Décès du secrétaire-général du Parti communiste paraguayen de 1989 à 2007, Ananias Maidana, prisonnier politique pendant 24 ans sous la dictature de Stroessner
05 nov. 2010
Décès du secrétaire-général du Parti communiste paraguayen de 1989 à 2007, Ananias Maidana, prisonnier politique pendant 24 ans sous la dictature de Stroessner
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Dirigeant historique du Parti communiste paraguayen, incarnation de la résistance résolue et du martyr qu'ont opposé les militants et dirigeants communistes aux trente-cinq années de la dictature brutale et sanguinaire d'Alfredo Stroessner, Ananias Maidana est décédé ce samedi 30 octobre, à l'âge de 87 ans.
Il avait adhéré à la Jeunesse communiste en 1940, quand à l'âge de seize ans, révolté par l'exploitation ouvrière, il abandonne ses premières sympathies pour le parti « colorado » [parti traditionnel de la droite conservatrice] et rejoint le parti de la classe ouvrière.
Ananias Maidana « l'enfermé »: 24 ans dans les geôles des dictatures fascistes
Encore étudiant à l'Ecole normale, il est arrêté pour la première fois en 1947 pour militant communiste au temps de la dictature de Higino Moringio. Il subit alors le sort habituel des prisonniers politiques, brutalisé et torturé par la police du régime. Refusant l'exil, il entre dans la clandestinité et est arrêté de nouveau en 1950, victime de brutalités policières impliquant des coups de feu dont il gardera des séquelles toute sa vie durant
Libéré en 1952, sous pression nationale et internationale, Maidana refuse à nouveau l'exil et mène la lutte clandestine pour renverser la dictature. Quand il est arrêté une troisième fois en 1959 commence alors un long calvaire. Interné pendant vingt ans au camp de concentration de Emboscada, enfermé dans une cellule de quelques m2 avec quinze autres prisonniers politiques, Maidana y a subi tortures et privations.
Libéré en 1978 après une intense campagne de solidarité internationale menée par le mouvement communiste international, et relayée par la diplomatie soviétique, il doit cette fois s'exiler d'abord en Suède, ensuite en URSS.
Le retour au pays et ses 19 ans comme secrétaire-général: « Le parti communiste est une armée diminuée mais pas vaincue! »
A la chute de la dictature de Stroessner en 1989, il revient au pays et devient secrétaire-général du Parti communiste paraguayen, charge qu'il conservera jusqu'en 2007. Si la réaction a atteint cy niquement son but en décimant les rangs communistes sous la dictature, comme le rappelait récemment Mai da na au journal paraguayen ABC: « Le Parti communiste est une armée diminuée mais pas vaincue ».
Président-honoraire du Parti communiste depuis 2007, Ananias Maidana s'était présenté encore en 2008 pour les sénatoriales dans le cadre de « L'alliance socialiste patriotique » que mène le PCP. Au début de l'année 2010, le premier président de gauche de l'histoire du Paraguay, Fernando Lugo, l'avait décoré de l'Ordre de la croix du défenseur pour « sa lutte inlassable pour la démocratie, la justice sociale et la souveraineté nationale ».
Les hommages, du premier président de gauche paraguayen au Parti auquel il a donné sa vie
Le président paraguayen a tenu à lui rendre hommage lors de ces obsèques auxquelles ont assisté plusieurs milliers de Paraguayens: « C'était un citoyen exemplaire, qui mérite d'être imité. Il a préféré mourir debout que vivre à genoux. Don Ananais: merci pour ton témoignage, merci pour les si nombreuses leçons que tu nous a offertes tout au long de ta vie, parce qu'une personne de cette envergure ne naît pas tous les jours ».
Le Parti communiste paraguayen (PCP) a également rendu un communiqué où il rend compte du « Départ d'un héros »:
« Le camarade Ananias Maidana, président de notre parti et figure marquante par son dévouement, sa fermeté, sa cohérence, son honnêteté et sa lutte pour la libération de tous les peuples du monde, est décédé.
Nous sommes conscients que dans le corps de Ananias se trouvait un grand cerveau et toute une personnalité dont ne pourra plus profiter notre peuple dans sa lutte pour une société exemplairement démocratique. Cette situation est grave puisque nous parlons d'une des rares personnes qui a réussi à vaincre la mort avec une vie débordante et pleine d'amour pour la patrie, et de dévouement à la révolution.
Nous communistes, tout comme – et nous en sommes assurément – toutes les personnes qui sont prêtes à donner leur vie pour un monde sans exploités ni exclus, sans faim ni pollution, où s'étendent la solidarité et la dignité, sans guerres, nous voyons en Ananias la synthèse de ce qu'il y a de plus grand en l'Humanité, ce qui nous pousse à sentir, aujourd'hui avec encore plus de force, une énorme et irrésistible confiance en la capacité que les êtres humains ont de s'organiser pour garantir la vie et le développement des potentialités de tous et de chaque habitant de la Terre ».
A partir des articles du Morning Star (Grande-Bretagne), Tribuna Popular (Vénézuela) et du communiqué du PC Paraguayen
Commenter cet article