"La Géorgie doit revenir à un modèle socialiste de développement" - Entretien avec Temur Pipia, dirigeant du Parti communiste unifié de Géorgie
10 mai 2020Temur Pipia, dirigeant du Parti communiste unifié de Géorgie, parle des poursuites judiciaires engagées contre lui, de la campagne contre la gauche dans le pays et des défis auxquels sont confrontés les communistes pour le journal People's Dispatch.
Traduction NK pour Solidarité Internationale PCF
Vers la fin du mois de mars, Temur Pipia, dirigeant du Parti communiste unifié de Géorgie, a été arrêté par la police géorgienne alors qu'il revenait de Russie. Les autorités de l'État ont engagé des poursuites à son encontre, en invoquant la Charte de la liberté de 2011. People's Dispatch s'entretient avec Temur Pipia au sujet de la persécution des communistes par l'État géorgien.
Peoples Dispatch (PD) : Pourquoi avez-vous été détenu à la frontière russo-géorgienne et quelles sont les accusations portées contre vous par les autorités géorgiennes ? Pourquoi ont-elles également confisqué les médailles que vous avez ramenées de Russie ?
Temur Pipia (TP) : Depuis 2011, une loi intitulée "Charte de la liberté" est en vigueur en Géorgie. Cette loi interdit le symbolisme et l'idéologie communistes ainsi que le symbolisme et l'idéologie fascistes. Sur la base de cette loi, 300 médailles ont été confisquées par les douanes géorgiennes. Les médailles représentent la célèbre statue "L'Appel de la Mère Patrie", qui a été érigée près de Stalingrad, ainsi que la faucille et le marteau. Ce n'est pas la première fois que cette loi est invoquée. L'année dernière, le 9 mai, au centre de la capitale, des communistes avaient été arrêtés pour avoir déployé un drapeau rouge avec des symboles soviétiques.
PD : Quelle est l'attitude de l'État à l'égard des communistes et des militants de gauche en Géorgie ? Quel est votre point de vue sur la montée de la droite dans le pays et dans la région ?
TP : En ce qui concerne les structures du pouvoir, nous ne voyons pas de tentatives directes de pression physique ou morale contre les militants ou les forces politiques de gauche du pays. Sur ce point, il y a une différence entre les autorités actuelles et celles qui ont dirigé la Géorgie jusqu'en 2012 (sous le président Mikheil Saakashvili). Cependant, la loi susmentionnée (Charte de la liberté 2011) est toujours en vigueur, et par ailleurs, presque tous les médias se livrent à une propagande antisoviétique systématique et la Russie est considérée comme un ennemi de la Géorgie.
Les forces politiques de droite sont maintenant confrontées à une crise en Géorgie. La population ne leur fait manifestement pas confiance. Plus de 60 % des électeurs n'exercent pas leur droit de vote. La population attend une plate-forme socialiste forte comme un phare pour le pays. Le problème réside dans la faiblesse du mouvement de gauche dans notre pays.
PD : Quelle est l'organisation de la classe ouvrière et du mouvement communiste en Géorgie ?
TP : Nous n'avons pas en Géorgie une grande expérience des syndicats, des organisations de travailleurs ou de femmes en général, ou encore de mouvements pour la paix. Les communistes et nos alliés - les forces de gauche et socialistes - essaient d'organiser de tels mouvements et de les construire. Mais jusqu'à présent, notre succès a été minime.
PD : Quels sont les objectifs clés du Parti communiste unifié de Géorgie ?
TP : Le Parti communiste unifié prône le retour de la Géorgie à un modèle socialiste de développement, le règlement pacifique des conflits interethniques et la restauration d'une alliance stratégique avec la Russie.
PD : Comment jugez-vous les lois anti-communistes/de-communisation et l'interdiction des partis, activités et médias communistes en Géorgie, ainsi que dans d'autres républiques post-soviétiques et pays d'Europe de l'Est avec le soutien de l'Union Européenne ?
TP : L'esprit de Russophobie est inscrit dans la loi de la Charte de la liberté et sert de levier pour marginaliser ceux qui prônent la normalisation des relations avec la Russie. En outre, la loi interdisant l'idéologie communiste n'a pas été suspendue car le désir de socialisme se renforce de plus en plus.
PD : Quel est l'état actuel de la coopération régionale entre les partis communistes de la région ?
TP : Le Parti communiste unifié de Géorgie fait partie de l'association régionale des partis communistes, l'Union des partis communistes - Parti communiste de l'Union soviétique (SKP-CPSU), à laquelle participent les partis des républiques de l'ancienne Union soviétique. Nous coordonnons nos actions et nous nous soutenons mutuellement dans nos activités. Notre objectif commun est de renforcer les processus d'intégration et de restaurer une éducation socialiste conjointe dans les territoires de l'ancienne URSS.
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