Une nouvelle ère dans l'histoire du monde - Article du Granma
26 avr. 2020
À l'occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Vladimir Ilitch Lénine, l'organe officiel du Parti communiste de Cuba, Granma, nous propose plusieurs citations issues des œuvres majeures du révolutionnaire russe, que nous retranscrivons ci-dessous en français :
- "Nous avons créé un État de type soviétique et avons ainsi inauguré une nouvelle ère dans l'histoire du monde, l'ère de la domination politique du prolétariat, qui doit remplacer l'ère de la domination bourgeoise. Personne ne peut nous en priver non plus, même si l'État de type soviétique ne sera parachevé qu'à l'aide de l'expérience pratique de la classe ouvrière de plusieurs pays." (Notes d'un publiciste, 1922)
- Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire On ne saurait trop insister sur cette idée à une époque où l'engouement pour les formes les plus étroites de l'action pratique va de pair avec la propagande à la mode de l'opportunisme. (Que faire ?, 1902)
- L'idéologie bourgeoise est bien plus ancienne que l'idéologie socialiste, elle est plus achevée sous toutes ses formes et possède infiniment plus de moyens de diffusion (Que faire ?, 1902)
-
Le socialisme est l'abolition des classes. La dictature du prolétariat a fait pour arriver à cette abolition tout ce qu'elle a pu.
Mais il est impossible d'abolir les classes d'emblée.
Et ces classes se sont conservées et se conserveront pendant l'époque de la dictature prolétarienne, la dictature ne sera plus utile quand les classes disparaîtront. Elles ne disparaîtront pas sans la dictature du prolétariat.
Les classes se sont conservées : mais chacune d'elles a changé d'aspect pendant l'époque de la dictature du prolétariat, les relations mutuelles des classes entre elles se sont également modifiées. La lutte de classe ne disparaît pas avec la dictature du prolétariat ; elle ne fait que prendre de nouvelles formes.
Le prolétariat était, sous le capitalisme, la classe opprimée, la classe privée de toute propriété de moyens de production, la classe qui seule était immédiatement et entièrement l'antithèse de la bourgeoisie et c'est pourquoi, seule aussi, elle fut capable d'être révolutionnaire jusqu'au bout.
Le prolétariat est devenu, après avoir renversé la bourgeoisie et conquis le pouvoir politique, la classe dominante ; il détient le pouvoir de l'État ; il dispose des moyens de production déjà socialisés ; il dirige les éléments et les classes hésitantes et intermédiaires ; il écrase l'énergie de résistance recrudescente des exploiteurs. Ce sont là des problèmes particuliers de la lutte de classe que le prolétariat ne se posait pas et ne pouvait pas se poser antérieurement.
La classe des exploiteurs, des gros propriétaires fonciers et des capitalistes n'a pas disparu et elle ne peut pas disparaître d'emblée avec la dictature du prolétariat. Les exploiteurs sont vaincus, mais non anéantis. Il leur est resté une base internationale, de capital international dont ils sont une succursale. Il leur est resté en partie quelques moyens de production ; il leur est resté de l'argent ; il leur est resté de considérables attaches sociales. Leur énergie de résistance s'est accrue, précisément eu raison de leur défaite, cent et mille fois.
Leur « habileté » dans le domaine de l'administration de l'État, de l'armée, de l'économie politique leur donne un avantage fort considérable en sorte que leur importance est incomparablement plus grande que la place qu'ils occupent dans l'ensemble de la population. La lutte de classe menée par les exploiteurs renversés contre l'avant-garde victorieuse des exploités, c'est-à-dire contre le prolétariat est devenue infiniment plus acharnée. Et il ne peut pas en être autrement si l'on parle vraiment de révolution et si l'on ne comprend pas sous ce terme (comme font tous les héros de la IIe Internationale) des illusions réformistes.
Enfin la classe paysanne, comme toute la petite bourgeoisie en général, occupe également sous la dictature du prolétariat une position moyenne, intermédiaire : d'une part, c'est la masse assez considérable (et dans la Russie arriérée, énorme) des travailleurs unie par l'intérêt commun aux travailleurs de s'affranchir du gros propriétaire foncier et du capitaliste ; de l'autre, ce sont les petits agriculteurs, les propriétaires et les commerçants. Une telle situation économique provoque inévitablement un mouvement d'oscillation entre le prolétariat et la bourgeoisie. Et dans la lutte intensifiée entre ces deux classes, dans le renversement extraordinairement brutal de tous les rapports sociaux, vu la force des habitudes de l'ancien état de classes, la routine qui est particulièrement remarquable précisément chez le paysan et chez le petit bourgeois, en général, il est naturel que nous assistions inéluctablement parmi ces derniers à des passages d'un camp à l'autre, à des hésitations, à des revirements, à de l'incertitude etc.
Vis-à-vis de cette classe — ou vis-à-vis de ces éléments sociaux — la tâche du prolétariat consiste à les diriger et à lutter pour avoir sur eux la prédominance. Rallier derrière lui les hésitants et les incertains — tel doit être le rôle du prolétariat.
