Intervention du PCP à l'Assemblée de la République dans le cadre des commémorations de la révolution d'Avril


 

Article traduit par AC  pour Solidarité-Internationale-PCF


 

Revenir au projet d'Avril


 

« Le projet émancipateur d'Avril maintient toute son actualité comme véritable projet politique de progrès social et économique et de justice sociale. »

 

Joao Oliveira, député du PCP

 

« Le 25 avril 1974, le Mouvement des Forces Armées, couronnant la longue résistance du peuple portugais et interprétant ses sentiments profonds, a renversé le régime fasciste.


Libérer le Portugal de la dictature, de l'oppression et du colonialisme a représenté une transformation révolutionnaire et le début d'un tournant historique pour la société portugaise »

Ce fut avec ces mots que les Députés de la Constituante ont commencé le préambule de la Constitution de la République Portugaise, affirmant clairement les traits fondamentaux de la Révolution d'Avril de 1974 qui a mis fin à la longue nuit fasciste et qui, en même temps, a ouvert les horizons de temps nouveaux, de liberté, de démocratie, de progrès, de justice sociale et d'indépendance nationale.

En interprétant véritablement les sentiments profonds du peuple portugais, le Mouvement des Forces Armées – que nous saluons ici en la personne des Capitaines d'Avril – a mis fin au régime fasciste de Salazar et de Caetano qui, pendant quarante et un ans, a imposé une dictature criminelle au peuple portugais.

Dans une période trouble où certains tentent de blanchir ou de réhabiliter le fascisme, il est nécessaire que tous les responsables politiques réaffirment la nature criminelle du régime fasciste.

On en fera jamais assez en rappelant la nature criminelle de cette dictature qui a réduit le peuple à la misère, la pauvreté et à la famine pour enrichir une minorité. Qui a condamné notre pays à l'analphabétisme et à l'arriération; une facture que, sous bien des aspects, nous continuons encore aujourd'hui à payer.

Une dictature criminelle qui a réprimé, censuré, incarcéré, torturé et assassiné tous ceux qui osèrent s'opposer à elle.


En prenant en compte que le PCP a été particulièrement touché par cette répression et qu'il a perdu bon nombre de ses militants dans cette sombre nécrologie des crimes du régime fasciste, encore une fois, ici, nous nous souvenons pour que jamais plus cela puisse se répéter.

 

Mais la Révolution d'Avril a ouvert également de nouveaux horzions à notre peuple et à notre pays. Des horizons d'espérance et de confiance en un futur meilleur qui serait construit des mains de ceux qui pendant quarante et un ans ont été privés de leur dignité et de leur droits, par les travailleurs qui se libéraient de l'exploitation et exigeaient une société nouvelle entrant, pour reprendre les paroles de Ary dos Santos, par les « portes qu'Avril a ouvertes »


Cet avenir ouvert par la révolution d'Avril s'est construit avec l'instauration des libertés et d'une démocratie qui se prétendait pleine, dans ses dimensions politiques, économiques, sociales et culturelles.

- Il s'est construit en mettant l'Etat au service du peuple et du pays, en garantissant l'accès à l'éducation et à la santé, le droit à la sécurité sociale et à une protection sociale permettant de vivre dignement.

- Il s'est construit avec le droit à l'emploi, la reconnaissance des droits des travailleurs, des femmes et des jeunes et l'amélioration significative des conditions de vie de la population.

- Il s'est construit avec la Réforme Agraire et la nationalisation des secteurs stratégiques, qui ont mis les potentialités du pays au service du développement et du bien-être collectifs.

Les commémorations du 25 avril dans l'Assemblée de la République sont pour ces raisons-ci la juste et indispensable commémoration de ce moment unique dans l'histoire portugaise qui, ensemble avec le premier Mai, retrouve une nouvelle vigueur dans les fêtes populaires à travers le pays.

 


Mais les commémorations d'aujourd'hui ne doivent pas nous dispenser de penser à la situation actuelle, et à la mise en perspective de cet avenir que la Révolution d'Avril s'est proposé de construire face à la réalité dans laquelle nous vivons aujourd'hui.

