Sur les élections en Autriche. Réaction de la fédération de Styrie du PCA (KPOE).

Les élections législatives autrichiennes du 15 octobre 2017 ont été marquées par un net glissement à droite, dans un contexte de participation en hausse (79%, +5% par rapport à 2013). Le parti populaire, OEVP, avec l’image renouvelée et le discours droitisé du jeune futur chancelier Sebastian Kurz, gagne 7,5% à 31,5%. Le parti de droite extrême, dénommé « parti libéral », FPOE, gagne 5,5% à 26%. Les socio-démocrates du chancelier sortant Kern (à la tête d’un gouvernement de « grande coalition » gauche/droite) maintiennent leurs positions à 27%. Les perdants principaux sont les Verts, entre autres victimes d’une dissidence, qui perdent les 2/3 de leurs voix et passent sous le seuil de 4% nécessaire pour obtenir des députés. Plusieurs partis divers-droite se sont effacés aussi depuis 2013.

Ces résultats confirment la perspective que dessinaient les sondages d’une coalition droite/droite extrême à la tête du pays. La prédominance du thème des migrants dans la campagne, avec des surenchères droitières quasi-générales, ont placé les questions sociales au second plan. La droite extrême arrive à canaliser, depuis longtemps, le rejet de l’UE « libérale ». La médiatisation à outrance des « menaces terroristes » a affaibli le point de vue des défenseurs de la neutralité et de la paix, face à la militarisation avec l’UE et l’OTAN. Le constat est très négatif et inquiétant pour les communistes.

Les listes de rassemblement, ouverte à des « personnalités » de gauche et des écologistes, présentées par le Parti communiste autrichien, KPOE, reculent de 1,0% à 0,8%. Elles ont probablement souffert d’un vote « utile » à gauche devant le risque d’une coalition au pouvoir avec l’extrême-droite.

La fédération du KPOE de Styrie, province du sud-ouest, a participé pour la première fois aux listes nationales depuis l’élimination des positions fondamentales marxistes-léninistes dans le KPOE au niveau national et la conversion réformiste, à l’intégration européenne notamment, de la direction nationale du KPOE au début des années 2000. Le KPOE de Styrie n’a pas suivi et n’entend toujours pas suivre pour autant ces évolutions. Il conserve ses positions anti-UE du capital et une organisation de classe. La fédération de Styrie est la seule du pays à avoir, régionalement, une influence significative, y compris électorale (20% à Graz, deuxième ville du pays, 5% dans la région). Cette influence régionale n’a pas pesé aux élections nationales de cette année : 1,1% pour la liste KPOE+ en Styrie.    

Ci-dessous le communiqué et la première réaction du KPOE de Styrie après l’annonce des résultats du scrutin (15 et 17 octobre 2017). Traduction ML pour « Solidarité internationale PCF – vivelepcf ».

Elections autrichiennes : Les dangers d’une majorité « noire et bleue » (droite et droite extrême) dominent l’issue du scrutin. Analyse de la fédération de Styrie du PCA (KPOE).

Pour la tête de liste du KPOE dans la province de Styrie, Claudia Klimt-Weithaler : « les banques et les grandes entreprises ont de quoi se réjouir ».

Le résultat des élections nationales ne signifie rien de bon pour les travailleurs d’Autriche, pour l’Etat social et la neutralité du pays. La République est face à une « vague bleue ». Cette perspective a influencé le vote de beaucoup de ceux qui avaient voté pour le KPOE aux élections régionales et municipales.

La liste KPOE+ n’a pas atteint, dans ces conditions, son objectif qui était de gagner des voix. [Pour Claudia Klimt-Winthaler :] « Peu importe à quoi ressemblera concrètement le gouvernement, une chose est sûre : il va y avoir des coupes massives dans le système social et des les droits des travailleurs. Les banques et les grandes entreprises ont de quoi se réjouir. Pour beaucoup de gens en Autriche, des temps difficiles s’annoncent. Même si le résultat n’est pas satisfaisant pour nous, nous serons toujours à leur côté et nous n’oublierons pas, même après l’élection, ce que nous avons promis ».

Dans le nouveau Conseil national, aucune liste ne sera représentée dont on peut attendre une expression sérieuse et conséquente contre la transformation néolibérale de notre société et sa militarisation à l’échelle européenne. Les acquis sociaux les plus importants de la Deuxième République sont exposés à une attaque d’une radicalité inédite. Qu’une voix forte se fasse entendre maintenant contre le bradage de la République et contre la casse des droits des travailleurs est plus important que jamais.

Même s’il a pu encore remobiliser beaucoup d’électeurs à la dernière minute, le Parti social-démocrate SPOE doit régler la facture de décennies d’échec politique. Ses affaires récentes sur Facebook ne jouent qu’un rôle mineur.

La politique ne se fera pas uniquement au Parlement, au Conseil d’Etat, mais aussi dans les entreprises, les municipalités, les parlements régionaux. Dans bien des collectivités, le KPOE est la seule force qui s’oppose au consensus néolibéral. Mais la riposte efficace est nécessaire aussi en dehors des institutions. Aussi bien dans le domaine de la santé, que de la dépendance, de l’assurance sociale, du système de retraite, des coupes brutales sont partout à attendre si Kurz et Strache mettent en œuvre leur programme économique.

La tête de liste en Styrie, Claudia Klimt-Weithaler remercie pour leur action militante tous ceux qui, ces dernières semaines et ces derniers mois, ont milité bénévolement dans la campagne électorale. Le KPOE s’est particulièrement engagé dans la campagne pour l’accès au logement et pour la cohésion sociale dans notre pays. Le KPOE transmettra prochainement au nouveau parlement élu sa pétition pour l’introduction, enfin, de plafonds au montant des loyers, et pour la baisse du coût du logement. Un contrepoids à la politique qui va caractériser le nouveau Conseil d’Etat est plus nécessaire que jamais.

17 octobre 2017   

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