PCP: L'irruption de l'épidémie COVID-19 - Les répercussions immédiates et à moyen terme, les réponses et les politiques pour y faire face
17 mars 2020Déclaration de Jorge Pires
Membre de la commission politique du Comité Central
1. L'épidémie de COVID-19 à laquelle le pays et le monde sont confrontés exige, naturellement et en priorité, l'adoption d'un ensemble de mesures de prévention appropriées, comprenant des mesures sanitaires qu'il faut étdenre, dans lesquelles les services de santé publique jouent un rôle crucial, accompagnées, dans le même temps, de mesures indispensables pour renforcer la capacité de réponse clinique, avec le renforcement du Service national de santé à tous les niveaux.
En mettant en garde la population sur l'attitude prudente qu'elle doit adopter pour contribuer à la prévention et à l'endiguement de l'épidémie, le PCP dénonce et rejette l'instrumentalisation d'une situation qui suscite des inquiétudes toutes compréhensibles et dont l'objectif est de justifier et imposer des régressions économiques et sociales, et des atteintes aux droits fondées sur des logiques alarmistes induites de forme à amplifier un climat de peur au sein de la population.
2. L'augmentation significative, bien qu'attendue, du nombre de personnes infectées par la COVID-19 ces derniers jours implique des mesures efficaces. Il est nécessaire de renforcer la capacité de gestion et de coordination, ainsi que les équipes de lutte contre l'épidémie, dans le cadre d'une stratégie où la priorité doit être accordée à la prévision et à la prévention, sans négliger la réaction. Comme le PCP l'a souligné et le rappelle, la situation dans plusieurs pays européens révèle, par-delà le potentiel épidémiologique d COVID-19, la gravité de l'inadéquation des moyens de santé publique pour répondre aux demandes médicales qu'exigent les cas graves. C'est cette insuffisance qu'il faut surmonter et éliminer en investissant et en mobilisant tout ce qui est nécessaire pour garantir le droit de tous à la santé, en assurant la capacité de réponse et en rétablissant la tranquillité et la sécurité nécessaires.
La densité et la diversité des mesures que la situation requiert exigent planification, investissement et mise en application. Ils exigent la défense de l'intérêt national face aux intérêts économiques qui cherchent à interférer et à influnencer les décisions dans un sens qui leur est profitable, en tentant d'imposer des objectifs de profit à la priorité qui doit être accordée à la vie, à la sécurité et à la santé des populations.
Le PCP demande que la réserve stratégique de médicaments soit garantie, sans céder aux pressions spéculatives des groupes économiques qui les produisent et les distribuent.
Le manque d'équipement et de matériel de protection dans les unités du Service National de Santé (SNS) et l'inflation qui sévit dans les pharmacies quant aux moyens de protection et de désinfection, laissent présager une gestion des stocks fondée sur le profit plutôt que les besoins des Portugais. Les équipements de protection qui doivent également être fournis aux forces de l'ordre, ainsi qu'à tous les autres travailleurs qui, en raison de leur activité et de leurs fonctions, ont des contacts croissants avec la population.
3. Les derniers développements et les conséquences sur le plan de la santé, avec l'accent mis sur la croissance significative du nombre de cas confirmés d'infection par le COVID-19, mettent en évidence l'urgence d'un renforcement du SNS, mettant à disposition tous les moyens financiers nécessaires pour engager des professionnels, acquérir des dispositifs médicaux et des équipements de base, capables de répondre non seulement à l'épidémie mais aussi à tous les autres besoins de soins médicaux, notamment dans les unités de soins de santé de base.
L'évolution prévisible de la situation rend prioritaire le renforcement du SNS, l'augmentation du nombre de lits destinés à l'internement et aux soins intensifs, la réouverture de lits fermés au fil des années, dont deux mille entre 2010 et 2015.
Le PCP souligne et apprécie l'engagement des plus de 130 000 professionnels qui travaillent au sein du SNS et tous les autres qui s'engagent à aider les Portugais, à savoir les professionnels de l'INEM, les pompiers, les forces de sécurité, ainsi que la mise à disposition volontaire de plus de 1 700 médecins à la retraite et celle des autres professionnels de santé pour assurer une prise en charge efficace dans les unités de santé. La capacité existante, bien qu'encore insuffisante, nécessite le recrutement accru de médecins, d'infirmières et d'auxiliaires médicaux.
Le PCP souligne l'importance à mettre en œuvre un vaste plan de mesures dans le domaine de la prévention et du confinement qui, en plus de limiter l'intensité de la circulation, la fréquence des zones commerciales ou l'utilisation des équipements et des espaces publics, doit envisager notamment des actions de désinfection sanitaire dans les transports publics, dans les zones de grande affluence, mais aussi sur les lieux de travail.
La possibilité de recourir à la déclaration de l'état d'urgence ne peut être exclue d'emblée, mais doit dépendre du cadre exceptionnel qui la justifie. Il existe un certain nombre de mesures de prévention et d'endiguement qui, selon la loi, peuvent et doivent être adoptées progressivement face à l'aggravation de l'épidémie. Leur adoption doit être accompagnée d'un examen attentif quant à leur conformité. S'il est nécessaire de mettre en place un cadre exceptionnel de restrictions et de mesures pour en assurer le respect, la déclaration de l'état d'urgence doit les identifier en termes concrets et justifier qu'elles sont proportionnées et nécessaires.
