Le changement climatique et l'Union Européenne


par Joao Ferreira, député européen du Parti Communiste Portugais (PCP)


Numéro 1872, du 15 octobre 2009 d'Avante, hebdomadaire du PCP



Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Le changement climatique a incontestablement acquis un rôle central dans le discours politique dominant.



Au sein de l'Union Européenne, la Commission, le Conseil et le Parlement européen s'accordent sur l'importance de cette question. Au Parlement, le changement climatique a désormais gagné une place de question prioritaire, qui a justifié, par exemple, la création d'une commission temporaire sur ce sujet. En ce moment, on discute d'une résolution sur la position que défendra l'UE à la Conférence de Copenhague, qui se déroulera en Décembre, et dont l'objectif affiché est de parvenir à un nouvel accord international qui remplacerait le protocole de Kyoto à partir de 2012, quand il arrivera à son terme.



L'UE déclare son intention de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, en s'engageant dès maintenant à une réduction unilatérale de 20% de ses émissions d'ici 2020, et étant prêtes à monter les enchères jusqu'à 30% si les autres pays industrialisés en faisaient autant. En même temps, la Commission et le Conseil ont sur-enchéri en affichant leur intention d'assurer la transition vers une économie « éco-efficace », une « économie verte », promesse d'un avenir de prospérité et de développement écologiquement « soutenable ».



Des restes de « rationalité » ?



Pendant des décennies, le capitalisme s'est efforcé de cacher les conséquences pour l'environnement d'un mode d'organisation économique et social qui se base sur l'exploitation quasi-illimitée de la Nature et de ses ressources. Il cherche à brouiller, au sein des masses, la perception des problèmes environnementaux, la prise de conscience de l'incompatibilité entre ce système et la conservation des équilibres naturels de notre planète; du lien étroit entre le caractère prédateur du capitalisme et la dégradation de l'environnement.



A quoi est dû cet intérêt soudain pour la problématique environnementale et, en particulier, pour le changement climatique? Serions-nous face à certains restes de “rationalité” du système, confronté à l'ampleur des dégâts qu'il a provoqué? A la perception des limites physiques imposés à la croissance capitalisme par une Terre certes abondante en ressources, mais en ressources limitées? A l'analyse des faits, il est censé de penser que non. La question que nous nous posons sera, en fait, bien différente...



Capital et environnement



Au-delà de la machine bien huilée de propagande qui cherche à tirer profit des préoccupations justes et fondées des citoyens (et qui souvent les manipule), les solutions avancées sont, en soi, révélatrices des intentions réelles et des conséquences de l'approche capitaliste de la problématique environnementale. Son approche du changement climatique est paradigmatique. Car tronquée de ses aspects essentiels, lacunaire et biaisée par les « instruments de marché ».



Aux prises avec l'éclatement d'une crise économique et sociale monumentale en germe depuis un certain temps, dont les causes se trouvent dans les contradictions intrinsèques du système, le capitalisme propose comme réponse une fuite vers l'avant, cherchant à forcer un nouveau cycle d'accumulation au prix d'une intensification de sa nature prédatrice, oppressive et exploitatrice – de l'Homme comme de la Nature.



La création d'un marché des émissions de carbone et les efforts de l'UE, qui s'ajoutent à ceux d'institutions comme la Banque Mondiale, traduisent une réponse qui s'inscrit dans la droite ligne des solutions trouvées dans les dernières années pour contrarier, par tous les moyens possibles, la baisse tendancielle du taux de profit – c'est-à-dire, dans la droite ligne de la financiarisation de l'économie. Un pas de plus vers la création de capital fictif. Soit par le biais de « produits » financiers construits sur des dettes, soit à partir de l'atmosphère même. De l'air! Littéralement...



En même temps, la création de ce marché représente un approfondissement de l'appropriation privée de la Nature et de ses ressources, des services que la nature nous rend. Après l'eau, les sols fertiles ou non, aujourd'hui c'est la capacité de la Terre à recycler le carbone et, ainsi, à réguler le climat.



Les questions environnementales constituent aujourd'hui un espace très important de la confrontation et de la lutte idéologiques. Dans ce domaine se concentre une part considérable des efforts de réhabilitation d'un capitalisme discrédité aux yeux de couches toujours plus importantes de la population. Les problèmes environnementaux auxquels l'humanité est aujourd'hui confrontée sont nombreux et variés. Ils sont graves au point de menacer l'existence même de la vie sur Terre telle que nous la connaissons. Mais il sera très difficile de trouver une solution dans le cadre du système qui est la cause de ces problèmes. Il faut auparavant un dépassement révolutionnaire de ce système, qui garantisse un développement juste, équitable et compatible avec la préservation des équilibres naturels qui régulent notre planète.



Site d'Avante: http://www.avante.pt/

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