Portons la lutte jusqu'aux urnes !

article d'Angelo Alves, membre de la Commission politique du PCP, publié dans le numéro 1938 d'Avante, le 19 février 2009

texte original: http://www.avante.pt/imprimir.asp?id=27923


                       
Les prochaines élections européennes, en juin, s'inscrivent dans un contexte marqué par la double crise qui ébranle l'Union Européenne. Au-delà de l'importance qu'aura cette bataille électorale pour notre pays – si on tient compte de la situation nationale et du cycle électoral de 2009 – ce sera aussi un moment important de la lutte politique et idéologique autour des grandes questions liées à la situation internationale.

En premier lieu parce qu'elles se déroulent dans un contexte de crise profonde du capitalisme. Toutes les données macro-économiques disponibles, y compris celles des propres organismes de l'Union Européenne, confirment le scénario d'une récession économique dans l'Union Européenne et dans la zone euro couplée à une chute brutale de la production industrielle et à des tendances déflationnistes, signes évidents de la crise qui paralyse les principales économies européennes.

On tire la sonnette d'alarme dans le secteur productif. Le remous causé par les annonces des difficultés du secteur automobile – en tout point identique à la « panique » qui touche l'industrie automobile états-unienne et entretenu par les grands groupes économiques européennes afin d'obtenir des fonds publics – masque la situation difficile d'autres secteurs, comme celui des très petites, petites et moyennes entreprises et celui du secteur agricole, entre autres. Chaque jour, les nouvelles confirment le premier des effets sociaux de la crise économique – le chômage – à quoi s'ajoute l'augmentation de la pauvreté et des inégalités, prouvée statistiquement.

En d'autres termes, contrairement à ce qu'avancent les partisans du dogme de l'intégration capitaliste européenne, l'Union Européenne ne s'est pas révélé être un « oasis » au milieu du séisme économique et financier mondial et n'a pas été, comme annoncé, un « rempart contre les mauvais côtés de la mondialisation ».

Bien que ce soient toujours les mêmes qui nous répètent mille fois le contraire, et tentent y compris de masquer l'évidente fragilité de l'Euro, l'étendue de la crise et la vitesse à laquelle se propage dans le continent européen prouvent que l'Union Européenne ne pourra jamais être une exception à la règle. Et l'explication en est simple: les politiques économiques et sociales des gouvernements de l'Union Européenne et la nature même du processus d'intégration européenne sont la cause de la crise actuelle.

Le capitalisme et le néo-libéralisme sont l'épine dorsale de cette Union Européenne et, au milieu de la confusion générale, les mesures vaines qui semblent se dessiner comme la « riposte » à la crise en sont la preuve même, et il devient encore plus évident à chaque fois qu'elles sèment les germes de nouvelles crises encore plus profondes. Et c'est pour cela qu'une des principales batailles que les communistes et la CDU [coalition électorale regroupant le PCP et les Verts] ont à mener au cours de ces élections       est de mettre en évidence que la crise de l'Union Européenne est une crise du capitalisme, et que la crise du capitalisme est aussi une crise des fondements de ce cette Union Européenne.

Et que, donc, pour combattre la crise économique et sociale à laquelle les travailleurs et les peuples en Europe sont confrontés, il est nécessaire de donner plus de force à ceux dont le projet politique repose sur la rupture avec la marche actuelle de l'Union Européenne.

Combattre la résignation

Deuxièmement, parce que la crise qui secoue l'Union Européenne est celle de sa propre identité économique, sociale et politique. En temps de crise, les discours « fleuris » sur la « cohésion économique et sociale », sur « l'Europe des droits et des valeurs », sur un « espace de large participation démocratique », sur la « citoyenneté européenne » et sur une « Europe ouverte sur le monde » sont vite démentis par les actes politiques.

Depuis la phrase du « travailliste » Gordon Brown – British Jobs, for british workers la tactique du chacun pour soi se révèlant être la ligne définie par la Commission Européenne et le Conseil Européen, la réalité démontre combien les piliers de l'Union Economique et Monétaire de cette même Union Européenne sont fragiles. A une Europe de la paix, on répond par des positions plus qu'hypocrites par rapport aux crimes commis à Gaza et on se prépare aux « commémorations » des 60 ans de l'OTAN comme le signe d'une réaffirmation d'une ligne militariste au sein de l'UE. A une Europe des droits, on répond avec une directive sur le Temps de Travail et la Flexsécuurité. A une Europe ouverte sur le monde, on répond par la « Directive retour ». A une Europe des valeurs, on oppose le blanchiment et la réhabilitation de l'extrême-droite. A la volonté exprimée par les peuples irlandais, français et hollandais lors des réferendums de s'opposer à la soi-disant « constitution européenne » (ou sa seconde version – le « traité de Lisbonne »), on répond par le chantage et le mépris éhonté pour la volonté populaire. L'Union Européenne est en crise. Les peuples commencent à saisir sa vraie nature, et la rejètent, sous différentes formes. Mais on ne peut la rejeter que par la lutte. C'est pour cela que les prochaines élections sont un moment important pour combattre la résignation et pour affirmer avec confiance que d'autres voies, au plan national et au niveau européen, sont possibles.

Et que sur les ruines d'un projet contraire aux intérêts des travailleurs et des peuples, il est possible de construire un autre Portugal, une Europe des travailleurs et des peuples.

Angelo Alves, membre de la Commission politique du PCP

Numéro 1938 d'Avante, du 19 février 2009

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