Fêtes communistes (4) – Fête du PCE à Madrid: un oeil vers l'histoire glorieuse du Parti communiste, un oeil vers son rôle dans les luttes à impulser dans le présent
19 sept. 2010
Fête du PCE à Madrid: un oeil vers l'histoire glorieuse du Parti communiste, un oeil vers son rôle dans les luttes à impulser dans le présent
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
17,18 et 19 septembre 2010, à San Fernando de Henares, dans la banlieue rouge de Madrid, se déroule la 33ème édition de la Fête du Parti communiste d'Espagne (PCE).
Certes d'une ampleur réduite par rapport aux fêtes de masse que sont encore la Fête de l'Humanité ou d'Avante au Portugal, la fête du PCE reste toutefois une fête populaire, avec ses concerts, ses divers activités sportives et culturelles, et se maintient surtout comme fête politique, l'occasion pour les communistes et leurs sympathisants de se retrouver et de contredire ceux qui prédisent leur déclin inéluctable depuis plus de 30 ans.
La fête est aussi l'occasion de rendre visible le Parti communiste d'Espagne qui, pendant près de deux décennies, a été totalement occulté de la scène publique espagnole par la « coalition politique » dont il fait partie, Izquierda Unida (IU), qui est devenue avec le temps une nouvelle formation politique ayant vocation à se substituer au PCE qui l'avait créée. Comme le déroulement du volet politique de la fête le souligne, toutes les ambiguïtés ne sont pas levées à ce sujet.
Hommage aux grandes figures du communisme et du républicanisme espagnol
La fête est profondément ancrée dans le rappel de l'histoire des communistes, de leur lutte conséquente pour la République, dans la Résistance au franquisme et pour la Révolution: les 3 R entre-mêlés qui seront un des symboles de la Fête du PCE 2010.
L'initiative la plus originale revient sans doute aux « Arbres de la Mémoire »: chaque personne passant sous le stand qui y est consacré recevra une petite carte avec le nom d'un militant communiste victime du franquisme ainsi que quelques informations de base sur ce résistant. Il écrira ensuite un petit message à ce militant qu'il déposera au pied des arbres se trouvant à la fête. Charge à lui ensuite de se renseigner sur ce militant et de faire sien la trajectoire et le courage politique de ce résistant communistes.
Les organisateurs de la Fête ont décidé de marcher dans les pas de la « Pasionaria » Dolorès Ibarruri, elle qui disait: « Dans nos archives se trouvent les noms des commandants, des chefs militaires, des différents responsables de sections et cellules que nous rendrons publics un jour pour que notre peuple connaisse ces héros anonymes, ainsi que la lutte et les efforts du PCE pour en finir avec la dictature franquiste. S'il existe une autre force politique qui puisse présenter un bilan équivalent au nôtre, nous la saluerons avec respect et nous l'honorerons comme elle le mérite ».
L'autre point fort du volet histoire de cette Fête du PCE 2010 sera l'hommage rendu au poète républicain et communiste Miguel Hernandez, pour ce qui aurait été son centième anniversaire s'il n'avait pas été victime de la répression franquiste: arrêté et condamné à perpétuité en 1940, il meurt de maladie, dans des conditions d'hygiène déplorables, en 1942. Autodidacte, s'insérant dans le courant poétique dit de la Génération des 27 avec, entre autres, Federico Garcia Lorca ou Vicente Alexandre, il reste un des plus grands poètes de langue espagnole du XXème siècle. C'est autant l'homme de lettres que le militant communiste qui sera mis à l'honneur au cours de la fête, un homme qui a fait sien le triptyque: Résistance-République-Révolution.
Luttes et institutions, PCE et Izquierda Unida: certaines ambiguïtés de la ligne de la direction actuelle maintenues
Pour ce qui est du présent, tous les principaux dirigeants du PCE et d'Izquierda Unida seront là, dont les secrétaires-généraux respectifs José Luis Centella et Cayo Lara, mais aussi les dirigeants des deux principales centrales syndicales du pays: Candido Mendez (UGT socialiste) et Ignacio Toxo (Commissions Ouvrières – historiquement proche du PCE).
