cravos.jpgNationalisations et démocratie économique


 

Le PCP considère le processus de nationalisations de 1975 comme une réalisation ineffaçable d'Avril, de la classe ouvrière, des travailleurs et du peuple portugais et qui, trente-cinq après, répondu toujours à un impératif national: l'existence d'un Secteur public avec des entreprises nationalisées dynamiques, qui garantisse le contrôle des secteurs stratégiques de l'économie pour favoriser le développement du pays, empêcher le contrôle du pouvoir économique par le pouvoir économique et garantir la défense de l'indépendance et de la souveraineté du Portugal.


 

Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/


 

1. Le processus de nationalisations de 1975, correspondant à une nécessité historique objective, a constitué une réalisation ineffaçable d'Avril, de la classe ouvrière, des travailleurs et du peuple portugais.

 

Les nationalisations ont constitué une nécessité objective dictée par la défense de la démocratie elle-même et une réponse au sabotage économique orchestrée par la contre-révolution. Un acte patriotique qui a pu compter sur l'engagement irremplaçable des travailleurs, en réponse aux manoeuvres des groupes économiques visant à liquider le régime démocratique. Un acte de construction d'un instrument capable de supporter les besoins d'un développement au service d'une juste distribution des richesses et d'élévation des conditions de vie du peuple et non, comme les défenseurs de la restauration monopoliste l'affirment, un acte volontariste ou un excès.

 

Les nationalisations qui, à la fin du premier semestre de l'année 1976, concernaient 245 entreprises (en particulier dans le secteur des banques et des assurances, de l'énergie, des transports, de la métallurgie et de la métallurgie lourde, de la chimie et du papier, des boissons et du tabac, entre autres), ont permis non seulement de liquider les monopoles – qui avec les latifúndios constituaient la base d'appui du fascisme – mais aussi de créer un solide levier de développement économique du pays.

 

35 ans après les nationalisations, l'expérience confirme que l'existence d'un secteur public dynamique, avec des entreprises nationalisées, qui garantisse le contrôle des secteurs stratégiques de l'économie continue à être un impératif national indispensable pour favoriser le développement du pays, empêcher le contrôle du pouvoir politique par le pouvoir économique et garantir la défense de l'indépendance et de la souveraineté du Portugal.


 

2. 36 ans après la Révolution d'Avril, un ensemble important de grands groupes économiques, en conséquence de la politique de redressement capitaliste et monopoliste, joue à nouveau un rôle dominant et déterminant dans le cadre des rapports de production capitaliste en vigueur dans la société portugaise. Structurés autour ou par les vieilles familles qui ont soutenu et appuyé la dictature fasciste et par d'autres qui ont émergé après le 25 avril, ces groupes ont tissé et tissent entre elles, ainsi qu'avec le capital étranger, un dense maillage de relations économiques et financières, sociales et politiques, constituant une puissante oligarchie financière qui, avec d'autres secteurs de la grande bourgeoisie portugaise et étrangère, cherche à garantir la pérennité de son pouvoir économique, politique et idéologique dans la société portugaise.

 

Ces groupes économiques, concentrés essentiellement dans la production de biens non-échangeables et dans certaines branches de l'activité industrielle, avec une pénétration croissante dans certains secteurs tels que la santé, l'éducation et la sécurité sociale, ont accumulé année après année des profits scandaleux. Ces groupes qui prennent, dans de nombreux secteurs d'activité, un caractère monopoliste construit et renforcé par la destruction et l'absorption de concurrents nationaux, par des ententes comprenant participations croisées, répartition des marchés et concertations sur les prix, ou par l'alliance avec de puissantes multinationales.

 

Ce que les hérauts des privatisations cachent délibérément, c'est que la nationalisation a touché des entreprises, en grande partie, décapitalisées, endettées et sans viabilité économique qui ont ensuite été cédées, consolidées financièrement et avec de bonnes conditions de rentabilité, par des privatisations à un prix modique. Un processus ruineux pour l'État et l'intérêt public qui s'est séparé d'entreprises rentables désormais avec des possibilités d'engranger des profits supérieurs à ceux enregistrés par la vente, sans aucun effet sur le déficit et la dette publique qui ont servi de prétexte.

