tegucigolpeHonduras: le coup d'Etat d'Obama



Par Angel Guerra Cabrera, journaliste cubain résidant au Mexique, chroniqueur au quotidien La Jornada



Publié le 1er juillet, dans la Jornada (Mexique)



Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net

 

 

Lundi 28 juin, un an a passé depuis le coup d'Etat au Honduras. Contrairement aux intentions de ses promoteurs, le premier événement politique de l'ère Obama en Amérique Latine – c'est ce qu'il est devenu – a créé, par son ampleur et sa profondeur, une situation d'effervescence et de radicalisation politique et sociale des masses sans précédent dans le pays centre-américain.



Il serait peut-être plus juste de dire que l'on en est arrivé là grâce à la stratégie féconde et à la tactique définies par le Front National de la Résistance Populaire (FNRP). Cela a permis de créer une énorme accumulation politique et culturelle d'énergie transformatrice, à partir des conditions singulières d'indignation et de révolte sociale, provoquées par le renversement brutal du président constitutionnel Manuel Zelaya, qui avait déjà réussi, en dépit de son origine oligarchique, à se faire aimer et apprécier de son peuple, en raison de sa sensibilité et de son œuvre sociale qui le différenciaient ostensiblement des dirigeants précédents.



Une large et consciente frange du peuple et de la jeunesse rejette l'ordre oligarchique actuel, dépendant de l'impérialisme, dont Porfirio Lobo est seulement le serviteur, comme le démontre un an de résistance combative.



Ce gouvernement a continué dans la voie générale tracée par de Micheletti: démantèlement des acquis sociaux des travailleurs, paupérisation qui s'en suit de la majorité des honduriens. Utilisation de l'armée et de la police pour réprimer les protestations populaires et chasser les paysans de leurs terres, fermeture des radios alternatives et communautaires au-delà de bien d'autres violations des droits de l'Homme dénoncées par les organismes nationaux et internationaux.



Selon les rapports de ces organisations, sous le gouvernement de Porfirio Lobo, il y a déjà eu 760 cas de persécution pour raisons politiques, dont des assassinats d'opposants, syndicalistes et de neuf journalistes. Le gouvernement actuel n'a rien fait pour enquêter, encore moins pour offrir des réparations aux victimes des milliers de violation des droits de l'Homme, y compris les dizaines d'assassinats de membres de la résistance perpétrés à la suite du coup d'Etat. Bien au contraire, il a recyclé des militaires putschistes bien connus à des postes importants de l'administration publique.



Cela ne doit surprendre personne, étant donné que Porfirio Lobo ne s'est imposé dans le fauteuil présidentiel que par un processus électoral truqué et frauduleux, organisé et dirigé par les auteurs mêmes du coup d'Etat, auquel n'ont pas participé 60% de l'électorat, répondant à l'appel à l'abstention du FNRP.



Toutefois, les Etats-Unis ont développé une campagne scandaleuse pour la reconnaissance de Lobo, face à l'opposition de tous les gouvernements membres de l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) et de la majorité des pays de l'Amérique du sud, y compris le Brésil et l'Argentine. Il y a un mois, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton appelait, sans succès, les pays de l'OEA à souhaiter la bienvenue au Honduras pour son retour dans la communauté inter-américaine. Et le comble, à un an exactement du coup d'Etat, Obama rendait hommage en cérémonie officielle à la Maison Blanche à l'ambassadeur de Tegucigalpa avec ces mots: « J'admire l'engagement du président Lobo à promouvoir la réconciliation, la prospérité et la sécurité de tous les honduriens, et tout ce qu'il a fait jusqu'à présent démontre qu'il est sur le point de remplir ces objectifs. Les Etats-Unis soutiennent (…) la réintégration rapide et pleine du Honduras dans la communauté internationale et nous ferons tout ce qui sera nécessaire (…) pour que cet objectif soit atteint ».



Si on croit dans les déclarations de soutien d'Obama envers Zelaya dans les semaines consécutives au coup d'Etat en tant que seul président qu'il reconnaîtrait, on peut supposer qu'Obama n'avait rien à voir avec le coup d'Etat, mais ce qui ne laisse aucun doute c'est qu'il l'a fait sien, totalement sien, à partir de la médiation fine d'Arias, instrumentalisée de façon conséquente par Mme. Clinton.



Le minimum que l'on puisse exiger du gouvernement hondurien actuel comme base pour considérer sa reconnaissance internationale, c'est le retour inconditionnel du président Manuel Zelaya et des plus de 200 exilés politiques, ce qui a constitué une des principales revendications du FNRP.



Le retour de Zelaya serait une énorme victoire politique. Mais le FNRP a déjà clairement fait savoir que avec ou sans sa présence précieuse, il conservera intacte sa revendication de convoquer une Assemblée constituante avec l'objectif de refonder le pays.



Ni plus ni moins.

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