Résultats 28 septembre 2008 : le KPÖ a obtenu 1,3% en Styrie, 0,8% au plan national, la coalition de « gauche » un résultat insignifiant, inférieur à 0,1%. L’extrême droite bondit de 15 à 29%. Le SPÖ passe de 35,3% à 29,7% ; le parti conservateur de 34 à 25%.

Ci-dessous l'interview, avant le scrutin, de Manfred Eber, tête de liste du Parti communiste autrichien (KPÖ) dans la région de Styrie, parue dans le quotidien allemand Junge Welt.

La Styrie est une région industrielle du sud-est de l’Autriche comptant 1,3 million d’habitants. C’est la seule où le Parti communiste autrichien conserve une influence significative au plan local, avec des résultats aux élections municipales entre 12 et 20% par exemple dans la capitale Graz (250.000 habitants). La fédération de Styrie du KPÖ s’oppose depuis plusieurs années à la stratégie de la direction fédérale du Parti. Elle refuse ainsi l’alignement sur les positions du PGE et de ses principaux initiateurs en Europe (NDT).

Pour les élections nationales du 28 septembre 2008, les communistes de Styrie ont présenté leur propre liste.

« Pour nous, il n’y a pas de tabou sur la question de l’UE »

 

- Dimanche, l’Autriche va élire son parlement, le Nationalrat. Le parti social-démocrate, SPÖ, semble, derrière son nouveau président Werner Faymann, avoir redécouvert sa conscience sociale dans la campagne électorale. Que faut-il retenir de son programme en cinq points ?

 

Dans ces cinq points, il est question de réduire la TVA sur les produits alimentaires, de supprimer les frais d’inscription pour les études, d’augmenter l’argent pour les soins, d’introduire une 13ème aide familiale et de prolonger la réglementation en faveur des travailleurs effectuant des travaux pénibles. Ce sont des pas dans la bonne direction. Mais au regard du renchérissement du coût de la vie, c’est très insuffisant. Le Parti communiste d’Autriche (KPÖ) en Styrie, va au-delà et se prononce pour la suppression des taxes sur les loyers, les médicaments et les soins. Les personnes qui ne vont pas bien doivent effectivement être soulagées. Nous considérons également qu’un contrôle des prix des produits alimentaires de base et de l’énergie serait une mesure nécessaire et efficace. Mais elle est bloquée par tous les partis représentés au Parlement.

Dans le même temps, nous réclamons des mesures fiscales qui fassent passer à la caisse le capital financier : des impôts sur la fortune, une imposition des fondations, la réintroduction d’un impôt sur les successions et les donations.

 

Qu’y a-t-il d’autre dans le programme du KPÖ ?

 

Nous pointons les conséquences de la politique de privatisation des dernières années, des dernières décennies, notamment leurs répercussions négatives pour les salariés, confrontés à une intensification de la pression au travail, aux suppressions d’emploi, à l’augmentation du temps de travail.

Mais la dégradation de l’offre de service s’est dégradée aussi aux dépens de l’ensemble de la population, par exemple avec la privatisation partielle de la poste. Nous sommes pour l’arrêt immédiat des privatisations et pour des « déprivatisations » dans les secteurs les plus importants de la vie économique, comme dans les banques et assurance, mais aussi dans l’industrie.

Par ailleurs, nous poursuivons notre travail fondamental de critique de l’UE. Un retrait de l’UE n’est pour nous, contrairement à tous les autres partis, pas un tabou.

 

Au plan fédéral, le KPÖ ne se fait pourtant pas du tout remarquer comme parti de la protestation sociale.

 

En Styrie en tout cas, le KPÖ est le parti de la protestation sociale.

 

Le KPÖ de Styrie a réussi ces dernières années à ramener vers la gauche le mouvement de protestation qui était allé vers la droite. Mais en ce moment, le très à droite Parti libéral d’Autriche (FPÖ) a de nouveau le vent en poupe. Comment l’expliquez-vous ?

 

Le FPÖ a connu une crise profonde à la suite de sa participation au gouvernement entre 2000 et 2006 et de scandales internes. Elle a abouti à une scission. Le KPÖ a pu en tirer profit en Styrie grâce à sa politique dirigée vers les travailleurs et à la popularité de Ernest Kaltenegger, conseille municipal de Graz en charge du logement. Maintenant, le FPÖ reprend visiblement des forces et a vu à toutes les dernières élections ses résultats progresser. Il va faire très bonne figure également aux élections nationales.

 

Entre le KPÖ de Styrie et la direction fédérale du KPÖ existent d’importantes différences de vue. Comment cela se traduit-il dans la campagne électorale ?

 

Le KPÖ de Styrie n’est pas représenté à la direction fédérale du KPÖ et agit, pour l’essentiel, de façon indépendante. Nous conduisons notre propre campagne électorale, qui se différencie sur le contenu sur bien des questions du KPÖ fédéral. Alors que celui-ci réclame un l’institution d’un revenu minimal d’existence, sans conditions, nous défendons en Styrie la diminution du temps de travail, le plein emploi, la coopération avec les syndicats et une assurance sociale de base dirigée vers la réponse aux besoins. Il y a également des différences dans l’attitude par rapport à l’UE. Les prestations sur ce sujet de la tête de liste fédérale du KPÖ dans les médias nationaux mais aussi dans les médias de Styrie n’ont certainement pas aidé.

 

A côté du KPÖ, se présente au plan national une liste intitulée « La Gauche ». Pourquoi le KPÖ ne s’y est-il pas joint ?

 

Il a eu des discussions à tous les niveaux. Le KPÖ fédéral s’est décidé rapidement pour des candidatures indépendantes. La prétention de « La Gauche » de constituer une large alliance électorale à gauche du SPÖ et des Verts ne s’est pas réalisée et se limite à Vienne à quelques organisations de gauche et d’extrême gauche. En Styrie, nous avons un bon rapport avec elle mais pour des raisons d’organisation, elle n’a pas été en mesure de se présenter ici.

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