Si nous comparons toutes les forces ou classes fondamentales et les changements d'aspect apportés par la dictature, du prolétariat dans leurs rapports mutuels, nous verrons quelle incommensurable ineptie théorique, quel chef-d'œuvre de stupidité constitue la conception petite bourgeoise courante du passage au socialisme « par la démocratie » en général, conception que nous trouvons chez tous ces représentants de la IIe Internationale. Le préjugé, hérité de la bourgeoisie, du contenu absolu, en marge des classes, de la notion de « démocratie » — telle est la base de cette erreur. En réalité la démocratie aussi entre dans une phase tout à fait nouvelle avec la dictature du prolétariat et de la lutte de classes, monte à un échelon plus élevé, subordonnant à elle-même toutes les formes quelles qu'elles soient.
Les phrases générales sur la liberté, l'égalité, la démocratie, équivalent en réalité à la répétition aveugle de notions qui apparaissent comme moulées sur les rapports établis par la production capitaliste. Résoudre au moyen de ces phrases générales les tâches concrètes de la dictature du prolétariat signifie se placer complètement sur le terrain théorique principal de la bourgeoisie. Du point de vue du prolétariat, la question se pose seulement ainsi : libération de l'oppression par quelle classe ? Égalité de quelle classe avec quelle autre ? Démocratie sur la base de la propriété privée ou sur la base de la lutte pour la suppression de la propriété privée ? Etc.
Engels a expliqué il v a longtemps dans l'Anti-Dühring que la notion d'égalité qui est moulée sur les rapports établis par la production capitaliste, se transforme en préjugé, si on ne comprend pas égalité dans le sens de suppression des classes. C'est cette vérité élémentaire de la destruction de la compréhension démocratico-bourgeoise et de la compréhension socialiste de la notion d'égalité qu'on oublie constamment.
Mais si on ne l'oublie pas, il devient évident que le prolétariat, après avoir renversé la bourgeoisie, accomplit par là-même un pas décisif dans la voie de la suppression des classes et que pour mener à bien cette tâche le prolétariat doit continuer sa lutte de classe en utilisant l'appareil du pouvoir de l'État et en faisant pression à la fois sur la bourgeoisie renversée et sur la petite bourgeoisie hésitante. (L'économie et la politique à l'époque de la dictature du prolétariat, 1919)
-
La conscience de la classe ouvrière ne peut être une conscience politique véritable si les ouvriers ne sont pas habitués à réagir contre tous abus, toute manifestation d'arbitraire, d'oppression, de violence, quelles que soient les classes qui en sont victimes, et à réagir justement du point de vue social-démocrate, et non d'un autre. La conscience des masses ouvrières ne peut être une conscience de classe véritable si les ouvriers n'apprennent pas à profiter des faits et événements politiques concrets et actuels pour observer chacune des autres classes sociales dans toutes les manifestations de leur vie intellectuelle, morale et politique, s'ils n'apprennent pas à appliquer pratiquement l'analyse et le critérium matérialistes à toutes les formes de l'activité et de la vie de toutes les classes, catégories et groupes de la population. (Que faire ?, 1902)
-
Vous ne pouvez pas être un véritable leader idéologique sans le travail théorique mentionné ci-dessus, tout comme vous ne pouvez pas l'être sans diriger ce travail pour répondre aux besoins de la cause, et sans diffuser les résultats de cette théorie parmi les travailleurs et les aider à s'organiser. (Ce que sont les « amis du peuple » et comment ils luttent contre les social-démocrates, 1894)
-
Le capitalisme s'est transformé en un système universel d'oppression coloniale et d'asphyxie financière de l'immense majorité de la population du globe par une poignée de pays "avancés". Et le partage de ce "butin" se fait entre deux ou trois rapaces de puissance mondiale, armés de pied en cap (Amérique, Angleterre, Japon) qui entraînent toute la terre dans leur guerre pour le partage de leur butin. (L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916)
- Pour rénover notre appareil d’État, nous devons à tout prix nous assigner la tâche que voici : premièrement, nous instruire ; deuxièmement, nous instruire encore ; troisièmement, nous instruire toujours. Ensuite, avoir soin que le savoir ne reste pas chez nous lettre morte ou une phrase à la mode (ce qui, avouons‑le, nous arrive bien souvent) ; que le savoir pénètre vraiment dans l'esprit, devienne partie intégrante de notre vie, pleinement et effectivement. Bref, il nous faut exiger autre chose que ce qu'exige la bourgeoisie de l'Europe occidentale, savoir ce qu'il est digne et convenable d'exiger pour un pays qui se propose de devenir un pays socialiste. (Mieux vaut moins mais mieux, 1923)
Note : Merci à Romelia Pino, Ernesto Estévez et Victor Fowler pour leur collaboration dans la sélection de ces citations.
Commenter cet article