Pourquoi le PCP n'a pas adhéré au PGE à sa création, en 2004
17 mai 2009 Pourquoi le Parti Communiste Portugais n'a pas adhéré au PGE à sa création, en 2004
Traduction AC pour Solidarité-Internationale-PCF
Ci-dessous l'intervention, par laquelle le Parti Communiste Portugais (PCP), en qualité d'observateur, a justifié son choix de ne pas adhérer au « Parti de la Gauche Européenne », dont la constitution a été décidée lors de la réunion qui s'est déroulée le 10 et 11 janvier à Berlin.
Intervention du Parti Communiste Portugais à la réunion de Berlin pour la constitution du « Parti de la Gauche Européenne » (31 janvier 2004)
Camarades et amis
Nous remercions le Parti du Socialisme Démocratique (PDS) de nous avoir invité à cette initiative. Bien que cet événement ait été organisé à une date défavorable pour nous, et malgré qu'il y ait certains éléments qui suscitent notre réserve, nous ne pouvions pas ne pas être présents à partir du moment où était prévu, à l'occasion du 85ème anniversaire de leur assassinat, un hommage aux deux grands marxistes révolutionnaires que furent Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht.
Et surtout parce que nous voulions renforcer les relations existant entre le PCP et le PDS et confirmer à tous les camarades et amis ici présents notre volonté ferme de contribuer au renforcement de la coopération entre toutes les forces de gauche qui sont liées aux intérêts des travailleurs et clairement démarquées de la social-démocratie.
Nous sommes certainement tous d'accord sur le fait que la situation en Europe et dans le monde – avec l'offensive massive du grand capital et de l'impérialisme, mais aussi avec l'intensification de la lutte de libération des travailleurs et des peuples – met les communistes et toutes les forces de gauche anti-capitaliste devant l'exigence du renforcement de la coopération, de l'action commune ou convergente, de la solidarité internationale et internationaliste.
Le problème qui se pose n'est donc pas celui de sa nécessité mais plutôt des formes et des contenus les plus adéquats que prendra cette coopération, en tenant compte des expériences positives et négatives du mouvement ouvrier et de la grande diversité des situations et des opinions qui existent à ce sujet.
De notre côté, nous exprimons toujours l'opinion que, dans les circonstances actuelles, la réponse réaliste à l'exigence d'unité et de coopération face aux défis que nous avons à affronter ne réside pas dans la création d'un « parti politique européen » de type traditionnel, inséré dans une perspective fédéraliste et à vocation supranationale.
Ainsi, nous donnons la priorité à la coopération en vue de l'unité d'action sur des problèmes concrets qui, telles les questions sociales, la lutte contre le militarisme et la guerre, la défense de la démocratie, touchent réellement les travailleurs et les masses populaires, à la réalisation de rencontres pour analyser les problèmes communs, d'initiatives de masse qui permettent d'affirmer et de diffuser nos propositions communes.
Nous insistons en particulier sur l'importance d'assurer la continuité et l'amélioration de l'expérience positive du Groupe Confédéral de la Gauche Unitaire Européenne/Gauche Verte Nordique et d'adopter un Appel ainsi que de mener d'autres initiatives communes pour les prochaines élections européennes, moment particulièrement important dans la lutte contre une « construction européenne » guidée par les intérêts du grand capital et des grandes puissances et pour une autre Europe de progrès, de paix et de coopération.
Dans le même temps, le PCP a toujours été favorable à ce que cette coopération puisse évoluer vers des formes plus stables et articulées que l'expérience aurait rendues possibles et nécessaires. C'est avec cet esprit que nous avons participé aux discussions, auxquelles nous avons été conviés, sur la création d'un nouveau « sujet politique ». Nous avons défendu une solution mûrement réfléchie, unitaire, qui tienne compte de la grande diversité des situations nationales et des différentes trajectoires historiques, influences respectives, lignes poltiques, programmes et orientations idéologiques des partis en question; une solution qui ne rentrerait même pas en contradiction avec le cadre règlementaire de l'Union Européenne.
Les transformations qui ont eu lieu dans le monde sont tellement importantes et les problèmes que rencontre la lutte de libération tellement complexes et diversifiés, qu'il serait paradoxal que les partis de gauche n'aient pas des opinions différentes sur ces grandes questions. C'est pour cela que nous avons toujours soutenu, dans les réunions auxquelles nous avons participé, une solution unitaire, insistant toujours sur la nécessité de valoriser ce qui nous unit et de mettre de côté les questions polémiques relatives à l'analyse de la situation internationale et du capitalisme contemporain, les jugements sur des questions historiques ou de nature idéologique. Nous avons résumé notre position – réaffirmée par le Comité Central dans sa réunion du 20 octobre – dans la formulation: « une solution unitaire, basée sur les partis, qui tienne compte de l'expérience du groupe GUE/NGL, respecte la souveraineté de chacun et l'égalité de tous, avec une structure minimale flexible, et un mode de travail collégial sur la base du consensus et du principe de rotation des responsabilités, avec une plate-forme brève centrée sur les luttes ».
Malheureusement, la diversité des positions n'a justement pas été respectée, et cela s'est vérifié avec des interventions négatives au cours du processus qui ont empêché un rapprochement souhaité des positions et même les problèmes posés par le « Règlement relatif à la structure et au financement des partis au niveau européen » (nous avions voté contre au Parlement Européen) n'ont pas été pris en compte.
Pour ces raisons, le PCP n'envisage pas d'adhérer à la forme de « parti » qui nous est proposé.
Evidemment, les relations traditionnielles entretenues au niveau bi-latéral ne sont pas remises en cause, tout comme la nécessité d'une coopération plus large entre partis communistes et avec les autres forces de gauche.
Dans l'immédiat, nous continuons à nous engager dans la construction d'une dynamique portée par des actions communes en vue des élections européennes et pour la constitution future d'un Groupe dans lequel nous puissons tous nous retrouver.
Pour nous, c'est la question la plus importante et la plus urgente à laquelle nous devons faire face, trouver un cadre dans lequel la coopération entre partis de gauche puisse être à la fois plus large et plus étroite.
Même en considérant le fait que la campagne pour les élections européennes prendra nécessairement des caracteristiques différentes pays par pays, nous pensons qu'il est très important d'envisager des initiatives communes de toutes sortes et de chercher à les organiser longtemps à l'avance. Notre expérience dans le Groupe et dans les nombreuses rencontres réalisées, notamment lors de la Rencontre de Paris du 9 novembre et avec la Déclaration adoptée alors à l'occasion du Forum Social Européen, ont montré qu'il y a de la place pour l'action commune.
Dans Avante Numéro 1573, 22 janvier 2004 http://www.avante.pt/
Trouvé grâce au dossier sur l'UE réalisé par: http://www.resistenze.org/
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