solidarity-london.jpgLe métro de Londres paralysé par une grève massive contre la suppression de tous les guichets !

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

La grève de 48 heures qui a totalement paralysé le métro de Londres a suscité les foudres du patronat et … de David Cameron qui a condamné la grève à la Chambre des Communes. Un mouvement contre la suppression des guichets bénéficie pourtant du soutien des Londoniens.

 

La grève des 5 et 6 février a surpris le patronat, la mairie de Londres et jusqu'au gouvernement par son ampleur : 70 % du trafic paralysé, des dizaines de stations fermées, pour une grève lancée à l'appel du syndicat de classe des travailleurs des transport, le RMT.

 

Le syndicat des transports RMT en grève contre David Cameron, le maire de Londres, le patronat … mais avec le soutien des Londoniens

 

Le pouvoir a déversé son flot de calomnies anti-grève. Le maire de Londres a qualifié la grève de « totalement injustifiée », le premier ministre à la Chambre des Communes de « honteuse », invectivant le leader du syndicat RMT « Bob Crow qui a tort sur tout et doit arrêter la grève » (!).

 

Le patronat britannique y a rajouté une couche, estimant que les entreprises perdaient 50 millions de £ (70 millions d'€) par jour de grève, publiant une facture virtuelle de 200 millions pour les deux jours de grève, plus la grève prévue pour le 12 et le 13 février

 

Et pourtant ...la population londonienne soutient la grève. Selon un sondage de l'organisme Survation, 65 % des Londoniens trouvent la grève justifiée et sont préoccupés par les plans de coupes dans les services de métro prévues par l'Autorité du « Grand Londres »

 

Supprimer tous les guichets d'ici l'an prochain : cela ne passe pas !

 

Car le « Grand Londres » a décidé de trancher dans le service sous prétexte d'austérité : avec la suppression immédiate de 953 postes de guichetiers, de techniciens de maintenance, de personnel de sécurité … et la suppression de tous les guichets d'ici 2015 !

 

Selon le maire Boris Johnson, cette mesure devrait rapporter 50 millions de £ au prix du service rendu encore à près de 100 000 Londoniens qui utilisent chaque jour les guichets.

 

Quand on pense qu'il s'était fait élire en 2008 sur la promesse de ne pas supprimer les guichets de métro. Aujourd'hui, il répond avec cynisme : « Oui, mais à l'époque il n'y avait même pas le I-Pod. Depuis la technologie évolue, le monde avance, plus personne n'utilise les guichets ! ».

 

Le RMT – ainsi que l'autre syndicat TSSA – n'a pas cédé aux intimidations : 77 % des travailleurs ont voté la grève en janvier. Le syndicat de classe a réussi à empêcher les conducteurs du syndicat réformiste ASLEF (affilié au Parti travailliste) de traverser les piquets de grève.

 

Plus significatif, sa campagne de mobilisation auprès des usagers, des travailleurs des autres secteurs a réussi à sensibiliser l'opinion et à désamorcer la campagne « anti-grève » virulente du pouvoir.

 

La privatisation sous prétexte de « Grand Londres » au banc des accusés : sécurité au rabais, envolée des prix, profits privés et coûts publics

 

L'argumentation du RMT est implacable. Elle pointe dans la « métropolisation », la création du « Grand Londres » en 2000 un outil au service de la politique de privatisation des transports menée depuis les années 1990, avec des conséquences catastrophiques.

 

La privatisation du rail en Grande-Bretagne, ce sont les tarifs les plus élevés au monde (2 x plus chers qu'en France !), des trains qui n'arrivent plus à l'heure, un matériel vieillissant, des accidents meurtriers, des investissements publics lourds pour des profits privés pour les monopoles.

 

A Londres, cela a pris une forme particulière. C'est le « Grand Londres » institué en 2000, dépossédant les communes de l'agglomération de leur pouvoir, récupérant les compétences de transport en premier lieu. Une maquette pour le « Grand Paris » parisien !

 

Ce pouvoir sur les transports s'exerce via un organisme non-élu, dont les directeurs sont nommés par le Maire : Transport for London (TFL) au champ d'action régional, chargé de gérer le réseau de métro, de trains régionaux, de bus et de tramways (« light rail »).

 

C'est ce passage au « Grand Londres », avec la création d'organismes non-responsables qui a permis que l'exploitation des lignes de bus et de tramways soit entièrement privatisée, tout comme les services de maintenance … tandis que le réseau coûteux est géré par le public !

