TUC-Britain-needs-a-pay-rise-march.jpg100 000 manifestants à Londres pour augmenter les salaires ... après avoir perdu 250 € par mois depuis 5 ans !

 

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

 

Moins d'une semaine après la grève inédite des travailleurs de la santé, c'est l'ensemble des travailleurs du secteur public et au-delà qui se sont mobilisés ce samedi. Une revendication : augmenter les salaires, après 5 ans de coupes salariales.

 

Ils étaient près de 100 000 à Londres d'après la secrétaire-générale du Trade Union Congress (TUC) Frances O'Grady, accompagnés par plusieurs milliers de manifestants à Glasgow et Belfast.

 

Augmenter les salaires après avoir perdu 250 € par mois depuis 2008 !

 

Dans les cortèges, une forte représentation de ceux qui ont le plus subi les coupes salariales depuis 2008 : les travailleurs du secteur public, dont une forte délégation d'enseignants, d'infirmiers, de postiers, cheminots mais aussi de pompiers et de sages-femmes.

 

A l'appel des syndicats du public Unite, Unison, du National union of teachers (NUT) ou encore du Royal college of Nurse, la revendication était claire : « Britain needs a pay rise », augmenter les salaires maintenant, après 6 ans de gel salarial, de baisse réelle des salaires.

 

Le Trade Union Congress (TUC) a ainsi démontré que depuis 2008, chaque travailleur britannique a perdu en moyenne 250 € par mois de salaire. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre confirme, évoquant une baisse de 10 % en termes réels.

 

On en est à la septième année d'affilée de baisse des revenus moyens des travailleurs : une première depuis les années 1850, pour la confédération syndicale britannique.

 

« Tous dans le même bateau » ? Baisse des salaires, hausse des profits !

 

Pendant que les salaires réels ont baissé de 10 % depuis 2008, le taux de profit a lui augmenté de 21 % depuis 2009.

 

Symbole significatif, la Royal Bank of Scotland, renflouée en 2008 à hauteur de 55 milliards d'euros, enregistre des profits records en 2014 : 3 milliards d'euros pour les six premiers mois, après 1,7 milliards en 2013. Nationalisée en 2008, elle devrait être privatisée d'ici l'an prochain.

 

Autre symbole frappant, le « Big six », les six grands monopoles de l'énergie (dont EDF) qui se partagent le gâteau du gaz et de l'énergie depuis leur privatisation ont multiplié par 5 leurs profits depuis 2009 pendant que les factures explosent : de 300 millions à 1,5 milliard d'euros.

 

David Cameron prétendait, lors de ses premiers budgets d'austérité que « tout le monde était dans le même bateau » (« We are all in this together »). Une fable, visible aux yeux de tous désormais.

 

Pour les travailleurs, la TVA est passée de 17 à 20 % (un coût de 600 € par famille, par an), 700 000 emplois publics ont été supprimés, le budgets des administrations publiques ont été coupées de 25 %, les salaires ont été gelés donc baissés en réel, enfin diverses allocations ont été réduites.

 

Pour les entreprises, la fête continue puisque l'Impôt sur les sociétés a été diminué de 28 à 24 % en 2010, de nouveau abaissé à 21 % en avril 2014. Il devrait passer à 20 % en 2015. Cela en fait le pays du G-8 le pays plus attractif pour les investisseurs.

 

Et la privatisation annoncée de la Royal Mail (la poste anglaise), la libéralisation accélérée du Service national de santé (NHS) ainsi que la poursuite du bradage du système de chemins de fer privatisé depuis 20 ans sont une source de profits faciles pour le big business britannique.

 

« Ils veulent démanteler tous les acquis gagnés depuis 1945 par les travailleurs »

 

Les leaders trade-unionistes présents à Hyde Park ont renvoyé ce message d'un pays où la lutte de classes n'est pas un discours idéologique mais bien une réalité vécue par tous, et une lutte gagnée par la classe capitaliste.

 

Ainsi, Dave Prentis, secrétaire-général d'Unison, réveille l'histoire des « deux nations », l'une ouvrière miséreuse, l'autre bourgeoise financière opulente, sorti tout droit du XIX ème siècle, des écrits d'Engels ou Dickens :

 

« C'est l'histoire de deux nations – l'une où le champagne coule à flots pour les banquiers et où les payes des PDG explosent, l'autre, celle d'un monde où les nôtres luttent pour un gagne-pain de misère ».

 

Len McCluskey, secrétaire-général d'Unite, ne dit pas autre chose. Pour le leader syndical, les conservateurs veulent « démanteler, détruire tous les acquis gagnés depuis 1945 par les travailleurs », en premier lieu la santé publique livrée aux grandes entreprises privées du secteur.

 

Même la souvent très modérée Frances O'Grady, leader de la Confédération syndicale TUC (Trade Union Congress), a du radicaliser son discours face à la foule réunie à Hyde Park :

 

« Après la plus longue, la plus grande période de baisse de salaires de notre histoire, il est temps de mettre fin à ce blocage des salaires, qui empêche la grande majorité d'avoir sa part de la reprise ».

 

« Une économie qui trouve de l'argent pour financer des baisses d'impôts pour les riches et la cupidité des managers, tandis que le reste subit des baisses de salaire, et des coupes importantes dans les services publics : elle n'est plus supportable pour la majorité », a-t-elle déclaré.

 

Ce que les travailleurs britanniques subissent depuis au moins 2010, c'est ce qui attend les travailleurs français à partir de cette année.

 

La visite d'allégeance de Valls à Londres, avec son « My governement is pro-business » adressé au gouvernement Cameron et à la City qu'il représente n'est pas qu'un symbole, c'est le signal du début du combat en France, les yeux rivés vers l'exemple anglais.

 

 

En six ans de mesures contraires au monde du travail, les salaires réels ont baissé de 10 % en Grande-Bretagne. La riposte est là, même tardive, pas assez forte. A nous d'apprendre du cas britannique pour ne pas laisser faire ce vaste transfert de richesse du travail vers le capital, organiser la riposte maintenant contre le « gouvernement pro-business » de Valls.

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