PCB - La "grève" de la Police Militaire dans l'Etat du Ceará

La grève est un instrument légitime de lutte de la classe des travailleurs pour le maintien de leurs droits et l’avancée de nouveaux droits, qu'ils portent sur les salaires ou les conditions de travail, sont des moments de progrès significatifs pour la conscience de classe des travailleurs. La revendication des policiers visant un réajustement des salaires est justifiée au vu des écarts de salaires existants entre les fonctionnaires de l'Etat. Toutefois, selon nous, le mouvement actuel de la Police Militaire du Ceará ne peut être considérée comme une grève ordinaire, puisque – en plus d’être le bras armé de l'Etat – la Police Militaire est instrumentalisée à des fins politiques dans un contexte d’élections municipales et de disputes au niveau national.

Si au début du mouvement la Police Militaire revendiquait une juste augmentation des salaires face à la politique de restriction budgétaire du gouvernement régional de Camilo Santana (PT), nous avons vu, dans les dernières semaines, la radicalisation d'un segment "bolsonariste", qui agit en dehors des associations professionnelles de la Police Militaire et qui est motivé par les intérêts particuliers. Ces derniers agissent comme de vraies "milices" en formant des groupes cagoulés terrorisant la population, aussi bien que comme des factions donnant l'ordre de fermer les commerces, levant des impôts, ou en échangeant des tirs avec les policiers du Bataillon du maintien de l’ordre environnemental (BPMA / Batalhão de Policiamento Meio Ambiente), des vols et d'autres actes de barbarie. Une donnée symptomatique de cette crise locale est que, au plus fort de la mutinerie d’une part des forces armées régionales, l'Etat du Ceará a enregistré 51 assassinats en 48 heures, plus de 1 assassinat par heure!

Soulignons également que le renforcement de l'appareil répressif de l'Etat, avec pour conséquence l'augmentation de la liberté et de l'impunité d’action des groupes militaires dans les périphéries ceariennes, s’est réalisée conjointement aux politiques de sécurité publique des deux gouvernements Cid Gomes (2007-2010 et 2011-2014) et suivie aveuglement par les gouvernements Camilo Santana (2015-2018 puis depuis 2019). Le gouvernement Camilo a investi massivement dans cette affaire, mettant en place de plus amples concours d’entrée, modernisant le parc de véhicules, achetant de nouvelles armes, implantant un système de contrôle par caméras, cherchant à augmenter les investissements pour ensuite pouvoir sabrer le budget. Pendant ce temps, les ressources dans des secteurs d'intérêt social ont été coupées ; par exemple, dans le secteur de l'éducation, les admis au concours n'ont pas été convoqués et aucun réajustement des salaires des autres fonctionnaires n'a été concédé. Une telle politique de militarisation s'est intensifiée dans le contexte national de l'élection de Jair Bolsonaro, un gouvernement d’apparence fasciste qui entretient de fortes connexions avec les milices et des groupes paramilitaires.

L'épisode de Sobral (19 février), qui a donné lieu à des tirs contre Cid Gomes de la part des émeutiers, est emblématique de l'escalade des tensions dans l’Etat du Ceará et au Brésil en général. On observe sur la scène nationale et locale une intensification de la militarisation de la vie politique, avec la formation de groupe d'insurgés chaque fois plus proches de l'extrême droite, ainsi qu'avec une forte tendance à la "bolsonarisation" des polices dans l'état du Ceará. La "grève" qui y sévit actuellement est la conséquence de l’aggravation du conflit entre acteurs politiques locaux et nationaux. Ainsi, le gouvernement Bolsonaro a signé ce jeudi 20 février un décret promulguant la GLO (Garantie de la Loi et de l'Ordre) au Ceará, afin que les Forces Armées puissent agir dans l'Etat. Dans le même il préconisait au Congrès d’autoriser l'impunité des militaires agissant dans le cadre de la GLO. En d'autres termes, le gouvernement fédéral profite du scénario de crise pour mettre en œuvre son projet de démantèlement des libertés démocratiques et de construction d'un régime autoritaire.

Face à ces événements, le PCB estime qu’il ne faut pas soutenir le mouvement des policiers, nous dénonçons de la manière la plus virulente l'attentat par balle dont le sénateur Cid Gomes a été la cible. Aucune tergiversation n'est possible face à la menace fasciste.

La sortie de crise ne réside pas dans le renforcement de l'Etat et de la politique militariste de l’actuel gouvernement actuel Camilo Santana, soutenu par l'oligarque Ferreira Gomes. Notre mot d’ordre demeure la démilitarisation de la police et la dénonciation de la police en vigueur. Au contraire, nous appelons à renforcer la nécessaire unité de la classe ouvrière, à soutenir les catégories de travailleurs mobilisés (comme les professeurs, les travailleurs de l'industrie pétrolière, les postiers et autres professionnels du service public) contre les attaques du gouvernement Santana dans l'Etat du Ceará et contre celles du gouvernement fédéral Bolsonaro, défendant les droits et les libertés démocratiques de la classe ouvrière.

Pour la démilitarisation de la police et la paix pour la classe ouvrière!

Pour un front antifasciste en défense des droits sociaux et des libertés démocratiques!

Construire un pouvoir populaire!

Comité Régional du PBC dans l'Etat du Ceará

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