1415402973_libye_mohamed_al_megaryef_ex_opposant_pro_isla.jpgQui est Mohamed al-Megaryef, premier président de la Libye « libérée » par les forces de l'OTAN ?

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

Islamiste « modéré » et homme « de consensus », voilà le portrait dressé par les médias occidentaux du nouveau porte-parole du Congrès général national et président de facto de la Libye « libérée ».

 

L'élection symbolique de Mohammed al-Megaryef est avant tout une récompense pour celui qui fut pendant trois décennies le premier et le meilleur allié des États-Unis, de la France et des dictatures arabes dans leur lutte contre le régime de Kaddafi

 

Parcours aux côtés de l'impérialisme et des dictatures arabes : fondateur du FNSL en guerre froide et exil aux États-Unis

 

Économiste de formation, originaire de Benghazi, Mohamed al-Megaryef connaît une ascension fulgurante au service du régime de Kaddafi, présidant la Cour des comptes en 1972, à l'âge de 31 ans et devenant ministre des Affaires étrangères cinq ans plus tard.

 

En 1978, il est nommé ambassadeur à New Delhi. Déjà en contact avec les services de renseignement américains, il fait défection au régime en 1980 et fonde l'année suivante, avec d'autres renégats de l'appareil d’État libyen, le Front national du salut de la Libye (FNSL).

 

Comptant sur une base mercenaire de putschistes, le FNSL devient alors un instrument privilégié dans la lutte que mènent les puissances occidentales, États-Unis et France en premier lieu, contre le régime de Kaddafi.

 

Instrumentalisant une rhétorique « démocratique » de bonne guerre en période de guerre froide, le FNSL multiplie des actions terroristes sur territoire Libyen et intervient activement du côté Tchadien dans la guerre qui oppose le Tchad, soutenu par les puissances occidentales, à la Libye.

 

Le soutien logistique et financier des États-Unis, via la CIA, de la France et d’Israël aux agissements du FSLN est désormais avéré. Tout comme l'appui des dictatures Égyptiennes et Tunisiennes ainsi que des monarchies absolues Marocaines et Saoudiennes. L'Arabie saoudite a ainsi accordé au groupe terroriste plus de 7 millions de $ dans les années 1980.

 

Détruit militairement à la fin des années 1980, les chefs renégats du FSLN choisissent l'exil. Pour al-Megaryef, ce sera la maison-mère, les États-Unis et Atlanta, où il continue à manœuvrer en coulisses pour accumuler des soutiens politiques et des fonds américains, et construire une opposition pro-impérialiste au régime de Kaddafi.

 

Réélu secrétaire-général de la formation à quatre reprises, il est un des artisans de la fameuse Conférence nationale de l'opposition Libyenne, organisée à Londres en 2005, posant un programme contre-révolutionnaire, repris ensuite par le CNT mis en œuvre lors de la guerre civile de 2011.

 

Un programme conciliant avec les intérêts occidentaux : islamiste conservateur, ultra-libéralisme et fédéralisme

 

Après la victoire des « rebelles » soutenus par les forces de l'OTAN, face à une société civile inexistante et une vie politique déserte, les alliés des occidentaux ravalent la façade de leurs organisations para-militaires et s'achètent une virginité démocratique.

 

C'est le cas du FNSL qui devient simplement le Front national en mai 2012 et dont Mohamed al-Megaryef devient le premier secrétaire.

 

La recherche de partenaires fiables pour les puissances impérialistes occidentales reposent sur trois critères auxquels répondent les quatre partis libyens créés de toute pièce en 2011 :

 

  • un islamisme conservateur, garant d'un consensus populaire et de la stabilité sociale ;

  • un ultra-libéralisme économique, ouvrant le pays au capital international ;

  • une organisation fédérale décentralisée, garantissant l'accès des richesses pétrolières de l'Est aux majors américaines et européennes ;

 

Un programme auquel répond point par point Mohammed al-Megaryef dans une interview accordée à JeuneAfrique, le 5 août dernier :

 

  • Sur l'islamisme militant : après les habituelles déclarations de rigueur sur un nouvel État « civil et non-religieux », al-Megaryef trouve normal que la Charia soit « une source du droit et que rien ne vienne la contredire », enchaînant en affirmant que le débat au sein de l'Etat nouveau est entre ceux qui considèrent 'seulement' « l'islam comme religion d'Etat » et d'autres qui veulent préciser que « la charia est une source du droit ».

 

  • Sur le libéralisme économique : al-Megaryef évoque d'abord la nécessité de mettre un terme à la phase de la rébellion armée, de reconstruire les forces de sécurité, une armée, de restaurer une stabilité nécessaire « pour lancer le développement économique et social de la Libye », ce qui « suppose de rassurer les investisseurs étrangers » ;

 

  • Sur un État fédéral : le leader du Front national commence par une critique de la centralisation expérimentée sous Kaddafi et même sous la monarchie et par un éloge de la décentralisation et du fédéralisme antérieur, celui qui ne peut être au XX ème siècle que celui du protectorat colonial Italien sur la Cyrénaique et la Tripolitaine. Al-Megrayef avance ensuite son programme fondamental : « Aujourd’hui, tout ce que nous voulons c’est un régime le plus décentralisé possible ». Objectif numéro un, garantir à la Cyrénaique la jouissance pleine et entière du jackpot pétrolier : « Afin de permettre à chaque ville et à chaque région de profiter équitablement du développement du pays et du partage des richesses mais aussi de disposer des services nécessaires. »

 

L'élection d'un serviteur zélé des puissances impérialistes occidentales à la tête de l’État libyen comme un symbole. Un après la « libération » de la Libye par les forces de l'OTAN, le processus de re-colonisation de la Libye est désormais bien avancé.

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