KKE« La coordination des Partis communistes, alternative au PGE, parti européen cherchant à les piéger dans la gestion du capitalisme, à la remorque de la social-démocratie »

 

 

Intervention de Nikos Seretakis, du département international du KKE, à la rencontre communiste internationale du 26 février reprise par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net

 

 

Comme cela est connu, dès le début, le KKE a manifesté son opposition à la création de ce parti « européen » qu’est le PGE. L’opposition au PGE est dictée par le caractère révolutionnaire de notre parti, par la voie radicale qu’il met en avant, une voie en rupture avec les monopoles et l’impérialisme, pour le pouvoir populaire et l’économie populaire, le socialisme.

 

Le cours du PGE confirme qu’il est un élément institutionnel de l’UE, une force de soutien de sa politique. Dans ses documents fondamentaux (Statut et programme politique) le PGE refuse tout ce qui est communiste, rejette les traditions révolutionnaires, se place en tant qu’adversaire du socialisme scientifique, de la lutte des classes, de la révolution socialiste. L’action du PGE confirme notre prédiction qu'il constitue un moyen de mutation totale des partis qui gardent encore le nom de « communiste » ou qui en ont gardé, à des degrés divers, même symboliquement, certaines de ses caractéristiques.

 

Dans sa lettre du 1er décembre 2010 aux Partis communistes et ouvriers d'Europe, le KKE les appelait à affaiblir le PGE et à l'abandonner car il constitue un instrument visant à piéger les forces révolutionnaires dans la structure capitaliste, pour qu’elles deviennent la « voiture-balai » de la social-démocratie.

 

L'initiative du KKE a provoqué, comme cela était attendu, des discussions dans plusieurs partis, qui sont soit membres soit observateurs du PGE. C’est encourageant qu’il y ait eu des partis et des forces communistes qui ont réagi de façon positive, que l’idée de la nécessité d’un front contre le PGE mûrit. Nous évaluons comme positive le fait que la rencontre de 10 partis communistes de Balkans qui a eu lieu le 22 /1/2010, condamne les illusions que les « classes bourgeoises des pays-candidats, des ONG mais aussi des forces opportunistes, comme le PGE »  sèment à propos de l’OTAN et l’UE.

 

 

Dans le même temps, elle est devenue la cible d'attaques venant de forces qui cherchent à éloigner encore plus le mouvement communiste de ses traditions et de ses principes révolutionnaires. Et ainsi, des accusations ont été formulées à l'égard de notre parti, que nous aurions prétendument lancé au PGE des « accusations fausses et sans fondement ». En effet, ils prétendent que le KKE est d'avis que « le PGE divise la gauche ». En réalité, un lecteur attentif de la lettre du KKE verra qu'il y ait fait référence au « rôle de division et de sape que joue le PGE contre le mouvement communiste international ». Une démonstration symbolique en a été l'organisation du congrès du PGE exactement aux mêmes dates que la Rencontre internationale des Partis communistes en Afrique du sud.

 

 

Ceux qui engagent des polémiques contre le KKE, afin d'appuyer leur choix de se fondre dans le PGE, ont recours à un « comptage » des partis qui participent au PGE, même ceux qui ont été au Congrès en tant qu'observateurs. Ce dont ne parlent pas ces gens, c'est le contenu politique, soit la direction opportuniste dont le PGE est à l'avant-garde et les tentatives d'entraîner ces partis dans son sillage. La question n'est pas le nombre de partis qui y participent, mais la nature de chaque parti pris individuellement. Nombre de ces partis ont été des forces qui dans le passé se sont alignées sur le courant opportuniste de l' « Eurocommunisme », des partis communistes et d'autres forces qui ont renoncé au socialisme et se sont « social-démocratisés » après les contre-révolutions en URSS et en Europe de l'Est, des forces qui ont consacré leurs forces à l'anti-communisme. Ce n'est donc pas un hasard si ces partis jouent un rôle important dans le PGE aujourd'hui et s'efforcent de réaliser ce qu'ils n'ont pas été capables de faire auparavant, en finir avec le mouvement communiste et les Partis communistes qui ont résisté à la tempête des contre-révolutions. 

 

La base de l'argumentation que le KKE a avancé dans sa lettre du 1er décembre est étayée dans la lettre même, et par le contenu des documents et résolutions issus du 3ème Congrès du PGE.

