bandera-venezuela-3La nationalisation du commerce extérieur

Une réponse aux manœuvres déstabilisatrices des spéculateurs

 


Article de Manuel Sutherland, économiste marxiste vénézuelien



Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Aujourd'hui plus que jamais, le Vénézuela affirme son rôle de gigantesque centre commercial



Les prix élevés du pétrole et les bas niveaux d'endettement d'hier ont permis une augmentation grotesque de 347% des importations totales (sur la période 2003-2011). Cependant, la non-croissance des prix du pétrole et les échéances de remboursement de la dette ont limité les bénéfices pour l’État et ont fait apparaître de gros problèmes.



Les importations disproportionnées du secteur privé



La faiblesse des exportations privées s'exprime principalement par la nullité productive du patronat local, autrement dit son incapacité absolue et manifeste à être compétitive sur le marché international, étant ouvertementinefficace dans la production de marchandises.



Évidemment, cette situation d'improductivité et de haut niveau d'importation est pire que ce que les classiques de l'économie politique, Smith ou Ricardo, appellent l'état stationnaire.



Ce que l'on voit, c'est que l’État vénézuélien a vendu au patronat local (étrangers et vénézuéliens dont le cadre d'exploitation de la force de travail se circonscrit au territoire national) plus de 273 milliards de dollars à prix préférentiels, c'est-à-dire vendus au prix officiel, alors que sur le marché parallèle (en 2013), ils coûtent 500% de plus.



Le gouvernement a transféré des fortunes au patronat local, qui s'est enrichi comme jamais avec la rentre pétrolière.



Loin de profiter de la sur-évaluation du bolivar pour acheter des machines et des équipements, le patronat s'est consacré au cycle : importer des marchandises raffinées mais pas chères et les revendre (spéculer) et/ou importer rien du tout, pour s’approprier des dollars états-uniens et les revendre sur le marché parallèle.



Bien que le contrôle des changes ait freiné en 2003 la scandaleuse fuite des devises, depuis 2004 il n'a fait que renforcer cette hémorragie de devises.



Les calculs les plus prudents montrent que les devises que la bourgeoisie locale s'est appropriée et qu'elle a ensuite déposé à l'étranger avoisine les 145 milliards de $.



Ce chiffre est équivalent à 100 fois le coût de la construction de la ligne 5 du métro de Caracas, un des travaux d'infrastructure les plus coûteux d'Amérique latine.



Pire, les 273 milliards de dollars préférentiels livrés à la bourgeoisie locale pour qu'elle importe (bien plus de dollars que ce que l'économie vénézuelienne devrait importer), se sont traduits par un climat de pénurie, de réduction drastique de la qualité et de la disponibilité des marchandises dans le pays.



Tout cela indique clairement que la majorité des importations sont frauduleuses, elles n'existent tout simplement pas. Ce n'est qu'une fiction utile pour s'approprier des dollars préférentiels, qui sont immédiatement placés à l'étranger ou qui se vendent au prix du dollar parallèle, s'arrogeant des marges de profits de 500% ...



Tant qu'on appliquera pas une radicale Nationalisation du commerce extérieur, par une Centrale étatique unique des importations (CEUI), la spirale importation-spéculation-dévaluation-inflation continuera de ruiner le pays.

Retour à l'accueil