Coupes budgétaires drastiques au Royaume-Uni: ce sont les travailleurs qui paieront la crise provoquée par le capital
03 nov. 2010 Coupes drastiques au Royaume-Uni: une razzia sociale
Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Le gouvernement conservateur-libéral du Royaume-Uni a annoncé, le 20 octobre dernier, un programme inédit, qui prévoit l'élimination de 500 000 emplois dans le secteur public et des coupes budgétaires d'une valeur de 83 milliards de livres (95 milliards d'euros).
Une diminution aussi brutale des dépenses publiques, combinées avec une hausse des impôts de l'ordre de 30 milliards de livres, provoquera la perte de 500 000 emplois également dans le secteur privé, dégradera fortement les conditions de vie des plus défavorisés et plongera l'économie britannique dans une profonde récession.
Toutefois, pour le ministre des Finances, George Osborne, descendant d'une riche famille d'industriels, lui-même possesseur d'une fortune évaluée à plus de 4,6 millions de livres – il n'y avait pas d'alternative pour « éviter la faillite » du pays.
Et peu importe que le déficit public, qui s'élève à 11% du PIB (109 milliards de livres), ait émergé après des injections successives et continues d'argent public pour sauver des banques privées empêtrées dans leurs opérations spéculatives.
Désormais, il est l'heure pour le peuple de payer non seulement le déficit, mais aussi la dette accumulée de l'État qui s'élève à 952 milliards de livres (64,6% du PIB).
Pour ce qui est des dépenses liées aux aides sociales, elles seront réduites de 18 milliards de livres, pendant que les ministères endureront des restrictions budgétaires de 19% en moyenne.
Les fonds consacrés aux collectivités locales seront réduits de 28%, ceux aux universités de 40%, et le secteur de la culture et des médias, ce qui comprend la BBC, devra diminuer de 41% ses dépenses. Les aides au logement diminuent de 60%, ce qui contraindra de nombreux britanniques à vivre dans la rue, tandis que les loyers des HLM des locataires actuels devront être réhaussés à 80% de la valeur du marché.
Même les handicapés n'échappent pas à la razzia sociale. Les allocations d'incapacité de travail ne seront plus valides à partir d'un an, après quoi il est obligatoire d'accepter un emploi. L'âge de départ à la retraite est reculé à 66 ans, sont supprimées ou réduites les aides versées aux étudiants, tout comme les déductions fiscales pour chaque enfant des familles à faibles revenus. Seulement par cette dernière mesure, Osborne espère récupérer 2,4 milliards de livres.
Du reste, selon la conclusion de l'Institute for Fiscal Studies (Institut d'études fiscales), l'essentiel du fardeau du plan d'austérité retombera sur les épaules de la moitié la plus pauvre de la population et en particulier sur les 10% des plus défavorisés. Il suffit de voir que la hausse prévue des impôts sur les banques est de 0,04%, et pourrait au mieux atteindre les 0,07%.
Ce traitement préférentiel accordé au secteur financier ne surprend pas si on se rappelle que parmi les 29 membres du gouvernement britannique, 23 sont millionnaires, y compris le premier-ministre lui-même David Cameron, dont la fortune a été récemment estimée par le Daily Mail à quatre millions de livres.
Plus qu'un programme d'économies, le gouvernement britannique se propose de démanteler tout l'édifice de l'État-providence, faisant reculer la société britannique aux temps antérieurs à la seconde guerre mondiale. Même Thatcher n'est pas allée aussi loin.
Réaction timide de la part des syndicats
Certains journaux comparent déjà les mesures actuelles aux sombres années 20 quand le serrage de ceinture a été tel qu'il a provoqué la grève générale de 1926 et une crise de régime. Inévitablement, la réponse des masses sera forte dans un avenir proche, et le Trade Union Congress(TUC) a déjà annoncé, samedi 23, qu'il préparait la « plus grande » manifestation de tous les temps au Royaume-Uin: le 26 mars à Hyde Park. Jusque-là, le secrétaire-général du TUC appelle à la préparation de la mobilisation.
Intervenant dans un meeting à Londres, Brendan Barber a reconnu que « le mouvement syndical et le pays sont confrontés au test le plus sérieux qu'ait connu cette génération ». Toutefois, en raison des divergences existant dans cette structure qui réunit 58 des plus importants syndicats du Royaume-Uni, comptant sur près de 6,5 millions de syndiqués, le leader du TUC a évité de parler de grève générale.
En prenant comme exemple la France, plusieurs syndicats sentent la nécessité d'agir de manière coordonnée. Des manifestations ont eu lieu samedi dernier à Edimbourg, en Écosse, à Wrexham et Cardiff, au Pays de Galles, à Belfast, en Irlande du Nord, tout comme à Birmingham, Bristol, Cambridge, Lincoln, Londres, Manchester, Plymouth, Portsmouth, Yorkshire et York, en Angleterre.
Article d'Avante, organe du Parti Communiste Portugais
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