 

La dégradation de la situation économique générale du Pays et la détérioration même de la position du Portugal dans le cadre des pays de l'Union Européenne sont la conséquence des politiques économiques et sociales menées durant cette période. Mais plus particulièrement du choix de l'intégration communautaire et des politiques de reconstitution des groupes économiques monopolistes et de destruction du secteur public, avec la réduction des capacités et des instruments d'intervention de l'Etat et la destruction des secteurs productifs, en favorisant la financiarisation de l'économie nationale et la main basse du capital multi-national sur les secteurs stratégiques.

 

Les privatisations sont au coeur du déclin et de l'étranglement de l'économie portugaise, des principaux déficits et des déséquilibres productifs, de la perte de ressources publiques et de souveraineté dans des secteurs et des services stratégiques.

 

La dimension et le pouvoir économique actuels des grands groupes économiques ne purent seulement se matérialiser et se développer à travers la permanente articulation, promiscuité et complicité avec le pouvoir politique et les partis – PS, PSD et CDS/PPP – qui l'ont exercé depuis 1976. Le pouvoir ostensiblement exercé par les grands groupes économiques prend des dimensions politique, sociale et idéologique illégitimes, qui pervertit totalement le principe constitutionnel de subordination du pouvoir économique au pouvoir politique et remet en cause la Constitution de la République ainsi que le régime démocratique lui-même.


 

3. L'ampleur et la profondeur des problèmes nationaux – crise, chômage, injustices, récession, corruption – exigent une rupture avec les politiques de droite et la mise en œuvre d'une politique patriotique et de gauche. Une rupture immédiate avec le processus de privatisations – que ce soient celles qui ont découlé de la vente directe ou du recours à des concessions et à des « partenariats public-privés » – facteur d'étranglement économique, d'aggravation des inégalités, d'intensification de l'exploitation des travailleurs et de ruine des petites entreprises. Un processus qui a aujourd'hui de nouveaux développements à venir avec le Programme de Stabilité et de Croissance – avec la privatisation des ANA (Aéroports Nationau), de TAP (Air Portugal), des CTT (la Poste), de REN (entreprise national du gaz), d'une partie des CP (Chemins de fer Portugais) et de la Caisse des dépôts, entre autres – dans un même et criminel choix de vendre des parcelles de l'économie et de la souveraineté nationales.

 

Le combat contre le chômage, la destruction de la production nationale, le gaspillage des ressources, la remise en cause du développement et de la souveraineté nationales exige, comme le PCP l'a répété, l'affirmation de la propriété sociale de l'État dans des secteurs stratégiques avec le retour dans le secteur public, par la nationalisation et/ou la négociation, des entreprises et secteurs privatisés.

 

35 années après les nationalisations d'Avril, un secteur public fort et dynamique, au service de la démocratie et du développement, constitue un élément indispensable pour répondre aux problèmes du pays, maintenir entre les mains de la nation des leviers économiques décisifs, promouvoir une politique de l'emploi et d'élévation des conditions de vie. Un Secteur Public avec une dimension et un poids déterminants dans des secteurs fondamentaux de l'économie nationale, avant tout

 

  • les banques et les assurances;

  • l'énergie;

  • les communications et les télécommunications;

  • l'eau;

  • le traitement des eaux usagées et des déchets;

  • les transports et les voies de communication;

  • l'industrie et d'autres secteurs stratégiques, en particulier dans le domaine de la communication, de la recherche et du développement technologiques.

 

La direction politique et démocratique du processus de développement, d'organisation et de fonctionnement de l'économie et de la vie sociale constitutionnellement attribué à l'État exige, pour pouvoir être accompli, la défense et le renforcement d'un secteur public, avec des entreprises d'Etat.

 

Les propositions que le PCP présente au pays correspondent à l'aspiration légitime à la justice sociale, au développement et à la souveraineté nationale de larges couches de la population frappées par une politique fixée en fonction des intérêts du grand capital.

 

35 ans après les nationalisations, la Commission Politique du Comité Central du PCP souligne et réaffirme que l'indispensable rupture et changement dans la vie nationale sera d'autant plus réalisable qu'il se sera exprimé par le développement de la lutte de masse et plus largement s'il s'affirmera dans un front d'opposition aux politiques de droite. Un changement qu'il est aux travailleurs et au peuple de construire en comptant, comme ils ont toujours pu y compter, sur l'intervention du PCP pour défendre leurs droits et pour un Portugal plus juste, prospère et souverain.

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