 

Le PGE en réalité, comme cela est clairement visible dans son document de congrès, a d'autres objectifs, qui sont contenus dans son slogan: « Nous ne pouvons pas améliorer le monde si nousne le sauvons pas, mais nous pouvons sauver le monde en l'améliorant ». Ce que le PGE admet dans ce slogan, c'est qu'il lutte pour un capitalisme humanisé, amélioré. Dans une période où les impasses du capitalisme deviennent de plus en plus claires aux yeux des travailleurs, encore plus désormais que le travailleur peut comprendre à partir de sa propre expérience que le capitalisme, tant dans sa période de développement que dans celle de crise, est barbare et agressif, le PGE a pris l'initiative de faire un lifting au capitalisme, laissant intentionnellement l'exploitation capitaliste et le pouvoir du capital intact.

 

 

Le PGE sème plus d’illusions que l’UE impérialiste elle-même. Il propose des mesures de gestion dans le cadre du système capitaliste. C’est de cette façon qu’ils entendent réussir à « humaniser » du capitalisme, à épurer l’UE des spéculateurs et du « néolibéralisme » :

 

« La transformation de la mission de la Banque centrale européenne. Grâce à l'émission de liquidités et sur la base de critères sociaux, la BCE devrait accorder des crédits à faible taux d'intérêt aux Etats-membres (…) émettre des euro-obligations pour permettre à des Etats-membres d'emprunter à des taux d'intérêt raisonnables (…) Une autre Europe est possible (…) Nous luttons pour une refondation démocratique de l'Europe et de l'UE (…) Si l'UE n'est pas en mesure d'arrêter la spéculation, qui le peut? » , se demande le PGE.

 

Dans une période où les sociaux-démocrates constituent la « force de frappe » de base du capital afin de faire passer l'offensive barbare contre les travailleurs et l'expansion massive de la pauvreté en Europe (ex: Espagne, Grèce, Portugal), le PGE dénonce de manière hypocrite la « gestion néo-libérale », allant suffisamment loin pour lui attribuer la responsabilité de la crise capitaliste. Et ainsi il affirme qu'il ne voit pas la caractérisation de la crise comme celle du système capitaliste même, comme une crise de sur-accumulation capitaliste qui repose sur la contradiction fondamentale capital/travail, comme les Partis communistes l'ont conclu dans leur Rencontre internationale en Afrique du sud. Au contraire, les forces du PGE laissent intactes les véritables causes de la crise capitaliste mondiale.

 

Ils limitent avec cette ligne tout développement des luttes ouvrières en dénonçant « la mauvaise Droite » (ex: Sarkozy en France) et donc en travaillant fondamentalement pour le retour de la social-démocratie, qui a fait ses preuves en reprenant et poursuivant de façon barbare des projets anti-populaires laissés par les gouvernements libéraux. Les Partis communistes qui jouent le rôle de partenaire dans des gouvernements où la social-démocratie défend la même ligne opportuniste, afin de mettre en œuvre des politiques contraires aux intérêts des travailleurs, une ligne qui, comme cela est bien connu, a mené à la castration idéologique des Partis communistes en Europe dans un passé récent, à la rupture des liens avec la classe ouvrière et les masses populaires.

 

Quand le PGE écrit que « cela signifie que nous voulons créer un front politique et social contre le néo-libéralisme aux niveaux nationaux tout comme européens », il fait beaucoup de mal au mouvement populaire, car il diffuse de faux espoirs comme quoi le capitalisme pourrait résoudre les problèmes politiques d'aujourd'hui. Les forces du compromis dans le mouvement communiste, ont comme idéal une ligne de lutte dans laquelle le PC aura un rôle «complémentaire» à la social-démocratie afin de créer une pseudo «majorité sociale de solidarité». C’est dans ce cadre-là qu’en Grèce mais aussi plus généralement le modèle de la dite «unité de la gauche» est mis en avant.

 

Le fait que le KKE ait rejeté l'impasse de « l’unité de la gauche » signifie que le KKE a une politique d'alliance qui répond aux intérêts de la classe ouvrière, des couches populaires et des besoins de la lutte de classe. Nous concentrons notre attention sur l'alliance socio-politique, qui repose sur l'unité d'action et les intérêts communs, sur une ligne commune de lutte entre la classe ouvrière et les indépendants urbains et ruraux. Une alliance qui rentrera en conflit avec les monopoles, l'impérialisme, tout comme la lutte pour une autre voie de développement pour notre pays, la voie du pouvoir et de l'économie populaire, où les moyens de production seront socialisés, où existera une planification centralisée de l'économie sous contrôle ouvrier. Pour les communistes, il ne peut y avoir de « pouvoir intermédiaire » ou de « système intermédiaire » entre capitalisme et socialisme. Pour les communistes, le pouvoir et l'économie populaire signifient société socialiste.

 

Le KKE juge qu’aujourd’hui, on ne peut pas avoir, d’une part, une situation aussi négative dans le mouvement ouvrier où sont dominants les partenaires du PGE, les bureaucrates jaunes de la CSI, et d'autre part, au niveau politique, l'existence d'une alliance politique radicale.

