Sindicalistas asesinados ColombiaEn marge de présidentielles bouclées pour le grand capital...

la vie du secrétaire-général du PC Colombien, comme celle de tant d'autres militants politiques et syndicaux, toujours en danger


 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Le premier tour des élections présidentielles colombiennes, le 30 mai dernier, n'a révélé aucune surprise.



Le candidat de la droite la plus réactionnaire du continent, Juan Manuel Santos, successeur désigné d'Alvaro Uribe, est arrivé en première place avec 46,56% tandis que le candidat de gauche du Pôle démocratique alternatif (PDA), coalition comprenant le Parti Communiste Colombien, Gustavo Petro, n'obtenait que 9,16%.



Le PDA ainsi que plusieurs observateurs internationaux ont dénoncé des fraudes massives dont la forme a pris tant celle de l'universel contrôle des bureaux de vote et du bourrage des urnes que celle, plus spécifique à la Colombie, de l'achat des votes.



Le jour du vote, 350 000 policiers et militaires ont par ailleurs été mobilisés à proximité des bureaux de vote pour « sécuriser le scrutin ».



Mockus, ou l'opposant rêvé pour la grande bourgeoisie Colombienne



La grande bourgeoisie colombienne, principal soutien d'Uribe et de son poulain, a su faire d'une pierre deux coups.



Les médias colombiens à sa solde ont su créer l'opposant rêvé au régime, le pourtant peu charismatique Antanas Mockus présenté lors de ces élections par le Parti Vert et qui participera au second tour avec ses 21,5% au premier tour, lui laissant peu d'espoir d'accéder à la magistrature suprême de l'Etat colombien.



Mockus ne représente en aucun cas une menace pour la bourgeoisie colombienne, d'une part parce que son discours porte surtout parmi les couches intellectuelles urbaines, mais pénètre peu ou pas dans les couches populaires et paysannes, d'autre part parce que Mockus ne présente aucune alternative ni au libéralisme économique uribiste, ni à l'alignement derrière les Etats-Unis.



Au contraire, Mockus a axé sa campagne sur un programme libéral: économiquement, centré sur son souci d'équilibre des finances, son passé de gestionnaire modèle à la mairie de Bogota tout en refusant de revenir sur les privatisations dans les domaines de l'éducation et de la santé; et politiquement, sur la défense de l'Etat de droit non contre les agissements des para-militaires mais plutôt contre la corruption diffuse dans le pays.



Mockus et le candidat uribiste, blanc bonnet et bonnet blanc?



mockus uribeMockus a refusé catégoriquement toute alliance avec le parti de gauche du Pôle en dépit de la proposition d'accord programmatique lancé par ce dernier. Mockus mise sur la conquête de l'électorat uribiste, et c'est dans cette perspective que le candidat écologiste a rencontré Alvaro Uribe, aujourd'hui 5 juin, pour lui expliquer que sa politique s'inscrirait dans la continuité de celle de l'ancien président, et qu 'il prendrait « soin des oeufs que lui laisserait le président Uribe ».



Blanc bonnet et bonnet blanc?



Les communistes colombiens n'allaient pas tout à fait jusque-là après huit ans de terreur uribiste. Mais après le mépris ostensible affiché par le candidat Vert, les communistes suivront le Pôle en ne donnant aucune consigne de vote pour le 20 juin, date du second tour.



Un scrutin qui masque les véritables problèmes de la Colombie: misère de masse et violences politiques



Pendant que la bourgeoisie est capable d'occulter les véritables enjeux du scrutin: 8 millions de Colombiens dans la misère, 20 millions de pauvres; le taux de chômage le plus élevé d'Amérique Latine; un budget de la Défense excédant les 15% du PIB; qu'elle est capable de créer l'opposition de Sa majesté; elle soutient et finance les forces qui ont décimé la gauche colombienne ces dernières années.



9 de cda 10Une enquête récente de la principale centrale syndicale colombienne (voir l'article: En marge des législatives... dans les 25 dernières années, un syndicaliste assassiné tous les trois jours en Colombie) révélait qu'un syndicaliste était assassiné tous les trois jours en Colombie au cours des 25 dernières années: soit 2704 syndicalistes assassinés sur 10 364 tentatives d'assassinat.



Mais les directions politiques n'ont pas été épargnées. Le massacre de milliers de militants et de dirigeants du Parti Communiste Colombien et de l'Union Patriotique, parti politique constitué en 1985 après les accords de cessez-le-feu signés entre les FARC et l'Etat, dans les années 1980-1990 reste douloureusement présente dans les mémoires.



Depuis, les principaux dirigeants du Parti Communiste Colombien vivant constamment dans une atmosphère de semi-clandestinité depuis les années 1990. C'est le cas de Jaime Caicedo, secrétaire-général du PCC.



La vie du secrétaire-général du PC Colombien en danger



Le 11 mai dernier, la sénatrice progressiste du Pôle démocratique alternatif, Gloria Inez Ramirez, dénonçait une série d'agissements criminels, qui se sont déroulés entre 2008 et 2010, et qui révèlent très clairement que la vie du dirigeant communiste est en danger et que des complicités existeraient en haut lieu:



  • plusieurs filatures réalisées par des individus en voiture ou en moto;

 

  • écoutes illégales par les renseignements généraux (DAS);

 

  • violation du domicile et sac de la maison de Caicedo par deux individus en uniforme de police fuyant à l'arrivée des voisins sur les lieux;

 

  • publication d'une liste noire d'un groupe para-militaire récemment constitué à Bogota et dans laquelle figure le secrétaire-général du PCC.



jaime caycedo 2 840 pJaime Caicedo a déposé plusieurs plaintes au Bureau du Procureur général de Colombie sans qu'aucune suite n'ait été donnée.

Ines Ramirez concluait ainsi son rapport à l'Assemblée: « Etant donné la gravité de la situation, je me permets de demander au gouvernement national l'adoption de mesures rapides, suffisantes et efficaces pour garantir le fait que le Conseiller Jaime Caicedo puisse remplir normalement ses fonctions, et on demande au Bureau du Procureur Général de rendre une justice rapide et intégrale, pour rétablir la vérité et punir les responsables de ses actes criminels, qui, en plus de porter atteinte à une personne en particulier, font partie d'une campagne lancée par le régime contre l'opposition. »



Rien de positif pour le peuple ne peut sortir d'un scrutin présidentiel verrouillé par l'appareil répressif et les appareils idéologiques de la bourgeoisie colombienne.



pccLes communistes colombiens refusent les alternatives que lui laisse la bourgeoisie locale et font le choix de la résistance démocratique, au péril de leur vie.



Les communistes français expriment leur solidarité avec nos camarades colombiens dans ce combat de tous les jours

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