« Un communiste dans l’espace ! » : chronique du 13 avril 1961 pour le 50ème anniversaire du voyage du citoyen soviétique Youri Gagarine dans l’espace
12 avr. 2011
« Un communiste dans l’espace ! » : chronique du 13 avril 1961 pour le 50ème anniversaire du voyage du citoyen soviétique Youri Gagarine dans l’espace
Traduction JC du dossier du Morning Star consacré à Youri Gagarine pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Un communiste dans l’espace
De Dennis Ogden, correspondant du Daily Worker, Moscou, 13 avril 1961
Voilà l’accueil réservé au héros par ceux qui attendaient anxieusement l’astronaute de 27 ans, le major Youi Gagarine revenu à Moscou ce vendredi matin.
Des nouvelles du « Chelovek e Kosmos - l’Homme dans l’espace » firent le tour de la ville à une vitesse cosmique ce matin. La foule se pressa auprès des haut-parleurs sur les places et dans les rues pour entendre le compte-rendu du vol de 108 minutes dans le vaisseau spatial de 4,5 tonnes « Vostok » (Est)
Les automobilistes le long de la rue Gorki s’arrêtèrent sur le trottoir et allumèrent leurs radios pour permettre aux gens d’écouter les dernières nouvelles.
Un bourdonnement d’excitation et des murmures de « Molodets » - « bon gars » - accueillirent les mots annonçant que le vol s’était déroulé normalement et que le major Gagarine se portait bien.
« Bonne chance à toi et reviens-nous sain et sauf », murmurait une vieille femme aux cheveux blancs, se tenant à mes côtés.
Les étudiants de l’université de Moscou interrompirent leurs cours et se dirigèrent vers la Place Rouge, déjà bondée. Ils brandissaient des posters sur lesquels était écrit à la hâte : « Gloire au cosmonaute soviétique ».
Quand la nouvelle se propagea dans toute la ville que le portrait du premier cosmonaute serait montré à la télévision, les gens dans la rue frappèrent aux portes des maisons d’étrangers, impatients de voir la tête du héros.
Ensuite, lorsque la nouvelle triomphale de l’atterrissage sans heurts fut rendue publique, la foule se rassembla sur la place Maiakovski, se mit l’acclamer et à applaudir à tout rompre, la tension devenue presque insupportable était enfin libérée.
Alors que toute l’Union soviétique était ivre de joie, Radio Moscou baptisait le Major Gagarine « le Christophe Colomb de l’espace inter-planétaire ».
Une femme me dit encore et encore : « Je suis si heureuse ».
Le communiqué de l’agence officielle Tass mettait fin à une période d’incertitude ouverte par les indications claires qu’un vol spatiale de grande ampleur était imminent.
« L’atterrissage s’est déroulé normalement ; je me sens bien et n’ai ni blessures ni contusions », tel était le message du Major Gagarine, à son retour de l’espace, qu’il demandait que l’on envoie à M.Khroutchev
« Ton vol tourne une nouvelle page dans l’histoire de la conquête de l’espace par l’Humanité, emplit les cœurs du peuple Soviétique d’une immense joie et d’une grande fierté pour leur patrie soviétique », a répondu le premier ministre Soviétique par télégramme.
« De tout mon cœur, je te félicite de ton heureux retour sur terre après ton séjour dans l’espace. Je t’embrasse. A bientôt à Moscou. N.Khroutchev ».
Ses collègues de l’aviation soviétique espèrent fournir une escorte aérienne au major Gagarine à son arrivée à l’aéroport de Vnukovo. On avance des propositions pour une célébration gigantesque sur place Rouge ce vendredi.
Une édition spéciale de la Pravda, normalement journal du matin, est sorti plus tard aujourd’hui.
Des nouvelles de ce triomphe sur les forces de la nature furent publiées dans une série de communiqués de Tass, le premier à 10h20.
« Ce 12 avril 1961, le premier vaisseau Spoutnik au monde, le Vostok, avec un homme à bord a été placé sur orbite en Union soviétique », proclamait d’un ton guilleret le présentateur vedette de radio Moscou, Youri Levitan.
« Le pilote du vaisseau spoutnik Vostok est un citoyen d’Union soviétique, major des forces aériennes, Youri Alexeyevich Gagarine ».
Youri Gagarine (1934-1968)
Né dans un petit village de Klushino, dans la région de Smolensk, les origines de Garagine étaient fort modestes.
Son père était charpentier et sa mère travaillait dans une ferme collective.
Ils perdirent leur maison en 1941 quand l’armée Allemande avançait dans le territoire Russe et ils furent contraints de s’improviser un toit de fortune dans une cabane dans leur jardin.
Quand l’Armée Rouge libéra le village en 1944, Youri put enfin aller à l’école et il décida qu’il voulait continuer à étudier plutôt que de rester à la campagne.
Mais ne disposant pas des années d’éducation nécessaires, il ne put accéder à l’université, ce qui l’emmena à fréquenter un établissement professionnel à Lubertsy, rattaché à une aciérie, et il commença une formation de métallurgiste.
Il rejoignit le Club aéronautique de Saratov où il passa son temps libre et apprit à manier des avions légers.
Diplômé à l’âge de 20 ans, il fut recommandé à l’Ecole d’Aviation militaire d’Orenburg, rejoignant l’armée de l’air soviétique en tant que pilote en 1956.
Cinq ans plus tard, et comme visage du programme spatial Soviétique, la vie de Gagarine changea de façon spectaculaire à partir du moment où il fut éjecté en parachute à une hauteur de sept kilomètres.
Son vol spatial en fit un héros national et une célébrité mondiale.
Il voyagea beaucoup pour promouvoir les réalisations de l’Union soviétique et eut envie de voler encore, mais en tant que héros national on lui interdit de nouveaux vols spatiaux.
Il forma plusieurs autres cosmonautes, et s’inscrit à l’Institut du génie aéronautique de Zhukovsky en 1965, diplômé avec mention pour avoir conçu un engin spatial à voilure fixe similaire à la navette spatiale américaine.
En mars 1968, lors d’un vol d’essai de routine dans un MIG-15, l’avion de Gagarine s’écrasait, le tuant lui et son co-pilote. Il avait 34 ans.
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