 

Aujourd'hui, les Partis communistes ont accumulé une expérience importante et peuvent se libérer de la perspective selon laquelle une politique d'alliance signifie réunir des forces qui ont fait défection au mouvement communiste. Les conclusions nécessaires doivent être tirées de cette défection. Car ils n'ont pas quitté les rangs des Partis communistes et créé des groupes/partis opportunistes par hasard,  parce qu'il existait des désaccords de détail mais bien parce qu’ils existaient des désaccords de fond. Ils se sont rendus et se sont soumis au système capitaliste, contribuant à perpétuer le système d'exploitation. Leur réponse à la question cruciale: « avec le peuple ou les monopoles? » est que, en théorie comme en pratique, ils sont du côté des derniers. Et même s’ils évoquent parfois leurs racines communistes, ils mènent une offensive anti-communiste et anti-socialiste systématique contre le Marxisme-Léninisme; ils cherchent à corrompre et à désarmer politiquement et idéologiquement les Partis Communistes, à lesdissoudre dans des formations opportunistes qui finissent dans les bras de la social-démocratie. Ce ne sont pas des forces « qui ne disent pas les choses aussi bien que les communistes », mais des forces qui leur sont hostiles.

 

Au lieu de l'habituelle union des directions avec les formations et partis opportunistes ainsi qu'avec la social-démocratie au nom de l' « unité de la gauche », dont le mouvement communiste a tant pâti dans le passé, la tâche principale aujourd'hui pour les Partis communistes est la libération massive de la classe ouvrière et des forces populaires qui se trouvent actuellement sous l’influence des partis bourgeois, tant sociaux-démocrates que libéraux. Sur cette base, les conditions préalables à la concentration des forces pour qu'une alliance sociale soit possible en Grèce seront créées, à travers le rassemblement de forces dans des fronts communs d'action d'organisations comme le Front militant des travailleurs (PAME), le Rassemblement militant de paysans (PASEVE), la Fédération des femmes grecques (OGE) et le Front militant des étudiants (MAS). C'est cette activité commune qui déterminera le temps qu'il nous faudra pour avoir une alliance socio-politique pleinement formée au niveau politique des forces anti-impérialistes et anti-monopolistes. Seul ce travail peut créer des liens avec la classe ouvrière et les masses populaires.

 

C'est la ligne politique que le KKE a suivi après le départ des forces opportunistes en 1990, et il a été démontré que le KKE n'était non seulement pas « isolé des masses », comme certains l'avaient espéré, mais avait même renforcé ses liens avec la classe ouvrière et les masses populaires. Cela est ressorti de façon patente dans les mobilisations et les grèves, où les communistes ont été à l'avant-garde. C'est patent aussi dans les résultats électoraux, qui ne sont pas l'indicateur le plus important pour les communistes, mais seulement un parmi tant d'autres. Lors des premières élections après la scission (1993) avec les opportunistes, le KKE a obtenu 4.5% (300 000 voix), en 2010 il a obtenu près de 11% et 600 000 voix.

 

Notre but de renversement de l'impérialisme au lieu de son humanisation, est plus que jamais d'actualité pour le KKE. Pour le KKE le front stable contre l'opportunisme est caractéristique de notre identité communiste, Marxiste-Léniniste. Cette identité et sa défense sont fondées aujourd'hui sur le rejet du PGE, son abandon par les Partis communistes qui en sont soit membres soit observateurs. Cette expérience n'est pas liée aux particularités de chaque pays pris individuellement. Au contraire, elles font partie du patrimoine collectif d'expériences du mouvement communiste.

 

Vingt ans après le renversement du socialisme en URSS et en Europe centrale et orientale, dans les conditions de la crise capitaliste mondiale, les régimes bourgeois et leurs appareils idéologiques intensifient leur assaut contre le mouvement communiste et continuent à calomnier l'URSS et les autres démocraties populaires. Ce n'est pas un hasard que dans les documents du PGE, il n’y ait aucune référence à la déformation de l’Histoire réalisée par l’UE, le Conseil de l’Europe et d’autres organismes impérialistes au détriment de l’Histoire du mouvement ouvrier et communiste en Europe. Les forces à la tête du PGE étaient parmi celles qui ont combattu, avec les libéraux et les sociaux-démocrates, l’URSS et les autres pays socialistes. Aujourd’hui encore ils acceptent et utilisent entièrement l’argumentation de la classe bourgeoise, qui aboutit à identifier le fascisme et le communisme.

 

 

 Nous avons un exemple récent de cela en Allemagne.

 

Le prétendu « moteur » de l'Europe, doit être bien « assemblé » afin qu'il puisse « booster » la profitabilité du capital. Toutes les forces politiques dominantes, qu'elles soient de « gauche » ou de « droite » sont appelées à contribuer à leur façon à cet effort.

