baraka mohamedEntretien avec le député communiste arabe Mohammed Barakeh : « Israël va vers un régime d'apartheid déclaré »



Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Le 5 mars, le porte-parole du ministre du Logement Uri Ariel a envoyé un mail à ses correspondants politiques. Le sujet: « Regardez : le Ministre Ariel dit aux députés arabes : On peut faire sans vous ». Le message comprenait un lien vers un clip informant du rude affrontement qui avait eu lieu quelques heures auparavant lors d'une plénière de la Knesset entre le ministre du parti d'extrême-droite HaBayit HaYehudi et un groupe de membres de la Knesset des factions arabes et du Hadash/Parti communiste. Le député à la Knesset Mohammed Barakeh, responsable du Hadash (Front démocratique pour la paix et l'égalité – Parti communiste d'Israel) qui a été pris dans cette altercation avec Ariel, déclare qu'il y a des lignes rouges. Lors d'un échange avec Al Monitor, il dit avoir compris que ces incidents servent la cause des parlementaires de droite, et qu'il a essayé de les éviter : « Ils vivent de cela, et ces dernières années je tend à ne pas m'y laisser entraîner. C'est bien entendu leur porte d'entrée dans le cœur du raciste israélien moyen. Liberman fait cela depuis des années.Il s'en prend aux Arabes avec un certain talent et fait toutes ses campagnes sur cette base. »



Q: Alors, pourquoi êtes-vous tombés dans les mains d'Ariel cette fois ?



R : En fait, je ne suis pas une marionnette, et quand un ministre se met à dire de telles choses, je dois lui répondre car il représente des gens aussi. Quand Ariel dit qu'il soutient ce que Liberman écrit sur Facebook, je lui dit qu'il n'y a pas de gens du Hamas dans l'Assemblée sauf peut-être Uri Ariel, qui est un radical, un Hamasnik de droite. Alors, il s'est senti offensé que l'on parle d'un ministre de cette façon. Je sais qu'il y a eu des moments où des membres Arabes et des membres de droite de la Knesset s'arrangent pour ce type de shows. Je n'ai rien de plus à dire.



Q : Avez-vous été approché pour ce type de prestation ?



R : J'ai eu ce type d'offres indécentes. Un parlementaire est venu me trouver et m'a dit : « Viens à la plénière, je vais dire des choses importantes sur lesquelles tu vas réagir ». Je lui ai dit qu'il aille se faire voir, je ne viens pas à la Knesset pour faire un numéro. L'ancien député, porte-parole au Parlement, Rubi Rivlin est lui aussi de droite, mais il respecte certains principes de bienséance. Ces gars-là, ils veulent tout piétiner, quitte à aller jusqu'aux poings, pour lancer des débats sur Al-Aqsa qui est le point de départ d'émeutes et d'effusions de sang, juste parce que c'est dans leur intérêt.



Q : Vous avez été à la Knesset depuis 15 ans. Le phénomène empire-t-il ?



R : C'est cela depuis l'époque du Premier ministre Yizhak Rabin, mais cela ne fait que prendre de l'ampleur et les politiciens de droite ont appris à instrumentaliser la question. Regardez le passé politique de Liberman. Dès qu'il connaissait une baisse dans les sondages, alors il faisait une petite sortie radicale contre les Arabes. Je me rappelle quand il y avait eu le vote tangent sur le projet de loi sur l' « évacuation-compensation » (des colons retirés de Gaza), Limor Livnat avait déclaré que le vote était légal mais illégitime. Cela veut tout dire. Il y a ceux à droite qui pensent que notre participation même à la vie politique n'est pas légitime.



Q: Est-ce Liberman qui a sapé votre légitimité en tant que membres du Parlement ?



R : Cela a commencé avant lui. Yitzhak Rabin a été le premier et dernier Premier ministre à former un gouvernement reposant sur le soutien des voix arabes. C'était la raison pour laquelle la droite a jugé ce gouvernement illégitime. Le slogan de campagne en 1996 de Benjamin Netanyahu était : « Bibi (Benjamin) est bon pour les Juifs ». Désormais la droite sait qu'un gouvernement avec participation arabe n'est pas légitime, et elle sait aussi très bien que l'opinion publique arabe ne soutiendra jamais un tel gouvernement, et c'est pourquoi ils nous excluent de la représentation politique. C'est un calcul politique. Le résultat, c'est que depuis 1996, jusqu'à ce jour, Israël va vers un régime d'apartheid déclaré.

Retour à l'accueil