Et, pour nous, la réponse est évidente: contrairement aux fausses modernités qui veulent faire revenir les portugais aux relations salariales et sociales du XIXème siècle, le projet émancipateur d'Avril maintient toute son actualité comme véritable projet politique de progrès social et économique et de justice sociale.

La dramatique réalité que vivent aujourd'hui les portugais est justement le résultat de l'abandon de ce projet de société que la révolution d'Avril avait affirmé.

Le Pays que nous avons aujourd'hui sous nos yeux est l'exemple même de la faillite des politiques qui ont accentué l'exploitation et la concentration de richesse à un tel point que les pauvres n'arrivent déjà plus à supporter la fortune des riches.

Au moment où le système capitaliste montre à nouveau clairement ses conséquences dramatiques pour les peuples, au moment où s'intensifient les contradictions du système économique basé sur l'exploitation de l'homme par l'homme, nous devons justement revenir à Avril.

- Revenir à Avril, cela veut dire rompre avec les discours fatalistes et les dogmes grâces auxquels le néo-libéralisme cherche à faire obstacle à la marche en avant de l'Humanité et offrir des réponses aux urgences dans notre pays.

- Au Portugal, revenir à Avril, cela veut dire adopter des politiques économiques qui mettent la richesse du pays au service du bien-être collectif, qui mettent en valeur nos secteurs productifs, qui soient capables de mettre fin au chômage qui touche plus d'un demi-million de portugais ainsi qu'à notre dépendance vis-à-vis de l'étranger.

- Revenir à Avril, cela veut dire définir des politiques d'emploi qui mettent en valeur le Travail et respectent les droits des travailleurs, qui mettent fin aux bas salaires et aux maigres retraites, à la précarité du travail qui concerne plus d'un million de travailleurs et qui ouvrent aux jeunes une voie qui ne soit pas celle des petits boulots, du travail temporaire.

- Revenir à Avril, cela veut dire trouver des politiques sociales qui mettent fin à la pauvreté qui touche plus de deux millions de portugais et qui débouche de plus en plus sur l'exclusion sociale.

- Revenir à Avril, cela veut dire mettre l'Etat au service du peuple, en garantissant l'accès universel et gratuit à la santé, à l'éducation et à la justice et en redonnant à l'Ecole Publique son objectif central, celui de donner une formation de culture générale aux individus.


 

Pour toutes ces raisons, revenir à Avril cela veut dire entreprendre de profondes ruptures.

 


- Cela veut dire rompre avec les politiques qui soumettent le pays aux volontés des puissances européennes et mondiales, et qui intensifent l'exploitation et creusent les inégalités sociales.

- Cela veut dire rompre avec la subordination du pouvoir politique au pouvoir économique qui transforme l'Etat en un instrument visant à l'obtention du profit maximal pour les grands groupes économiques et les seigneurs de l'argent.

- Cela veut dire rompre avec les politiques qui mettent de côté le combat contre la corruption et la criminalité économico-financière mais utilisent l'appareil répressif d'Etat pour réprimer les syndicats et les travailleurs en grève ou pour limiter les libertés fondamentales telles que la liberté de manifester et celle de diffuser des opinions politiques.

 

Ces transformations qui faisaient du projet d'Abril un projet de progrès pour l'avenir, s'impose en même temps comme une nécessité de notre temps.


 

Persévérer dans la voie des recettes néo-libérales, qui bien qu'elles aient été des échecs patents ne sont désavouées qu'à demi-mot dans les discours et continuent à être appliquées dans la pratique politique, n'apportera dans son sillage que l'aggravation des conditions de vie des masses laborieuses et l'intensification de sa lutte pour une société nouvelle. En reprenant l'expression de Soeiro Pereira Gomes, dont nous fêtons le centenaire de sa naissance cette année, les « travailleurs sans travail – roues arrêtées dans un engrenage caduc » ne peuvent que souhaiter le retour à Avril.

La certitude avec laquelle le PCP fête ce trente-cinquième anniversaire de la Révolution d'Avril est, donc, celle que tôt ou tard le peuple portugais ne pourra que souhaiter le retour à cette voie libératrice ouverte par la Révolution d'Avril, dans une patrie d'hommes et de femmes libres avec, comme ouvriers du futur, notre jeunesse.


 

Vive le retour à la révolution d'Avril!


 

Traduit depuis le portugais: http://www.pcp.pt/

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