10 ans de Stratégie de Lisbonne et stratégie « UE 2020 »: l'UE persévère dans la voie de la régression sociale
03 janv. 2010 10 ans de Stratégie de Lisbonne
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Sur le bilan des 10 ans de la Stratégie de Lisbonne et le document de travail de la Commission Européenne sur la stratégie « UE 2020 »
Ilda Figueiredo et João Ferreira, députés du PCP au Parlement Européen, font le bilan de 10 ans de la Stratégie de Lisbonne et du document de travail de la Commission Européenne sur la stratégie « Union Européenne 2020 », qui est censée remplacer la Stratégie de Lisbonne et qui sera présentée au Conseil de printemps.
Jusqu'au 15 janvier 2010, le document de travail de la Commission Européenne relatif à la future stratégie « UE 2020 », qui est censée remplacer la Stratégie de Lisbonne et qui sera présentée au Conseil de Printemps, est en discussion publique.
Tout en ignorant la nécessité de faire un bilan de la mise en oeuvre des mesures prises au nom de la Stratégie de Lisbonne et du degré de réalisation des objectifs affichés alors, certainement parce qu'aucun d'entre eux n'a été réalisé, le document de travail reconnaît que: « cela faisait des décennies que l'Europe n’avait pas subi une crise économique et financière d'une telle ampleur, entraînant une forte contraction de l'économie. ». Mais, au lieu d'analyser les causes de cette situation et d'en tirer les conséquences, pour ce qui est des politiques qui ont été suivies dans la mise en oeuvre de la Stratégie de Lisbonne et de leurs deux axes fondamentaux – libéralisations de tous les secteurs économiques, y compris les services, et flexibilité du travail – la Commission Européenne reprend ces orientations et insiste en les approfondissant et en élargissant leur portée. Ainsi, elle affirme que « La stratégie UE 2020 est conçue pour succéder à l'actuelle stratégie de Lisbonne, qui a constitué la stratégie de réforme de l'UE pour la décennie écoulée et a aidé l'UE à résister à la crise récente »
Ainsi, il est clair que l'on fait un bilan positif de la Stratégie de Lisbonne, adoptée il y a dix ans, tout en dissimulant le fait qu'elle promettait de faire de l'Union Européenne une oasis, et affirmait que, en l'espace de dix ans, elle serait « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus avancée du monde, sur la voie du plein-emploi et de l'intégration sociale ».
Pourtant, malheureusement, ce que nous avons, c'est la plus grande crise économique et sociale de ces dernières décennies, à laquelle les libéralisations et la flexibilité du travail ont fortement contribué, en créant des emplois précaires et mal payés, et en accroissant le chômage, ce que la Commission Européenne reconnaît comme positif ne peuvent qu'être les profits que les grands groupes économiques et financiers ont pu réaliser grâce à cette stratégie, et les possibilités d'intensification de l'exploitation ouvertes par les attaques massives contre les droits sociaux et le Code du Travail. Et tout cela a été fait en accélérant le rythme de mise en oeuvre des mesures comprises dans la Stratégie de Lisbonne, en suivant scrupuleusement les recommandations de l'organisation du patronat européen « Business Europe ».
Il suffit de voir les conséquences des libéralisations et des privatisations dans les secteurs stratégiques et dans les services publics, notamment dans les services financiers, dans l'énergie, dans les transports, dans la poste et les télécoms: la dévalorisation continue du travail avec la multiplication des emplois précaires, l'augmentation du nombre de chômeurs – cinq millions de plus en seulement un an – qui dépasse déjà la barre des 23 millions de chômeurs, et qui touche surtout les jeunes dont le taux de chômage approche les 21%, pour constater que les bénéficiaires de la stratégie de Lisbonne ne sont pas les travailleurs et les peuples.
Aujourd'hui, la Commission Européenne, au lieu de réviser son programme de libéralisations et de suspendre la mise en oeuvre de certaines directives, en particulier la directive de libéralisation des services, propose d'achever le processus, en affirmant même que nos sociétés vont sans doute connaître dans les années à venir une « augmentation du taux de chômage », que « bon nombre des emplois qui ont été supprimés ne seront pas remplacés », qu'il est nécessaire que « les déficits du secteur public soient à nouveau sous contrôle et que les dépenses publiques soient réorientées de façon à nous permettre d'atteindre les objectifs pour 2020 ».
