anagrama partido comunista venezuelaLa raison d'être du Parti Communiste Vénézuelien (PCV) comme organisation révolutionnaire

 

Avec les élections législatives de septembre 2010 à l'horizon, la question va encore être posée au Parti Communiste Vénézuelien: pourquoi votre parti léniniste de 50 000 militants ne se fond-il pas dans le Parti Socialiste Unifié du Vénézuela (PSUV) et ses millions de membres?


Les deux partis ne partagent-ils pas les mêmes objectifs, la même perspective révolutionnaire?


Nous republions ici la réponse d'un dirigeant du PCV, Carolus Wimmer, qui défend avec résolution la raison d'être d'un parti communiste dans un processus révolutionnaire national-démocratique. La nécessité d'un parti marxiste-léniniste, qui définit sa politique en fonction de la lutte de classes, un parti dont l'objectif est l'abolition de la société capitaliste et non son aménagement, la construction d'une société meilleure, donc socialiste.

AC



Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Article de Carolus Wimmer, Membre du Comité Central du PCV, Secrétaire des Relations Internationales, Deputé du Parlement Latino-Américain, du 28 juillet 2008



Il ne s'agit pas seulement de théorie, le processus politique vénézuelien est un sujet d'actualité, lié à la pratique. On se pose la question: pourquoi le Parti Communiste du Vénézuela (PCV) n'a pas rejoint le Parti Socialiste Unifié du Vénézuela (PSUV), dont le président de la République Bolivarienne du Vénézuela, Hugo Chavez Frias a décidé la formation. Il y en a même pour dire que si il ne le faisait pas, le Parti Communiste du Vénézuela n'aurait pas de sens, serait liquidé dans le processus et réduit à néant, parce que la lutte pour le socialisme « reposerait tout entier entre les mains du PSUV ».



Cela paraît un argument apparemment logique, mais d'après moi il ne l'est pas. Le Parti Communiste du Vénézuela lutte et continuera à lutter pour le socialisme, quelque soit la position du PSUV, ou de quelque autre force qui se réclame de la transformation et de la liquidation du capitalisme.



Pour les communistes, le socialisme constitue une étape de transition vers une société plus juste – à notre avis – qui est le communisme. Donc, nous communistes, sommes les combattants les plus déterminés et les résolus dans la lutte pour le socialisme. La réalisation et la construction du socialisme nous rapproche de notre objectif, qui est de construire une société plus avancée que l'organisation socialiste, c'est-à-dire, le communisme, l'organisation communiste de la société. Pour l'expliciter: notre lutte pour le communisme nécessite une étape préalable, qui est le socialisme. Sous le socialisme, comme organisation de la production et de la distribution sociale de la production, la formation de base est: « de chacun (qui produit pour la société) selon ses capacités, à chacun selon son travail (rémunération pour son travail) »; cela constitue la base pour la construction de la société socialiste.



Sous le communisme, la formation de base est plus avancée et pose: « de chacun (qui produit) selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Cela suppose un haut niveau de développement de la société, de la productivité, permettant de satisfaire les besoins de la collectivité. Avancer vers la première étape, le socialisme, requiert un préalable: éliminer la propriété privée des moyens de production. Sous le capitalisme, on a la propriété privée des moyens de production. Les travailleurs vendent leur force de travail, ce qu'ils savent faire, ce pour quoi les propriétaires des moyens de production ne leur payent une partie de ce qu'ils produisent, par l'intermédiaire du salaire. Le reste devient plus-value, que s'approprie le propriétaire des moyens de production, ce qui constitue la base de l'accroissement de sa richesse



Voilà sur quoi repose la société capitaliste. Ceux qui possèdent les moyens de production s'unissent pour défendre cet ordre social qui leur permet de s'enrichir toujours plus. Et ceux qui sont exploités s'unissent pour se défendre contre cette exploitation et lutter pour un autre ordre social dans lequel il ne seraient pas exploités. Cette union entre exploiteurs est connue comme étant la classe sociale bourgeoise, la bourgeoisie, qui défend ses intérêts et cherchent à ce que les choses restent telles qu'elles sont. Et ceux qui travaillent et sont exploités constituent la classe ouvrière, le prolétariat, ils défendent leurs intérêts et veulent que la société change, avec l'extinction de la propriété privée, de l'exploitation et du capitalisme.



