0622-OAUSTERITY-cameron-UK-austerity full 380-300x199Un budget d'austérité « axe and tax » en Grande-Bretagne

 

La fonction publique découpée à la hache et nouveaux cadeaux fiscaux pour le patronat



Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net



« Le budget le plus dur depuis la fin de la première guerre mondiale », c'est ainsi que les médias du capital ont qualifié le plan d'austérité Conservateur/Libéral-démocrate présenté par le ministre des Finances, George Osborne, le 22 juin dernier.



Plus dur que les budgets de l'ère Thatcher eux-mêmes, la droite n'hésite pas à brandir fièrement son budget comme le plan « Axe and tax ».



On découpe à la hache dans les dépenses publiques tout en augmentant les taxes pour les salariés les plus modestes.



On coupe dans le porte-feuille des pauvres, des travailleurs et des fonctionnaires pendant que le patronat et les 10% les plus riches, qui contrôlent déjà 44% de la richesse nationale, bénéficient de nouveaux cadeaux.



« Nous sommes tous dans le même bateau », affirmait le premier ministre David Cameron le 7 juin dernier, après les élections législatives qui ont porté au pouvoir une coalition de droite Conservatrice/Libéral-Démocrate.



Ce qu'il cachait aux Britanniques, c'est que certains se saigneraient à la cale, tandis que d'autres sabreraient le champagne en cabine.



Une politique fiscale dure et injuste



Avec mauvaise foi, Cameron et Osborne ont présenté leur plan de rigueur comme étant « dur mais juste ». Or, la politique fiscale du gouvernement prouve exactement le contraire. Censées représenter 20% des économies, la hausse des recettes fiscales devrait logiquement se solder une hausse généralisée des impôts



Or tout le monde n'est pas concerné, et un acteur sort assurément gagnant de ce plan: le patronat.



Non seulement le gouvernement conservateur ne revient pas sur les multiples niches fiscales et exonérations des précédents gouvernements, mais il en vient à annoncer la baisse de l'Impôt sur les Sociétés de 28% à 24%sur les quatre prochaines années.



Ce qui ferait déjà de la Grande-Bretagne le pays du G7 le plus attractif pour les investisseurs européens.Et l'objectif affiché est de devenir le pays le plus attractif du G20 d'ici 2014, ce qui laisse imagine l'ampleur des cadeaux à venir pour le patronat.



Une telle mesure révèle le caractère spécieux de l'argumentaire sur le déficit et comment il dissimule en réalité une politique de classe.Avec cynisme, le gouvernement agite une série de mesures relativement insignifiantes comme la création d'une taxe de 0,07% sur le chiffre d'affaires des banques. Que l'on prévoit par ailleurs déjà d'abaisser à 0,04% en 2011.



Cette mesure devrait rapporter quatre fois moins que ce que coûtera au Trésor britannique l'abaissement de 4 points de l'impôt sur les sociétés.



Pendant ce temps-là, ce seront les salariés et les retraités les plus pauvres qui paieront la facture, essentiellement par une hausse de la TVA de 17,5 à 20%.



Refusant de toucher aux plus hauts revenus (les salariés qui touchent plus de 150 000 livres par an seront imposés 355 livres de plus par an!), le gouvernement présente comme une mesure de justice fiscale l'exonération des 800 000 ménages qui occupent la tranche inférieure de l'impôt sur le revenu ainsi que la hausse de 18 à 28% des taxes sur les plus-values boursières.Encore une fois, ce raisonnement ne tient pas.



D'une part, l'exonération d'impôt pour les salariés de la première tranche(qui s'élèvera en fait très modestement à 170 livres par an en moyenne) sera largement compensée par la hausse de 3 points de la TVA.



D'autre part,la hausse de l'impôt sur les plus-values boursières n'est qu'une rectification sur une niche scandaleuse, puisque ce statut de « plus-value boursière » permet à ses profits d'échapper à l'impôt sur le revenu dont la tranche supérieure reste de 40%. Cette mesure ne constitue donc même pas un retour à la normale.



La fonction publique découpée à la hache



Pour ce qui est des économies restantes, le gouvernement a décidé de poursuivre la politique de ces prédécesseurs Thatcher, Major et Blair et de s'inspirer du fameux « exemple canadien »: la purge.



Osborne a annoncé un chiffre difficilement croyable: une baisse de 25% du budget des différentes administrations publiques, santé exceptée. On imagine quelles conséquences cela aura sur le service rendu aux citoyens britanniques. Pour donner une idée, le montant de ces « économies » équivaudrait à la fermeture de 38 universités et de 12 tribunaux.