Cela signifie que, après l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la Commission Européenne et le patronat européenn considère que le moment est venu d'imposer aux Etats-membres, aux travailleurs et aux populations une accélération du processus de casse des droits sociaux et du code du Travail, des acquis historiques des travailleurs et des peuples gagnés au XXème siècle, en prenant comme prétexte l'interdépendance, la mondialisation et la libre concurrence, y compris pour les nouvelles technologies, qu'ils appellent la cinquième liberté. En d'autres termes, il veulent imposer la mise en place de brevets détenus par les multi-nationales qui leur permettraient de dominer le monde de la connaissance et des nouvelles technologies, objectif qui a déjà beaucoup progressé au nom de la Stratégie de Lisbonne, mais qui n'a pas encore pu être complètement accompli grâce à l'opposition des travailleurs et des courants progressistes présents dans les différents pays de l'UE.
Dans le document présenté, la Commission Européenne considère que l'on doit mettre en oeuvre des « partenariats public-privé », ainsi que les normes et directives nécessaires, ce qui comprend le fait « de repenser les systèmes éducatifs et les marchés du travail », et de mettre les budgets communautaires et des Etats-membres au service exclusif des grands groupes économiques et financiers, pour réaliser cette économie compétitive dans le cadre de la libre concurrence, même si cela signifie la destruction des PME dans de nombreux secteurs d'activité (industrie, agriculture, pêche et services) et l'augmentation du nombre de chômeurs. Ils savent que la montée du chômage facilite la mobilité, les contrats de courte durée, la « flexsécurité », le soi-disant « travail indépendant », toutes ces propositions qui ne visent qu'à dévaloriser le travail, à intensifier l'exploitation et à couper tous les droits à la protection et à la sécurité sociale.
En dépit de toute le langage pseudo-technique habituel, typique des politiciens libéraux qui cherchent à apporter une touche verte et sociale pour masquer leurs véritables intentions, le document est suffisamment clair pour ce qui est des objectifs de la Commission Européenne, qui veut « faire de cette économie une réalité en mettant à profit les instruments existants dans le cadre d'une nouvelle approche »
Dix ans après la Stratégie de Lisbonne, la Commission Européenne oublie les objectifs affichés alors, considère que le chômage va continuer à augmenter, et donne la plus grande importance aux recettes préconisées et aux orientations suivies, tout en maintenant toujours certaines contradictions pour tenter de tromper les plus naifs. De notre côté, nous n'avons aucun doute sur la réponse que nous devons apporter à cette stratégie.
Une fois de plus, nous affirmons qu'une rupture avec ces politiques est plus que jamais nécessaire.
Comme le PCP l'affirmait déjà en Mars 2000, la Stratégie de Lisbonne n'a pas créé des emplois protégés, n'a pas réduit la pauvreté et l'exclusion sociale et n'a pas contribué à la croissance économique. Elle n'a réussi qu'à ouvrir la voie à une plus grande concentration et centralisation des capitaux, à travers les différentes directives qui ont facilité les privatisations de secteurs stratégiques de l'économie et leur déréglementation (services financiers, énergie, transports et communications), des attaques sur des parties importantes de services publics essentiels qui éveillent l'intérêt du capital comme la santé, la sécurité sociale, l'éducation, la culture, la justice et tout ce qui peut être permettre de faire des profits, sans parler de la fameuse directive Bolkenstein.
Dans le même temps, au nom de la flexibilisation du travail, on a insisté sur la déréglementation du travail, sur la « flexsécurité » et sur la proposition de modification de la directive sur l'organisation et le temps de travail.
L'expérience a prouvé que notre travail de dénonciation et la lutte des travailleurs et des peuples les a contraint à faire, plus d'une fois, marche arrière. Mais, maintenant, avec le Traité de Lisbonne, la Commission Européenne veut reprendre la même stratégie néo-libérale et, avec le prétexte de la crise et de la mondialisation, veut l'étendre au commerce international avec des politiques authentiquement néo-colonialistes, en cherchant à éliminer tout obstacle à la libre circulation du capital, pour faciliter l'accès des groupes économiques et financiers aux nouveaux marchés et à de plus gros profits au prix d'une plus grande exploitation des travailleurs et des peuples.
Le document lancé par la Commission Européenne sur la stratégie pour 2020 contient un dangereux programme de régression sociale, tout en persévérant dans la voie déjà empruntée de la défense de l'économie compétitive et de libre concurrence, ce qui ne fera que creuser les inégalités existantes, et tout en sachant que les régions et les pays qui rencontrent les plus grandes difficultés ne pourront pas suivre sur la voie d'une économie toujours plus compétitive.
Le PCP réaffirme son opposition à ces stratégies et insiste sur la nécessité de rompre avec ces politiques.
Nous défendons une autre Europe de cohésion économique et sociale, respectueuse des droits des travailleuses et des peuples, qui mise sur la production et l'emploi protégé, qui mette en avant des services publics de qualité, qui respecte le droit souverain des peuples à choisir leur modèle pour ce qui est de l'organisation économique, sociale et politique, de la défense de la paix et de la coopération avec les peuples du monde entier.
Site du Parti communiste Portugais: http://www.pcp.pt/
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