 

Dans ce pays, ont été en vigueur pendant des décennies des proscriptions envers les communistes travaillant à divers niveaux du secteur public. Le déclencheur d'une nouvelle flambée d'anti-communisme a été donné par l'intention de Gesine Lötzsch, présidente du Parti de gauche (Die Linke), de faire un discours à un meeting qui comprenait le mot « communisme » dans son intitulé. Cet événement a provoqué des réflexes de classe « durs » de la part des partis bourgeois Allemands, tout comme de la part des media, qui ont accusé le parti en question et son président de … glisser vers le « communisme ».

 

 

Néanmoins, la présidente du Die Linke, tout en essuyant les tirs « hostiles », a aussi subi des tirs « amis » de la part de cadres de son propre parti, même si elle a fait de nombreuses déclarations « renonçant au communisme », affirmant qu'elle est « une socialiste et non une communiste », rappelant le « Stalinisme » et condamnant les « crimes du communisme ». Ils maudissent le « socialisme réel » et prêtent des serments d'allégeance au prétendu « socialisme démocratique »!

 

Dans le même temps, l'alliance idéologique des opportunistes avec l'idéologie bourgeoise est encore une fois manifeste. En tout cas, tant Die Linke que les partis du « Parti de la gauche européenne » (PGE) se réunissent dans l'opposition à la lutte de classe et à la construction du socialisme. Ce n'est pas un hasard si on s'appuie sur ses statuts; le PGE participe activement à la grossière campagne anti-communiste en Europe, condamnant l'histoire de la construction socialiste en URSS. Et ce n’est pas par hasard non plus si au 3ème Congrès du PGE a été élu trésorier Diether Dehm qui en juillet 2010 avait fait une déclaration qui assimilait Hitler à Staline, disant qu’il s’agissait de la même chose, comme la peste et le choléra!

 

Leur affirmation qu'ils luttent pour un... « socialisme démocratique » opposé à un « communisme arbitraire », « totalitaire » et « dictatorial » n'est pas nouvelle. Ils poursuivent la voie du « socialisme démocratique » de Bernstein (qui a été formulée il y a cent ans de cela), un argumentaire renvoyant à la position de la 2nde Internationale vis-à-vis de la prise pacifique du pouvoir par la voie parlementaire, qui a été adoptée par le « courant euro-communiste ».

 

En fait, la direction de ce parti opportuniste Allemand en particulier « s'est surpassée » dans les hommages qui ont été rendus pour l'anniversaire de l'assassinat des dirigeants communistes d'Allemagne, Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, de la façon suivante: elle a placé sur le cimetière des militants socialistes et communistes une plaque commémorative pour les... « Victimes du stalinisme ». La persévérance de Die Linke dans cette provocation est manifeste pour la quatrième année consécutive, puisque la plaque, naturellement, provoque de fortes réactions.

 

Le scandale qui a éclaté avec les révélations du Wikileaks est aussi très révélateur du rôle de sape que jouent ces forces dans la lutte anti-impérialiste. Il a été révélé que Gregor Gysi, Président du Groupe Parlementaire de la «gauche» allemande, avait rassuré l’ambassadeur américain au sujet de la revendication de «dissolution de l’OTAN», en lui disant que «dangereuse serait la revendication du désengagement de l’Allemagne de l’OTAN et non la revendication générale de dissolution. Chose qui de toute façon n’est pas possible, puisque pour la dissolution de l’Organisme le consentement des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni est nécessaire, et que cela n’est pas réaliste».

 

Affaiblir davantage ce parti de «gauche» de l’UE, renforcer la collaboration égale des Partis Communistes et Ouvriers sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétaire, loin des limites et des conditions de l’UE, voilà le seul espoir pour la reconstruction du mouvement communiste européen et la seule réponse crédible à l’agressivité du capital européen contre les droits des travailleurs.

 

L’actualité récente, la crise capitaliste qui s'approfondit, l’aiguisement des contradictions de l’impérialisme et de l’agressivité du capital, accroissent le niveau de responsabilité des communistes envers la classe ouvrière et les couches populaires pour l’organisation de la lutte et son orientation vers le but de renversement du pouvoir des monopoles et du système exploiteur dans chaque pays et de construction de la nouvelle société socialiste-communiste.

 

Nous renvoyons à l’article fondamental du KKE sur la question du PGE, dont s’inspire fortement l’intervention de notre camarade Nikos Seretakis : Le PC Grec approfondit sa critique du PGE et de son vaisseau amiral Die Linke: « stratégie d'aménagement du système capitaliste ou plutôt stratégie de rupture révolutionnaire? »

Retour à l'accueil