Déclaration du vice-président du KSCM après la chute du gouvernement tchèque
30 mars 2009
Par Jiří Maštálka, vice-président du Parti communiste de Bohème-Moravie, KSCM, député européen, 26 mars 2009. Traduction pour vivelepcf: AC.
Ce sont plusieurs mois de douleur qui s'achèvent avec l'adoption de la motion de censure contre le gouvernement de droite dans notre pays, qui est également à la tête de l'Union Européenne.
Le gouvernement est tombé. Cela a été rendu possible par les efforts conjoints des deux partis de gauche, même si les divisions au sein de la coalition gouvernementale y ont aussi contribué. Sa manière de gouverner, marquée par le mépris profond pour les intérêts nationaux et les besoins des classes populaires, lui a mis à dos y compris des forces de son propre parti. Ce gouvernement, qui a pu voir le jour grâce à une trahison de membres du Parti social-démocrate, a exclus de son alliance parlementaire des députés du Parti Vert et de l'ODS. Ces derniers se sont révélés plus nombreux que les sociaux-démocrates qui avaient retourné leur veste. L'agressivité suicidaire de M.Bursik [chef du Parti Vert et ministre de l'environnement] et de M.Topolanek semblent avoir porté leurs fruits.
Désormais, nous avons devant nous deux tâches essentielles. La République Tchèque doit, au moins, terminer sa présidence de l'UE d'une manière plus décente qu'elle ne l'a commencée. Il est clair que cet objectif sera très difficile à atteindre. La manière dilettante dont le gouvernement a traité de certaines questions, en particulier celles liées à la sécurité énergétique en Europe, l’a discréditée autant à l'Ouest qu'à l'Est de l'Europe. A supposer que le gouvernement tchèque, démissionnaire, reste à la tête de l'UE, cela pourrait paradoxalement se révéler une bonne chose pour l'Europe.
Le discrédit des dirigeants politiques tchèques à la tête de l'UE rejaillit sur les positions idéologiques à la base de leurs prises de décision. Le gouvernement tchèque actuel est effectivement une vitrine idéologique si repoussante de l'ultra-libéralisme, de la russophobie, et de l'anti-communisme primaire, qu'il peut entraîner l'Europe à choisir une voie différente pour sortir de la crise économique. Elle a besoin de coopération et non de confrontation.
Nous devons préparer les prochaines élections européennes en tenant compte de ce nouveau contexte créé par la démission du gouvernement. Nous pouvons nous attendre à ce qu'éclatent d'autres crises politiques qui pourraient détourner les gens de participer aux élections de juin. Le dégoût pour la politique risque d'être renforcé par le fait que nombre de nos concitoyens sont durement frappés par la crise. Le désenchantement vis-à-vis de la politique et des politiciens pourrait ouvrir un espace politique aux populistes, porteurs de solutions simplistes. Le KSCM doit donc être prêt à mobiliser encore plus ses militants et ses sympathisants. La chute du gouvernement ouvre à la fois des perspectives de succès pour les prochaines européennes et soulève aussi de nouveaux problèmes. Nous devons être réactifs devant cette situation changeante.
En lien se trouve notre seconde tâche importante. Se préparer pour les négociations en vue de la constitution d'un nouveau gouvernement et pour de possibles élections anticipées.
Nous ne devons pas oublier que si la chute du gouvernement Topolanek reste un grand succès, elle est aussi la victoire de Vaclav Klaus. C'est lui qui, dans cette crise, a en main les rênes politiques du pays. Et pas seulement parce que les pouvoirs constitutionnels le mettent en mesure de former un meilleur gouvernement que celui de Topolanek. Vaclav Klaus a aussi su saisir une occasion unique pour sortir la droite de la crise et pour entamer sa reconstruction. Klaus est incontestablement un des rares politiciens tchèques à avoir une autonomie de pensée et cela ne date pas d'aujourd'hui. Une suite de prises de position, en particulier dans le domaine de la politique étrangère (sur le bombardement de la Yougoslavie, le Kosovo, le conflit du Caucase, la crise du gaz etc.), ont montré qu'il pouvait adopter une attitude guidée par des axes forts, sans souci du profit immédiat, de sa popularité, politiquement à contre-courant. C'est aussi un politicien qui suis toujours ses convictions. Toutefois, c'est aussi un politicien foncièrement de droite avec tout ce que cela implique.
La droite tchèque, au cours du mandat de Topolanek, s'est enfoncée dans une crise profonde, exacerbant les divisions qui secouent les trois partis de la coalition au pouvoir. Nous suivons avec attention le fait qu'un nouveau parti se soit reformé sur la scène politique tchèque, un parti vert avec des positions conformes à son appellation. La situation ouverte par la chute de Topolanek est en train de faire bouger les lignes. Il est compréhensible que le groupe de Topolanek appelle maintenant à la tenue d'élections anticipées. Sur le point de se faire remplacer, il veut prendre de vitesse les dispositions constitutionnelles de passage du pouvoir. La reconstruction de la Droite, sur la base d’un programme et non sur des ambitions personnelles, est un processus qui demandera du temps et qui ne pourra pas être effectif d’ici juin. Il y a bien deux stratégies au sein de la droite tchèque.
Le KSCM devra mesurer précisément les avantages et les inconvénients ainsi que les conséquences que ces divisions à droite impliquent pour la gauche. Une tâche tout aussi importante sera d’apprécier avec précaution le rôle que peuvent jouer des alliés ou partenaires. Sans conteste, le Parti social-démocrate, après son dernier congrès, nous envoie des signes contradictoires. Il suffit de lire la résolution ambiguë à propos de la présence de bases états-uniennes sur notre territoire. La résolution ne remet pas même en question le principe de telles bases, se contentant de rejeter l'accord négocié par le gouvernement Topolanek. Il faudra en conséquence attendre les négociations en vue d’un nouveau gouvernement et les débats sur l'adoption d'une stratégie pour d'éventuelles élections anticipées, pour juger de la possibilité d’une nouvelle ligne politique dans le Parti social-démocrate.
Le KSCM est prêt à soutenir toute mesure visant à une sortie de la crise économique et au renforcement des acquis sociaux et des intérêts nationaux tchèques. C’est la priorité qu’un nouveau gouvernement soit constitué ou qu’il résulte d'élections anticipées. La liquidation des acquis sociaux et des intérêts nationaux est pour nous INACCEPTABLE, peu importe qu'elle se déroule sous un drapeau bleu, vert ou orange [le bleu est la couleur de l'ODS, l'orange du parti social-démocrate]. Le gouvernement est tombé. Maintenant l'important est de s'assurer que la crise politique qui en résulte crée les conditions pour l'amélioration des conditions de vie du peuple dans notre pays, comme en Europe en général.
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