l'unité combattante qui s'est construite autour des élections d'Avril. Portons ces progrès dans chaque district et dans chaque quartier de notre pays.



Nous avons aussi noté les premiers signes inquiétants, mais parfois bruyamment anti-communistes, de tendances chauvines au sein de notre alliance. Ensemble, avec tous les partenaires de l'Alliance, nous nous engageons à tuer cette tendance dans l'oeuf. Nous nous engageons à combattre les luttes entre factions, pas par notre propre fraction, mais avec un programme d'action reposant sur des principes. Nous nous engageons à ne pas répondre aux tentatives de diversion, ou des provocations qui deviendront de plus en plus une tendance isolée et incohérente. Nous tenons à défendre nos principes Communistes fondamentaux de solidarité, d'internationalisme et de rejet ferme de toutes les formes de chauvinisme. Nous nous engagerons toujours, à être une force disciplinée et unitaire, au coeur du notre mouvement révolutionnaire.



En tant que SACP, nous avons combattu dans de nombreuses luttes. Nous nous sommes endurcis dans la lutte. Nous sommes fiers de la croissance spectaculaire du nombre d'adhérents à notre parti depuis le 12ème Congrès.



Nos opposants, et même certains de nos amis, sont sceptiques à propos de la perspective de construire une Afrique du Sud socialiste. Ils nous exhortent à donner plus de détails, à leur donner une « feuille de route socialiste » prête à l'emploi, des utopies fantaisistes du genre de celles que Marx et Engels avaient, en leur temps, rejeté. Comme Chris Hani nous l'a toujours rappelé, le socialisme doit être construit ici et maintenant dans les luttes des millions et des millions de travailleurs et de pauvres.

Le socialisme, a-t-il toujours dit, ne se construit pas dans un monde idéal; il n'appartient pas au royaume des cieux ou à des temps lointains.

Il doit être construit ici par l'action collective.

Ce sont des choses simples – de la nourriture, un logement et du travail pour les chômeurs qui ne veulent qu'être actifs. C'est une vie digne pour les jeunes et les vieux

Ce sont des choses simples, et pourtant si difficiles à atteindre dans un monde capitaliste.

Le socialisme, c'est s'éloigner de la cupidité capitaliste irresponsable et faire le choix de la solidarité avec nos frères, de la responsabilité vis-à-vis de notre planète menacée.

Le socialisme est une question de bon sens – un bon sens qui est constamment remis en cause dans un monde capitaliste.



C'est pourquoi nous disons: A luta continua!

Le Socialisme représente l'avenir! Construisons-le maintenant!



Site du Parti Communiste Sud-Africain: http://www.sacp.org.za/

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