 

C'est ce scandale de la privatisation qu'a voulu dénoncer le RMT pendant cette grève, dans un réquisitoire accablant : sécurité au rabais et mort au tournant, prix qui s'envolent et service dégradé, coût pour la collectivité et profits privés.

 

La sécurité au rabais, c'est la multiplication des accidents depuis les années 2000. Un exemple frappant, le 2 avril 2007 un homme était tué par le Tramway (« Light railway ») des Docklands : percuté par un train sans conducteur, dans une station sans personnel.

 

Histoire en parallèle qui avait fait la une des tabloïds en septembre 2012, un enfant de huit ans avait été sauvé sur la ligne de métro Jubilee, à la station Stanmore par un agent du nettoiement qui s'est précipité sur les voies. Le conducteur les a vus et arrêté le train à temps, évitant le drame.

 

Les prix qui s'envolent, cette année c'est une hausse de 3 % des transports. Depuis 2000, le prix du ticket de bus – le service étant totalement privatisé – zone 1 a été multiplié par 150 % (de 1 £ à 2,5£), celui du ticket journalier de métro zone 1-4 par 120 % (de 2,6 £ à 5,70 £).

 

Grâce à la privatisation, les prix des transports à Londres sont désormais les plus chers d'Europe : comptez 250 € par mois à Londres pour un pass zone 1-6, contre 113 € à Paris ou 97 € à Berlin.

 

Enfin, un coût exorbitant pour des profits privés. Difficile de pouvoir faire la comparaison du sur-coût de l'opération, de la maintenance actuelle du réseau. Mais on peut le faire pour un cas : celui du Partenariat public-privé (PPP) pour la gestion du réseau conclu en 2002.

 

Cette gestion fut une faillite complète. Les opérateurs privés profitèrent de l'appel d'offres public pour empocher le marché juteux, parmi eux : le canadien Bombardier, le français Alcatel, l'allemand Siemens réunis dans des consortiums tels Metronet ou Tuberail.

 

L'autorité régionale des transports promettait 15 milliards de £ d'investissements sur 15 ans … tout en garantissant aux opérateurs privés d'amortir 90 % de leurs coûts, même en cas d'échec, mettant à leur service 7 500 personnels de maintenance, d'équipement.

 

Dans la pratique, les investissements ne dépassèrent pas les 450 millions de £ par an, moitié moins que prévu, et furent en charge à près de 40 % par le secteur public. Les opérateurs privés réalisèrent un profit hebdomadaire estimé à 1 million de £.

 

Devant la faillite du programme, « Transport for London », c'est-à-dire la collectivité publique, a dû récupérer le réseau en 2007, rachetant les lignes pour 310 millions de £ tout en récupérant une dette de 1,7 milliard de £.

 

Et ce pillage public au profit du secteur privé ne fait que commencer, le maire de Londres annonce 9 milliards de £ de coupes d'ici 2021 (200 fois celles prévues en 2014!)

 

Le projet est de faire un métro automatique sans conducteur, aucun personnel de soutien dans les stations et une main d’œuvre flexible en « contrat zéro heure », sous-traitée au privé pour la maintenance !

 

« Euro 2016 », « Grand Paris », « Réforme ferroviaire » : que cela nous serve d'avertissement !

 

Paraît-il que les caisses sont vides à Londres, l'argument sonne creux dans la capitale anglaise qui a dépensé 13 milliards d'argent public pour les JO de 2012 – partagés dans des contrats juteux pour 1 500 entreprises privées.

 

De cette somme, 8 milliards furent consacrés aux transports, à peu près la somme qu'on se propose d'économiser aux Londoniens d'ici 2020 en supprimant des services publics.

 

Pour des investissements peu utiles à la vie des Londoniens, centrés sur les sites olympiques : les nouvelles stations autour de Stratford (le site olympique) ou la ligne de métro rapide « Javelot » reliant la gare à Stratford confiée à un opérateur privé … Keolis, filiale de la SNCF !

 

Ceci constitue un avertissement pour nous Français, franciliens, parisiens à l'heure du « Grand Paris », de la « réforme ferroviaire » ou encore de l' « Euro 2016 » de football :

 

en Grande-Bretagne, ce furent les outils de la privatisation, avec son cortège de catastrophes sécuritaires, d'envol des prix et de dette publique.

 

 

Solidarité en tout cas avec nos camarades du RMT, syndicat de classe combatif, sa lutte à Londres est la nôtre à Paris !

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