Déclaration du Parti Communiste Turque (TKP) publiée sur Solidnet (le 22 février 2022). Traduction AS pour Solidarité Internationale PCF/Vivelepcf
L'impérialisme est un ordre de destruction et de guerre. Pour tout gouvernement bourgeois qui essaie de prendre le dessus au sein de cet ordre pourri et d'étendre sa sphère d'influence, cela signifie qu'il vise l'oppression des autres peuples. Les béquilles des politiques expansionnistes sont le nationalisme, le racisme et le chauvinisme. C'est le sens des déclarations de Poutine faites hier sur la reconnaissance de l'indépendance des républiques populaires de Donetsk et de Louhansk.
Les paroles de Poutine, qui a parodié Lénine, le chef de file de la révolution bolchevique et de l'Union soviétique, dans laquelle régnait la politique des nations la plus égalitaire et la plus pacifique qui n'ait jamais existé, avec des jugements infondés, sont inacceptables. Ses arguments manquent de fondement historique et sont complètement démagogiques. Nous ne pouvons pas ignorer le système d'exploitation et les délires bellicistes/nationalistes qui condamnent les travailleurs en Russie à la pauvreté, simplement parce que Poutine souhaite exprimer ses "fantasmes" monarchiques au 21e siècle.
Nous ne laisserons pas passer une telle opération de déformation des faits historiques. Sur ce point, la Fédération de Russie, qui se donne le rôle de « grande puissance » en s'appuyant sur l'héritage économique, politique, militaire et culturel de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, n'est pas en reste vis-à-vis des États-Unis et de ses alliés. Nous ne permettrons pas que l'histoire du 20e siècle, écrite par tous les opprimés du monde, les prolétaires, la Révolution d'Octobre de 1917, les révolutions en Chine, au Vietnam, à Cuba et dans d'autres pays, les guerres d'indépendance, la grande victoire des peuples soviétiques contre le fascisme, soit déformée par les impérialistes américains et européens, les gangs de l'OTAN, les néo-fascistes d'Ukraine et de Pologne, ou par le nationalisme russe.
Cette déclaration de Poutine est une nouvelle preuve indiscutable de la façon dont il a abusé du prestige de l'Union Soviétique, en particulier de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, de manière hypocrite pour sa propre démonstration de force. Ces démonstrations, qui manquent de crédibilité et de sincérité, sont le reflet de ses aspirations tsaristes et relèvent d'une exploitation indue de l'héritage de l'URSS. Poutine n'a raison que su un seul point : la Russie d'aujourd'hui, avec ses ambitions impériales, n'a rien à voir avec l'Union soviétique, qui a défendu la paix, l'égalité et le progrès pendant soixante-dix ans au nom des travailleurs du monde entier.
La principale raison de la souffrance actuelle des travailleurs de Russie, d'Ukraine et des ex-pays soviétiques est l'absence de socialisme. Les manifestations des travailleurs du pétrole et de l'énergie au Kazakhstan il y a quelques semaines qui ont exprimé leurs revendications, et qui se sont propagées dans tout le pays [voir article], comme les problèmes frontaliers non résolus tels que ceux révélés par la guerre du Haut-Karabagh l'an dernier [voir article] en sont de simples indicateurs. Les peuples des anciennes Républiques de l'Union Soviétique essaient de vivre sous la menace du chômage, de la pauvreté, d'un pouvoir réactionnaire, de la discrimination et de la guerre. En conséquence des attaques scélérates de ceux qui ont construit la Russie capitaliste d'aujourd'hui après la dissolution de l'Union Soviétique, une grande partie du monde s'est transformée en une région toujours prête aux provocations.
Bien sûr, les provocations des USA depuis des années pour restaurer leur hégémonie déclinante, pour relancer l'alliance occidentale [l'OTAN] dans le but d'imposer ses intérêts ont joué un rôle décisif dans ces évolutions. Le désir des États-Unis et de l'OTAN - ennemis du peuple depuis plus de 70 ans et principaux acteurs de la désintégration des pays, de la destruction des biens précieux des peuples et des villes - d'encercler la Russie a ouvert la voie aux conflits d'aujourd'hui. Ceux qui ont fabriqué des nations hostiles et des États fantoches sur les ruines de l'ex-Yougoslavie n'ont pas leur mot à dire sur l'intégrité territoriale, la souveraineté et les droits des peuples d'Europe de l'Est, encore moins de se présenter comme leurs protecteurs.
De plus, ce processus a rendu plus visibles les contradictions internes de l'alliance occidentale. Il a clairement révélé qu'il n'y a ni principe ni confiance entre ces acteurs. L'absence d'un axe socialiste du fait de la dissolution de l'Union soviétique a joué un rôle majeur dans le fait que « l'absence de principes » devienne la norme en termes de relations internationales.
Les contradictions (ou négociations) entre les impérialistes, comme leurs actes visant à une « politique d'équilibre des forces », ne peuvent en aucun cas servir le bénéfice des peuples. Cela vaut pour le gouvernement Erdogan, qui essaie de tirer parti de la situation en agitant le nationalisme chez lui tout en cherchant une nouvelle voie économique et politique à l'étranger, comme pour l'opposition bourgeoise de Turquie qui attend que l'OTAN lui apport la démocratie.
Le risque d'une guerre extrêmement dangereuse et dévastatrice pour tous les peuples de la région est élevé et préoccupant. Tous les communistes et les amoureux de la paix ont le devoir ardent d'empêcher cette possibilité de se réaliser.
Les communistes ne parlent pas le langage du nationalisme, du racisme et du militarisme, mais le langage des revendications des travailleurs pour l'égalité, la liberté et la fraternité !
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