Observant que les mesures de prévention et d'endiguement de l'épidémie ont été respectées dans tous les domaines, le PCP estime qu'il convient d'utiliser les possibilités existantes pour adopter de nouvelles mesures dans des termes prévus par la loi pour les situations d'alerte, d'urgence et de danger publique.
La situation actuelle exige une coopération internationale à tous les niveaux. À cet égard, la volonté affirmée des autorités chinoises à renforcer la prévention et le contrôle de l'épidémie dans le cadre de la coopération internationale doit être intensifiée dans les relations bilatérales entre le Portugal et la Chine. Cette coopération est d'autant plus nécessaire que la position de l'Union européenne face à la gravité de la situation dans différents pays européens est une fois de plus marquée par l'inertie, l'insuffisance, voire l'hypocrisie, montrant la vacuité de sa propagande quand à la "solidarité européenne".
4. Le PCP réaffirme le refus de toute intervention économique et social sur les salaires et les droits des travailleurs, à savoir ceux qui - par-delà les situations spécifiques à prendre en compte - profiteront aux groupes économiques et les secteurs patronaux, pour réduire les salaires et les revenus des travailleurs, réduir les revenus de la sécurité sociale, comme c'est déjà le cas avec l'utilisation aveugle et arbitraire du licenciement. Le PCP réitère l'obligation de trouver des réponses garantissant la totalité des salaires, des rémunérations des travailleurs et la stabilité des obligations contractuelles, y compris celles qui touchent les travailleurs indépendants, soit pour des raisons de détermination des autorités de santé, soit pour surveillance familiale.
Dans un scénario marqué par une très forte réduction de l'activité économique, la baisse des salaires et des revenus va ajouter, avec la perte de pouvoir d'achat, une rétraction du marché intérieur induisant une dynamique récessive qu'il faut éviter. Ce qu'il faut, c'est défendre et valoriser les droits et les salaires des travailleurs, et non favoriser les conditions de récession qui retomberont sur les travailleurs et le peuple, si l'on touche à leurs droits et à leurs salaires. Ce qu'il faut, c'est stimuler l'investissement public et le soutien à la production nationale comme éléments stratégiques à court et moyen terme. Ce qui est nécessaire, compte tenu des impacts économiques réels, est de garantir le financement et le soutien capables de répondre de manière régulée et maîtrisée aux besoins des petites et moyennes entreprises, aux petits et moyens agriculteurs, en luttant contre la généralisation d'un soutien aveugle à l'économie qui aboutirait à dirigier les ressources publiques au service de l'accumulation de bénéfices.
5. L'épidémie de COVID-19 survient à un moment où la situation économique mondiale montrait des signes de fragilité, notamment des risques de récession dans les principales puissances capitalistes.
Ne minimisant pas les impacts économiques de la flambée épidémique actuelle, le PCP met en garde contre les tentatives d'instrumentalisation de la situation afin d'approfondir les politiques néolibérales, au service du capital monopolistique, d'attaquer les droits, de concentrer et d'accumuler du capital, mais aussi de promouvoir des conceptions réactionnaires et antidémocratiques visant à attaquer les libertés, les droits fondamentaux et la démocratie.
Les événements récents révèlent les contradictions, la fragilité et la volatilité de la situation économique mondiale comme l'incapacité des États capitalistes à apporter des réponses rapides, organisées et de grande ampleur à une situation comme celle-ci. Cela confirme combien est erroné le slogan néolibéral: « moins d'Etat = Etat plus efficace ».
6. Le tableau épidémiologique actuel met en évidence le degré élevé de dépendance comme les déficits et faiblesses structurels, indissociables de la politique de droite, face aux changements externes de l'économie nationale.
La réponse politique que requiert la situation du pays, en réponse aux problèmes structurels ou à l'épidémie et à ses répercussions, comprend comme éléments essentiels:
- Le maintien des salaires, revenus et droits des travailleurs; la protection des emplois - dans les secteurs public et privé -; l'augmentation générale des salaires pour tous les travailleurs et la fixation d'un salaire minimum national à 850 euros permettant l'augmentation du pouvoir d'achat et la reprise du marché intérieur ;
- La stimulation de l'investissement public par la réalisation concrète d'investissements (y compris ceux financés par des fonds communautaires), la construction d'infrastructures, et la production des équipements qui manquent au pays; l'exécution des travaux publics nécessaires, à travers des procédés rationalisés et simplifiés ;
- Des mesures visant à accélérer la substitution des importations par la production nationale, notamment dans le plan alimentaire avec un soutien à la petite et moyenne agriculture et dans le secteur pharmaceutique (je rappelle ici la proposition récent du PCP pour la création d'un Laboratoire national des médicaments);
- Défense des entreprises publiques nationales particulièrement affectées, telles que la TAP.
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