On peut imaginer également le nombre de licenciements de travailleurs du public que cela entraînera. Des experts financiers, enthousiastes, parlent de 750 000 fonctionnaires en moins dans les quatre prochaines années. Une purge effectivement, aux effets potentiellement désastreux dans un pays qui compte déjà 3 millions de chômeurs.



Seul secteur « épargné », la Santé ne l'est qu'en apparence. Les 2,5 milliards de livres d'économies attendues supposeront externalisation et sous-traitance, privatisation des systèmes de management et licenciement des contractuels.



Car c'est bien l'accélération d'un processus de privatisation, pourtant bien avancé, dont il est question ici. Dans la ligne de mire: la gestion du trafic aérien, le TGV britannique et surtout la Royal Mail, la poste Britannique. Il s'agit ici, dans un premier temps, d'ouvrir ces entreprises publiques au capital privé comme ce fut le cas dans le passé pour le rail, l'électricité ou encore les télécoms. Toutes ces entreprises furent privatisées par la suite.



Last but not least, les salaires des fonctionnaires seront abaissés dans les prochaines années. Pas encore nominalement mais bien en termes réels, à travers le gel du traitement de ¾ des salariés du publicet le remplacement des hausses de salaires pour les fonctionnaires payées juste au-dessus du salaire minimum par une prime annuelle symbolique de 250 livres.



A ces baisses du salaire primaire, s'ajoute la baisse du « salaire socialisé », avec la coupe dans les allocations sociales: gel des allocations familiales, baisse des allocations maternité, handicap ou logement. La confédération syndicale unitaire TUC a calculé qu'une jeune mère pauvre se verrait, avec ses allocations revues à la baisse, amputée de 1 250 livres par an.



Opposition de façade des travaillistes et des centristes qui révèlent leur vrai visage



Les travaillistes dénoncent avec une certaine hypocrisie le plan de guerre contre les fonctionnaires et les cadeaux faits au patronat. Le projet Brown ne différait que celui de Clegg et de Cameron non pas par sa nature mais par le degréde l'attaque envers le monde du travail:les mêmes plans de privatisations, la même absence de remise en cause de la politique de cadeaux au patronat, 20% de baisse des budgets pour Brown au lieu de 25%, 450 000 fonctionnaires en moins au lieu de 750 000 (selon les estimations), 45 milliards d'économies au lieu des 70 prévus par les conservateurs.



Opposition de façade des travaillistes qui ne font qu' « occuper le terrain », tout comme les conservateurs avaient profité au cours des dernières années de la politique anti-sociale et européiste du Labour pour adopter un visage populiste et euro-sceptique. Tout comme également, les libéraux-démocrates avaient eu beau jeu de se positionner comme troisième force, plus à gauche que des Travaillistes, eux plus à droite que jamais.



Aujourd'hui, les masques tombent. Le centriste de gauche Clegg a rejoint la maison-mère conservatrice, ayant rabattu entre-temps les voix nécessaires à la droite et Cameron s'aligne plus que jamais sur Bruxelles.



Exit la révision du Traité de Lisbonne, bonjour la transposition des directives de privatisation et le plan d'austérité « modèle » pour toute l'Union Européenne. Comble pour les conservateurs et leur nationalisme rhétorique,l'annonce de fermetures d'ambassades britanniques, peut-être remplacées bientôt par des super-ambassades européennes.



Une alternative existe: faire payer le patronat



Contrairement à la reprise du « There is no alternative » Thatchérien, il existe pourtant une alternative claire à la politique menée par le gouvernement conservateur/libéral-démocrate avec la bienveillance des travaillistes.



Il suffit de dire que les 70 milliards d'économies attendues avec ce plan équivalent tout simplement aux 70 milliards d'exonérations de cotisations dont bénéficie le patronat britannique.



Il suffit de dire que, pendant qu'on brade les entreprises nationales ou qu'on ferme des ambassades, la guerre en Afghanistan coûte chaque année 4 milliards de livres au contribuable britannique.



250px-Hammer and dove.svgLe Parti Communiste de Grande-Bretagne (CPGB) a appelé les travailleurs et le peuple britanniques à rejeter ce « budget-pactole pour le grand patronat et pour les riches, dicté par la City et les spéculateurs (…) alors que les retraités, les travailleurs et les familles paieront la crise du capitalisme ». Face à un gouvernement Conservateur/Libéral-Démocrate qui « sort la hâche pour couper dans les allocations sociales, les services publics et les fonctionnaires tout en en profitant pour couper dans les taxes sur les profits du grand capital », le Parti Communiste appelle à la lutte porteuse d'une alternative « à l'agenda néo-libéral défendu par la City, le gouvernement de droite, la Commission Européenne et la BCE ».

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