Le 9 mars 2008 avaient lieu les élections législatives espagnoles. La « gauche unie », Izquierda Unida (IU), a enregistré un score historiquement bas (3,80% et 2 députés, encore en baisse de 1,2% et de 3 sièges). Au sein du Parti communiste espagnol, qui est à l’origine la création en 1986 de cette coalition de différents mouvements de gauche et écologistes, les critiques contre IU font rage. Pour beaucoup, y compris parmi la direction du PCE, la déroute électorale sanctionne la politique d'allégeance au PSOE et l’absence d'organisation et de ligne politique réellement communistes. Les communistes sont de plus en plus nombreux à demander le retour à l’autonomie politique.

 

L’échec de cette expérience précurseur de "dépassement" d’un parti communiste, de dilution dans un ensemble de « gauche » sonne comme un avertissement pour ceux qui voudraient tenter la même expérience, notamment en France.

 
Nous mettons en ligne ci-dessous la traduction d’un communiqué du PCE suite aux élections et des extraits d’une résolution du PSUC (Parti socialiste unifié de Catalogne – partenaire catalan du PCE). Texte et traductions : AC pour vivelepcf



Communiqué de la Commission permanente du Parti communiste espagnol sur le résultat des élections générales

Tout d’abord, le PCE veut féliciter tous les hommes et les femmes de Izquierda Unida (IU) pour tout le travail et l’enthousiasme qu’ils ont manifestés dans cette campagne électorale.

Les résultats des élections générales se traduisent par une lourde défaite des candidats de IU. Une défaite sans équivoque.

Deux raisons doivent être prises en compte.

D’une part, le bipartisme exacerbé, habilement orchestré par les deux grands partis, a porté un coup très dur au pluralisme au sein de la société espagnole et à son caractère démocratique. Il s’est traduit par une amputation de la représentation politique aux Cortes [parlement].

D’autre part, l’absence de ligne propre à IU et son suivisme derrière les positions de Zapatero n’a pas rendu possible la défense de l’espace politique naturel d’IU, celui d’une force indépendante de transformation sociale.

L’Assemblée ordinaire d’Izquierda Unida doit se tenir dès que possible. Dans cette perspective, l’actuel coordinateur général d’IU n’est pas à même de conduire le processus nécessaire de reconstruction, par lequel IU doit retrouver sa vraie identité, en opposition avec la réalité des derniers temps qui en a fait une force d’appoint du PSOE.

Le PCE propose la constitution d’une commission pluraliste, unitaire, collective et collégiale qui garantisse tant le déroulement strictement démocratique de l’assemblée qu’un processus de reprise et de relance qui permettrait redonnant aux militants la parole et l’initiative.

Le PCE croit qu’il y a de la place pour une gauche de transformation sociale dans notre pays et il s’engage à la reconstruire.

Le PCE félicite la coalition Izquierda Unida-Les Verts en Andalousie pour avoir maintenu ses résultats malgré la vague bipartiste en ne reniant pas son identité propre et ses ambitions de transformation sociale.

Madrid, 10 mars 2008

 

 

Résolution du PSUC sur les Elections de 2008

Secrétariat du PSUC, 12 mars 2008

Les élections du 9 mars marquent la fin d’un cycle de 8 ans caractérisé pour IU par les crises internes, l’absence de projet de société alternatif et une politique de subordination au PSOE. Tout cela s’accompagnant d’un manque criant en terme d’organisation et d’une négation de la diversité des composantes d’IU.

La perte de 600 000 voix, qui nous laissent avec un seul député, est le pire résultat de toute l’histoire de IU. Il ne peut se comprendre seulement par les raisons évoquées plus haut, mais aussi par le bipartisme qui est en train de s’imposer dans notre pays.

Les résultats de ICV/EUiA [coalition catalane d’IU], avec la perte de 60 000 voix et d’un député, sont la conséquence de la dépendance et de l’absence de critique à l’égard du gouvernement de Montilla [président PS de la Catalogne] et du manque d’alternative politique. Le suivisme [d’IU] sur des sujets aussi importants que la privatisation de pans de la Santé publique, et le silence sur les propositions de privatisation de l’Education envisagée par le rapport d’Ernest Margall, sont des éléments qui ont provoqué un rejet de notre parti, dans des secteurs historiquement de gauche.

(...)

Le PSUC considère qu’un cycle politique se termine et que dans les circonstances actuelles le projet originel d’IU et plus que jamais d’actualité. C’est pour cela que nous lançons un appel pour reconstruire un mouvement politique et social qui parte de la base, en évitant de tomber dans les erreurs du passé ou dans un renouvellement de la ligne de Llamazares [dirigent actuel d’IU], ce qui signerait l’enterrement définitif de notre projet.

Par-dessus tout, nous devons lancer la réflexion et le travail pour relancer une alternative anticapitaliste, capable de retrouver les valeurs et l’utopie de la gauche de transformatrice.

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