Les intérêts des deux classes sont antagonistes. C'est pour cela qu'elles luttent, principalement pour exercer le pouvoir de gouverner la société dans son ensemble. C'est ce qu'on appelle la lutte des classes. C'est justement ce que nous, marxistes-léninistes, considérons comme le moteur de l'histoire. Ce n'est pas le marxisme-léninisme qui est le moteur de l'histoire, mais bien la lutte des classes. Le marxisme-léninisme, ses formulations théoriques, sont seulement un instrument d'interprétation la réalité en mutation, un instrument d'interprétation et d'orientation pour la lutte, pour étudier la lutte des classes en des moments historiques déterminés et, par conséquent, il ne remplace pas la lutte des classes comme moteur de l'histoire. Voilà ce qu'est le « marxisme-léninisme »: un instrument qui s'est profondément enrichi à travers l'histoire et s'appuyant sur la dialectique, ce qui permet sa rénovation permanente. Ce dont s'est servi Marx, à son époque, dans les conditions d'alors. Ce dont s'est servi Lénine, à son époque, dans les conditions d'alors. Ce qui sert actuellement de guide aux Partis Communistes du monde entier pour l'étude des conditions économiques et sociales, du développement respectif de la lutte de classes et pour la formulation de ses politiques à partir de la lutte de classes et de la défense des intérêts de la classe ouvrière, du prolétariat dans les luttes immédiates dans chaque pays, projetées vers la marche au socialisme puis au communisme. On ne peut donc pas parler du marxisme-léninisme comme d'un « dogme », ni de dogmatiques, comme on ne peut pas dire qu'il serait « dépassé ». Il n'est pas dépassé; au contraire, il se rénove, s'actualise, s'applique continuellement en accord avec les réalités. Il est dialectique, dynamique, en permanente interprétation des réalités de la lutte des classes. Et c'est en cela que, nous marxistes-léninistes, prenons parti pour les luttes du prolétariat et de la classe ouvrière contre le capitalisme. Nous sommes anti-capitalistes, combattant toutes les formes de capitalisme ou celles qui emmènent au capitalisme.



Comme cela a été dit, le nouveau parti PSUV, « ne hissera pas la bannière du marxisme-léninisme, parce que c'est un dogme, parce qu'il est déjà dépassé »; cependant cela ne peut se décréter, on doit le démontrer scientifiquement, et cela personne n'a pu et ne pourra le faire, parce qu'il n'est ni dépassé ni un dogme. Que le nouveau parti PSUV ne l'adopte pas, ne l'utilise pas, qu'il le rejette ou l'exclut de ses rangs, c'est une question qui regarde ceux qui composent ce Parti. Ce même parti dont il a été dit, à plusieurs reprises, que l'adoption de ses orientations théoriques, politiques, son modèle organisationnel, etc., seraient horizontales et collectives, discutées par les candidats à l'adhésion, transformés en membre à part entière du processus des réunions de section, dans lesquelles ils discuteront et adopteront collectivement les orientations théorico-doctrinaires, la ligne politique, syndicale, etc., les statuts, l'organisation, le fonctionnement et, pourtant cela n'a pas eu lieu. Je veux dire que – l'analyse et la discussion horizontale – n'a pas eu lieu comme cela a été dit.



En tout cas, il y a eu de nombreux appels lancés au Parti Communiste du Vénézuela pour qu'il se dissolve et s'intègre au PSUV. C'était pour cela, pour ensuite qu'ils disent que nous devrions nous destituer de notre condition de communistes et de marxistes-léninistes? En vérité, cela démontre la nécessité de l'existence du Parti Communiste du Vénézuela, comme parti de la classe ouvrière, du prolétariat vénézuelien, comme garantie de l'utilisation du marxisme-léninisme dans l'orientation des luttes de classes et pour le socialisme, et marque la nécessité de son renforcement idéologique, politique et organisationnel, pour construire un grand Parti Communiste du Vénézuela, triomphant de tous les obstacles.



Et nous renvoyons au discours du Président Chavez, le 3 janvier 2008, où il reconnaît de manière auto-critique, un an après, la raison d'être du PCV et la nécessité de reconstruire le Pôle Patriotique comme une alliance entre le PSUV et le PCV.

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