16 mai chiliConvergence des luttes entre mineurs et étudiants au Chili : des centaines de milliers de manifestants dans la rue contre des reculs sociaux qui ramènent le pays à l'ère Pinochet

 

 

Traduction AC pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/ et pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/ et

 

 

Article publié originellement sur Avante, quotidien du Parti communiste portugais (PCP)

 

 

Des milliers de chiliens ont protesté la semaine passée contre les politiques anti-populaires et anti-ouvrières du gouvernement et ont revendiqué un nouveau modèle socio-économique pour le pays.

 

Les actions revendicatives ont commencé mercredi 16 mai avec une manifestation qui a réuni plus de 100 000 étudiants dans la capitale Santiago. La seconde mobilisation convoquée cette année par les élèves du Supérieur et du Secondaire a dépassé l'initiative réalisée au cours du mois d'avril – dans laquelle s'étaient retrouvés 80 000 étudiants – et qui a eu comme revendication centrale la mise en place d'un système d'enseignement public, gratuit et de qualité, la même qui, en 2011, a conduit l'ensemble des agents de l'éducation à des mobilisations sans précédent depuis plus d'une décennie.

 

« Lycéens, étudiants et professeurs sont unis dans la lutte pour liquider l'héritage de la dictature, un système éducatif ségrégatif qui discrimine les pauvres », a souligné Gabriel Boric, de la Confédération des étudiants du Chili.

 

L'accès à l'université au Chili est considéré comme un des plus onéreux u monde. Le Centre d'études pour un développement alternatif (CEDA) estime à 4 000 $ annuels le prix minimum pour accéder à l'enseignement supérieur.

 

Aujourd'hui, cette somme équivaut au revenu mensuel moyen d'une famille chilienne aisée, en revanche, un ménage à faible revenu a besoin d'à peu près 20 salaires pour payer un an à l'université pour un de ses enfants.

 

Le programme de Prêts garantis par l’État, en vigueur, couvre jusqu'à 100% du coût des frais universitaires à un taux d'intérêt de 6%. Le problème, c'est que les élèves et leurs familles respectives s'endettent sur une ou deux décennies, ce qui, dans la conjoncture actuelle, est inaccessible pour des milliers de travailleurs licenciés et de familles chiliennes modestes, un fait qui montre crûment toute la fausseté de la prétention à l'universalité du système et sa soumission à la logique du profit.

 

Ceux qui ont profité de la situation, ce sont les entités bancaires qui, depuis 2006, ont déjà engrangé près de 550 milliards de dollars avec le « financement » des études de milliers de jeunes, révèlent les données recueillies par la Red Diario Digital do Chile.

 

Les mineurs rejoignent la lutte des étudiants chiliens

 

Dans la lutte se trouvent également les mineurs chiliens qui, mercredi 17 mai, ont réalisé une manifestation nationale contre le régime d'authentique esclavage auquel sont sujets les travailleurs du secteur dans les entreprises publiques et privées, a souligné le président de la Confédération des travailleurs du cuivre (CTC), Cristian Cuevas.



Pour Cuevas, la situation des mineurs confirme un recul de plusieurs décennies pour ce qui est de leurs droits, rémunérations, horaires, liberté d'action et organisation syndicale, et enfin sécurité au travail, fruit non seulement d'une dégradation imposée dans les entreprises déjà existantes mais, aussi de l’aggravation de l'exploitation des travailleurs dans les nouvelles concessions minières.



La Confédération minière du Chili et la Fédération de la Mina Escondida, la plus grande mine de cuivre du monde, ont également adhéré à la journée convoquée par la CTC. Au total, selon les organisations syndicales, 35 000 mineurs sont entrés en lutte, dans les entreprises publiques comme privées, travailleurs en CDI et précaires puisque plus rien ne les différencie.



Vendredi 18 mai, les populations du Nord du Chili ont pris le relais des manifestations de la puissante force sociale que représentent les mineurs, mais, cette fois, pour défendre une plus juste redistribution de l'exploitation du sous-sol pour les municipalités.



Le gouvernement chilien propose la création d'un fonds (Fondenor), qui, d'ici 2025, partagera 225 millions de $ entre 40 communes, mais l'immense majorité de la population et certains élus locaux contestent le projet.



Esteban Velásquez, le président de l'Assemblée de Calama, la plus importante ville minière du Chili, située dans la région d'Antofagasta, rappelle que l'argent ne suffit même pas pour construire un hôpital décent.



Dans les cinq dernières annés, seulement dans la province d'El Loa, où se trouve Calama, fut extraits des matières premières d'une valeur de plus de 15 milliards de $ mais le peuple n'en a que peu ou pas du tout bénéficié. La même chose se passe dans les autres villes et provinces minières chiliennes, c'est pour cette raison qu'ont été réalisées des manifestations, défilés, blocages de routes contre le Fondenor dans 30 localités du nord du pays.

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