Ces quatre dirigeants majeurs présents à la fête se réuniront pour le débat structurant de la Fête: « Des raisons pour la Grève générale ». Sous un ton délibérément offensif, l'ambition de mettre en échec le plan du gouvernement Zapatero de casse des droits sociaux des travailleurs, restent certaines interrogations: pourquoi choisir comme date fondatrice de cette grève générale le 29 septembre, date de la journée européenne de mobilisation promue par la CES? Quelle possibilité pour un réel mouvement de grève générale à partir des directions syndicales de l'UGT et des CC.OO qui ont accompagné la casse sociale en Espagne depuis près de deux décennies jusqu'au dernier plan de rigueur?
Néanmoins, ce débat pose clairement la priorité des communistes: celle de la construction d'un mouvement social capable de mettre en échec le patronat et le gouvernement.
A noter un détail moins anecdotique qu'il n'y paraît au premier abord, les communistes ne sont présentés sur les questions de « lutte » ou d' « alternative politique » comme une des nombreuses forces en présence.
C'est le cas pour le projet d'Alternative sociale anti-capitaliste – ASA – dans lequel le PCE est mis sur un pied d'égalité avec IU et ATTAC. Projet qui comprend entre autres la nationalisation du secteur bancaire, une réforme fiscale plus progresive et la défense de l'Etat social et du système public des retraites.
Sur un seul débat, les communistes sont mis en avant ostensiblement et monopolisent toutes les places dans la rencontre: le débat sur les Institutions, appelé simplement « Les communistes dans les institutions ».
Sur le plan politique, nous avions signalé que le XVIIIème congrès du PCE de 2009 choisissait une solution de compromis après la débâcle d'IU aux législatives de 2008 et les voix qui se sont élevés en faveur de la sortie du PCE d'IU. Un pied dans la reconstruction du PCE, un autre dans la refondation d'IU.
Cette fête laisse supposer que cette dernière ligne aurait néanmoins pris l'initiative. En effet, le débat principal, si ce n'est le seul, à ce sujet aura comme thème: « Le processus de refondation d'IU ». Avec comme intervenants, entre autres, deux responsables nationaux du PCE: Marga Sanz, dirigeante communiste du Pays Valencian et José Manuel Mariscal, secrétaire du PC d'Andalousie.
International: liens privilégiés avec les Partis communistes d'Europe et solidarité avec Cuba et les processus révolutionnaires en Amérique Latine
Si sur le plan interne, toutes les ambiguïtés de la ligne actuelle de la direction du PCE restent apparentes lors de cette fête, sur les relations internationales qu'entretient le PCE notamment avec le mouvement communiste international, celles-ci se dissipent nettement.
En effet, au niveau européen, le PCE profitera de cette fête pour consolider ses liens fraternels avec les deux partis communistes qui participeront à la fête: le PC du Portugal (PCP) et le PC Grec (KKE). Leurs dirigeants Joao Pires et Dimitros Karagiannis, secondés par le député européen espagnol Willy Meyer et le dirigeant communiste allemand Gunter Phol,participeront au débat sur « La crise en Europe » patronné par le groupe parlementaire européen GUE/NGL.
Sur le plan international, la solidarité avec l'Amérique Latine, et le processus révolutionnaire actuellement en œuvre, sera un des points forts de la fête avec débats et stands rattachés. La solidarité avec Cuba sera particulièrement mise en avant, avec campagnes politiques, dont celle pour la libération des 5 de Miami, et participation de dirigeants cubains aux débats internationaux.
Le Parti communiste d'Espagne n'est pas mort, bien au contraire, cette première Fête du PCE depuis le XVIIIème Congrès – avec toutes les équivocités de la ligne adoptée – doit marquer le début de sa reconstruction!
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